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Marcel Mauss
Marcel Mauss
Nom Mauss
Prénoms Marcel, Israël
Naissance Épinal (France) (10 mai 1872)
Décès Paris (France) (10 février 1950)
Sections
Sciences religieuses
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Président de section
Direction d'études
Religions des peuples non civilisés (janvier 1914 à mai 1942)
Maîtrise de conférences
Religions des peuples non civilisés
Distinctions
Officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918
Prix Lefèvre-Deumier de l'Académie des Sciences morales et politiques
Origines familiales

Marcel Mauss, issu d'une famille de rabbins (par sa mère) et de fabricants juifs à Épinal, est par sa mère Rosine Durkheim le neveu d'Émile Durkheim auquel il succéda à la tête de la revue L'Année sociologique. Beau-frère par alliance de celui qui fut aussi son collègue à l'EPHE puis au Collège de France sur la chaire de Renan, Isidore Lévy.
Si sa famille est juive, lui-même est agnostique et membre de l'Union rationaliste. De son cousin André Durkheim, fils d'Émile Durkheim, mort d'une fièvre en 1916, son frère Henri (p. 104 de l'ouvrage Marcel Mauss et son frère Henri) dira que le décès fut pour Marcel Mauss, qui inexplicablement s'en attribuait la responsabilité, le début d'un déclin et d'une "mentalité d'ancien combattant".

Situation de famille

Il épouse en 1934 Marthe Rose Dupret, née en 1886. Le couple n'eut pas d'enfant.

Études et formations

Cursus secondaire à Epinal, puis études de philosophie à Bordeaux, où enseignait Émile Durkheim. Il est boursier de licence puis d'agrégation.
1895 : reçu 3e à l'agrégation de philosophie.
À partir de 1895, nanti d'une bourse d'études (1895-1897), il suit à Paris à l'EPHE, entre IVe et Ve sections, les cours de Léon Marillier, d'Antoine Meillet, d'Alfred Foucher, d'Israël Lévi, de Sylvain Lévi, de Louis Finot... Il y est notamment le condisciple et l'ami de Henri Hubert.
Il n'amena jamais à son terme son projet de doctorat sur la prière.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

1901-1906 : Maître de conférences
1907-1913 : Directeur adjoint
1914-1940 et 1940-1942 : Directeur d'études. En 1923, il partage avec Henri Hubert le prix Lefèvre-Deumier de l'Académie des sciences morales et politiques.
1938-1940 : Président de la Ve Section de l'EPHE
Démissionnaire et admis à la retraite le 12/10/1940 (application des lois antisémites). Réintégration rétroactive à compter du 23 novembre 1940 et admission à la retraite en date du 10/05/1942, par un arrêté du 21/11/1944.

Parcours professionnel hors EPHE

1897-1898 : chargé de mission en Hollande et en Angleterre
1906-1929 : missions et délégations gouvernementales diverses (Allemagne, Russie, Grande-Bretagne)
1925-1939 : secrétaire général, enseignant et membre du Comité Directeur à l'Institut d'ethnologie.
1931 : après trois campagnes, Marcel Mauss est élu au Collège de France où il inaugure la chaire de Sociologie (en 1909, c'est Alfred Loisy qui lui avait été préféré pour la chaire d'Histoire des religions). Cette dernière succède à la chaire de Philosophie sociale de Jean Izoulet.

Autres activités

Il prend une large part à la fondation et aux publications de la revue L'Année sociologique, dont devient le directeur à la mort de son oncle Émile Durkheim (1917 : la revue ne reparaît cependant pas après 1925 ; elle reprendra sous le titre Annales sociologiques de 1934 à 1942, puis retrouvera son nom initial après la guerre, avec la collaboration notamment de Louis Gernet).
Il fonde en 1925, avec Paul Rivet et Lucien Lévy-Bruhl, l'Institut d'ethnologie où il donne jusqu'en 1940 des "instructions d'ethnographie descriptive", et détermine de nombreuses carrières d'ethnologues.

Domaines de recherches

On ne soulignera jamais assez tout ce que la Section des sciences religieuses de l'EPHE doit à Marcel Mauss. Alors même qu'il n'avait jamais parcouru un "terrain" ethnographique, il a été, en France, à l'origine de la discipline ethnologie, qui pourtant est toujours restée minoritaire et marginale en regard de la discipline historique, laquelle lui a dû une partie de son renouvellement. Une activité ininterrompue de chroniqueur, analyste et dispensateur des parutions nouvelles et des contacts intenses dans les cercles intellectuels et militants ancraient la "sociologie" (c'est ainsi qu'on nommait ce qu'on appelle aujourd'hui anthropologie culturelle) naissante dans l'ouverture à l'altérité, même la plus extrême, à un rationalisme qui ne niait pas la démarche rituelle ni la psychologie religieuse ancrée dans le collectif dont, selon la doctrine de Durkheim, elle forme au contraire le ciment. Simultanément, les nombreux cours suivis par Mauss et ses condisciples les plus chers à l'EPHE lui permettaient de cimenter quasiment à lui seul deux sections (la IVe et la Ve) : il était féru de judaïsme et d'études indianistes et orientalistes autant que des "religions des peuples non civilisés", une chaire inaugurée par Léon Marillier. Enfin, après la perte, sur le front de la guerre 14-18, de ses meilleurs élèves, ainsi Robert Hertz dont il enseigna et édita pieusement les travaux, ses conférences à l'EPHE et ses cours de l'Institut d'ethnologie suscitèrent, au contact aussi de personnalités comme Paul Rivet, Lucien Lévy-Bruhl, Marcel Griaule, André Leroi-Gourhan, toute une pépinière de jeunes ethnologues. Certains, pour autant qu'ils eussent survécu à la seconde guerre mondiale et à la Shoah, occupèrent des chaires à l'EPHE, ainsi Germaine Dieterlen. Ami d'Ignace Meyerson, on peut considérer que par ricochet son enseignement atteindra Jean-Pierre Vernant... Ses travaux conservent aujourd'hui une très grande actualité et ne cessent d'être relus et commentés. Tous les thèmes chers aujourd'hui encore à la discipline sont réunis dans son œuvre : la prière, le sacrifice, la magie, la monnaie, la personne, le temps et ses représentations, le lien social, le culte des héros et l'expiation (ces derniers étudiés par R. Hertz).

Publications principales

« La religion et les origines du droit pénal d'après un livre récent », RHR, 34 (1896), p. 269-295 et 35, p. 31-60.
Avec H. Hubert : « Essai sur la nature et la fonction du sacrifice », L'Année Sociologique, 2 (1897-1898), p. 29-138.
Avec H. Hubert : « Esquisse d'une théorie générale de la magie », L'Année Sociologique, 7 (1902-1903 [1904]), p. 1-146.
« L'origine des pouvoirs magiques dans les sociétés australiennes ». Annuaire EPHE, Section des Sciences Religieuses, 1904, p. 1-55.
Avec H. Beuchat : « Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos. Étude de morphologie sociale », L'Année Sociologique, 9, (1904-1905 [1906]), p. 39-132.
Avec H. Hubert : « Introduction à l'analyse de quelques phénomènes religieux ». RHR, 58 (1908), p. 163-203.
Avec H. Hubert, Mélanges d'histoire des religions. [Recueil de 3 articles, et d'une étude signée d'abord par Hubert seul : « Étude sommaire de la représentation du temps dans la magie et la religion. »] xlii & 236 p., Paris, Alcan, 1909. [2e éd. 1929.]
La Prière. I. Les origines. Spécimen, 1909. 176 p. [Un début d'ouvrage distribué confidentiellement.]
«L'art et le mythe d'après M. Wundt », Revue Philosophique, 66 (1909), p. 47-79.
« L'ethnographie en France et à l'étranger », La Revue de Paris, 20 (1913), p. 537- 560 et 815-837.
Introduction et conclusion à Robert Hertz : « Le péché et l'expiation dans les sociétés primitives », RHR, 86 (1922), p. 1-4 et 54-60.
« Rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie », Journal de Psychologie, 21 (1924), p. 892-922.
« Appréciation sociologique du Bolchevisme », Revue de Métaphysique et de Morale, 31 (1924), p. 103-132.
« Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques », L'Année Sociologique, n. s., 1 (1923-1924 [1925]), p. 30-186.
« In memoriam. L'œuvre inédite de Durkheim et de ses collaborateurs », L'Année Sociologique, n.s., 1 (1923-1924 [1925]), p. 7-29. Paris.
« Effet physique chez l'individu de l'idée de mort suggérée par la collectivité (Australie, Nouvelle-Zélande) », Journal de Psychologie, 23 (1926), p. 653-669.
« Divisions et proportions des divisions de la sociologie », L'Année Sociologique, nouvelle série, 2 (1924-1925 [1927]), p. 98-176.
« Parentés à plaisanteries », Annuaire EPHE, Sciences Religieuses, 1927-1928, p. 3-21.

La nation. Édition et présentation de Marcel Fournier et Jean Terrier, Paris, PUF, 2013 [l'ouvrage, dans cette nouvelle édition, couvre quelque 350 pages].

Engagements

Il milite comme socialiste (SFIO) et dreyfusard, aux côtés de Lucien Herr et de Jean Jaurès. En 1904 il prend part à la fondation du journal L'Humanité et en reste un collaborateur. Il œuvre dans les universités populaires et les mouvements coopératifs.

Volumes d'hommage

On peut tenir pour un volume d'hommage le recueil publié en 1950 : Sociologie et anthropologie. [Recueil publié par G. Gurvitch et précédé d'une « Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss » par Cl. Lévi-Strauss], Paris : PUF, 1950.

De même, les trois gros volumes récapitulatifs : Marcel Mauss, Œuvres, 3 vol., Paris : Minuit, 1968-1969, et la récente republication et révision de son œuvre aux PUF, coll. "Quadrige" (9 volumes).

Publications au sujet de la personne

Maurice Leenhardt, « Marcel Mauss (1872-1950) », École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1950-1951. 1949. p. 19-23.

Marcel Fournier, Marcel Mauss, Paris : Fayard, 1994.

Mélèze, Marcel Mauss et son frère Henri [photos, souvenirs d'Henri], The book edition, 2010.

Bruno Karsenti, L'Homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss, Paris : PUF, 1997.
Camille Tarot, Sociologie et anthropologie de Marcel Mauss, Paris : La Découverte, 2003.
Stephan Moebius, Marcel Mauss, Constance (DE), UVK, 2006.
Jean-François Bert, L'atelier de Marcel Mauss, Paris : CNRS éditions, 2012.
Erwan Dianteill (éd.), Marcel Mauss. L’anthropologie de l’un et du multiple, Paris : PUF, 2013, 208 p.

Jean-François Bert, Le courage de comparer. L'anthropologie subversive de Marcel Mauss, Genève : Labor et Fides, 2021.

Sites internet référents

- Pour la biographie :
http://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_1988_ant_3_1_6140
(Christophe Charle et Eva Telkès dir., Les Professeurs du Collège de France. Dictionnaire biographique 1901-1939, p. 167-1678)
- Pour la bibliographie :
http://www.persee.fr/docAsPDF/hom_0439-4216_1964_num_4_1_366614.pdf
- Pour lire les textes principaux: classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/mauss_marcel.html

Auteur de la notice
Renée Koch Piettre
Mise à jour
 le 24 septembre 2021 - 10:44