Fils de Jules Isaac Marx, négociant en articles de bureau dans le Sentier.
Âgé de 70 ans, il épouse en 1955 Cornélia Tixador, qui a alors 43 ans.
- 1902 : Licence de philosophie
- Etudes à la Sorbonne et à l'EPHE. Influencé par Émile Durkheim, Marcel Mauss, Sylvain Lévi et surtout Henri Hubert.
- 1908-1912 : Ecole des chartes (Major au concours d'entrée et à la sortie)
- 1912 : Diplôme EPHE (thèse remaniée de l'Ecole des chartes)
- 1913-1915 : membre de l'Ecole Française de Rome. Il rentre au bout de la deuxième année pour servir son pays pendant la guerre.
Elève de l'EPHE
1922-1927 : chargé de conférences d'Henri Hubert
1927-1972 : directeur d'études
Attaché au ministère des Affaires étrangères de 1916 à 1920 (service de la propagande).
Membre du Service des Œuvres françaises à l'étranger (SOFE), créé pour favoriser l'expansion culturelle de la France.
Directeur du SOFE à partir du 29 juillet 1933.
Grade de ministre plénipotentiaire à compter du 1er décembre 1937.
Limogé par le gouvernement de Vichy dès juillet 1940. Mise à la retraite anticipée le 26 août (conformément à la loi du 13 août 1940 sur la dissolution des « sociétés secrètes »).
Réintégration comme ministre plénipotentiaire après la guerre.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite le 31 mars 1945, mais "appelé à l’activité à titre temporaire et nommé en mission à l’Administration centrale du ministère des Affaires étrangères" dès le 20 juin 1945.
Jean Marx hérita de son maître Henri Hubert la chaire "religions primitives de l'Europe". Sa formation était celle d'un chartiste médiéviste et son premier livre (résultat d'un diplôme de l'EPHE) était consacré à la sorcellerie et à sa répression par l'Inquisition dans le Dauphiné. Il édita la même année les Gesta normannorum ducum de Guillaume de Jumièges. Son champ de recherche privilégié fut celui des études celtiques, qui se réduisirent presque exclusivement au domaine arthurien après la deuxième guerre mondiale (mais Henri Hubert abordait déjà ces questions dans les années 20). Son livre de 1952 le pose en champion des influences celtiques et pré-chrétiennes dans la littérature arthurienne. Cette question avait été rodée dans ses séminaires de l'EPHE. Voici par exemple la conclusion du rapport des conférences 1947-1948 : "On a étudié l'évolution et la transformation de ces mythes sous les influences chrétiennes, tradition des Apocryphes, cultes rapportés des Croisades, élaboration de la doctrine à Glastonbury à la fois pour des raisons locales, politiques et religieuses. On arrive ainsi à une explication parfaitement claire et cohérente de la formation du cycle et des survivances païennes en plein christianisme, alors qu'en partant, comme l'a fait un Bruce ou un Foerster, de la donnée chrétienne on n'arrive pas à expliquer comment un Chrétien de Troyes ou l'auteur du Lancelot en prose laissent subsister tant d'éléments primitifs qu'eux-mêmes ne comprennent plus". Cette orientation, quelque peu nuancée dans le second livre sur la littérature arthurienne (en fait un recueil d'articles), ne fit évidemment pas l'unanimité, tout particulièrement chez ceux qui préfèrent mettre en valeur la dimension essentiellement chrétienne des textes arthuriens. La méthode de Jean Marx est celle d'une histoire comparative des religions qui brasse large et ne s'embarrasse pas trop d'analyses philologiques fines : dans un compte rendu pourtant élogieux du livre de 1952, Henri-Irénée Marrou écrivait que "M. Marx pratique volontiers le 'tir à la mitraillette', ce qui déconcerte toujours l'historien-philologue habitué, lui, à viser avec précision et à porter, avec le texte pertinent, un coup au but". Parmi les auditeurs de Jean Marx à l'EPHE, on compte Georges Dumézil, Jean-Charles Payen, Philippe Ménard, mais aussi Germaine Tillion ou encore Roger Caillois, "élève de l'École Normale Supérieure, qui promet d'être un excellent folkloriste, ingénieux et critique" (Annuaire 1935-1936. De même, "on peut espérer beaucoup de ce jeune savant", Annuaire 1936-1937).
- L’Inquisition en Dauphiné, étude sur le développement et la répression de l’hérésie et de la sorcellerie du XIVe siècle au début du règne de François Ier, Paris, 1914 (Bibliothèque de l’École des Hautes Etudes, 206), Prix Arconati-Visconti.
- Edition de Guillaume de Jumièges, Gesta Normannorum ducum, Paris, 1914.
Publication et mise à jour, avec Marcel Mauss et Raymond Lantier du livre posthume d'Henri Hubert, Les Celtes et l’expansion celtique jusqu’à l’époque de la Tène, Paris,1932 ("L'évolution de l'humanité").
- Les littératures celtiques, Paris, 1949 ("Que sais-je", 809)
- La Légende arthurienne et le Graal, Paris, 1952 (Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Etudes. Sciences Religieuses, 64)
- Nouvelles recherches sur la littérature arthurienne, Paris, 1965 (Bibliothèque française et romane. Série C, Etudes littéraires 9)
D'un point de vue politique, Jean Marx fut "républicain, socialisant dans sa jeunesse mais d’emblée réfractaire au bolchevisme comme à l’extrême-droite, sans doute plutôt radical-socialiste dans l’entre deux- guerres, […] manifestement proche des hommes du Cartel et du Front populaire" (Catherine Nicault, p. 123).
Jean Marx était juif non pratiquant (il rattrapait le samedi au ministère le temps passé à donner son séminaire de l'EPHE le jeudi matin). Il se rapproche du catholicisme après la deuxième guerre mondiale, sous l'influence de Jacques Maritain dont il se sent proche. Il est baptisé le 25 août 1948, deux mois après sa sœur, dans la communauté de l'Eau Vive (proche du couvent du Saulchoir, à proximité d'Evry). Maritain est son parrain, mais comme il est alors aux Etats-Unis, c'est Jean De Menasce, dominicain d'origine juive, comme lui directeur d'études à la Ve section, qui le remplace. En novembre 1948, Maritain charge Marx de la direction pédagogique de l'Eau Vive.
- Bar, Francis, "Jean Marx (1884-1972)", dans École pratique des hautes études, 5e section, Sciences religieuses. Annuaire. Tomes 80-81, Fascicule II. Vie de la Section, années 1971-1972 et 1972-1973, p. 45-46.
- Degros, Maurice, "Jean Marx", dans Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 131, 1973, p. 684-687.
- Godin, André, « La correspondance d’Alphonse Dupront et de Jean Marx (9 avril 1932-9 mars 1940) », dans Mélanges de l’École française de Rome, Italie-Méditerranée, 107, 1995, p. 207-411.
- Reboullet, André: « Jean Marx (1884-1972). Entre les deux guerres », dans Marie-Christine Kok-Escalle et Francine Melka-Teichroew, Changements politiques et statut des langues. Histoire et épistémologie, 1780-1945, Amsterdam-Atlanta, 2001, p. 119-127
- Thobie, Jacques, Aux origines de l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul. La correspondance commentée Jean Marx-Albert Gabriel, 1930-1932, 2006 (les cahiers du Bosphore, 42).
- Nicault, Catherine, "Jean Marx, universitaire et diplomate (Paris, 26 octobre 1884 – Paris, 26 avril 1972)", dans Archives Juives, 46, 2013, p. 120-129.
Jean Marx est présent dans les mémores et dans les oeuvres de Maurice Genevoix, Suzanne Bidault, Philippe Erlanger, Henri Guillemin, Jean de Pange, Roger Peyrefitte, Jacques Maritain etc.