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Henri Laugier
Henri Laugier
Nom Laugier
Prénoms Henri , Elie, Amédée
Naissance Mane (Alpes-de-Haute-Provence, France) (05 août 1888)
Décès Antibes (Alpes-Maritimes, France) (19 janvier 1973)
Sections
Sciences naturelles et physiologie
Statuts et fonctions
Directeur de laboratoire
Directions d'études
Laboratoire de physiologie appliquée à la prophylaxie mentale (1927-1929) (septembre 1927 à octobre 1932)
Laboratoire d'organisation physiologique du travail (1929) (octobre 1929)
Laboratoire de neurophysiologie (10 /1954 - 12 /1958) (octobre 1954 à décembre 1958)
Distinctions
Prix Apostoli de l'Académie de médecine (1914)
Prix Lallemand de l'Académie des sciences (1918)
Prix Lallemand de l'Académie des sciences (1924)
Officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1926)
Commandeur dans l'Ordre de la Légion d'honneur 
Commandeur dans l'Ordre des Palmes académiques (1956)
Origines familiales

Fils d'Albert Laugier et de Marie Coulomb, Henri Laugier nait à Mane dans les Basses-Alpes (actuellement Alpes de Haute-Provence). Son père est professeur à l'école normale d'instituteurs d'Aix-en-Provence. La profession de son père conduit la famille dans différentes régions et Henri Laugier est scolarisé successivement à Embrun (Hautes-Alpes), Montbrison (Loire) et Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, actuellement Côtes d'Armor) avant d'entrer au lycée à Grenoble (Isère).

Situation de famille

Célibataire

Laboratoire
Laboratoire à la Faculté des sciences de Paris
Études et formations

Bien que ses parents l'encouragent à se présenter aux concours des grandes écoles, Henri Laugier, qui a découvert la physiologie via un débat en classe de philosophie sur les écrits de Claude Bernard, s'oriente très tôt vers cette discipline via une double formation en médecine (seule formation où la physiologie est enseignée à cette époque) et en sciences.
Il soutient sa thèse de doctorat en médecine, intitulée "Vitesse d'excitabilité et courants induits", en 1913. Il la prépare à l'Institut Marey, dirigé alors par le Professeur Charles Richet. Il collabore avec Louis Lapicque.
Il soutient sa thèse de doctorat es Sciences, intitulée "Electrotonus et excitation. Recherches sur l'excitation d'ouverture", en 1921 grâce à un soutien financier de la Fondation Thiers.

 

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Selon les archives de l'EPHE et la notice biographique d'Henri Laugier publiée par C. Charle et E. Telkès (voir "Publications au sujet de la personne"), le parcours d'Henri Laugier au sein de l'EPHE comporte deux périodes.
Entre les deux guerres mondiales, il est Directeur non appointé d'un laboratoire EPHE à partir de septembre 1927.  Ce laboratoire, initialement dénommé Laboratoire de physiologie appliquée à la prophylaxie mentale, change de nom en 1929 pour mieux traduire les aspirations d'Henri Laugier : Laboratoire d'organisation physiologique du travail.
Henri Laugier revient à l'EPHE en octobre 1954 et prend la tête du Laboratoire de neurophysiologie de l'EPHE, précédemment dirigé par Berthe Chauchard. Il reste Directeur de ce laboratoire jusqu'à fin 1958, date à laquelle il prend sa retraite et se voit nommer Directeur honoraire. Paul Chauchard succède à la direction de ce laboratoire qui prend alors le nom de Laboratoire de neurophysiologie de l'excitabilité de l'EPHE.

Parcours professionnel hors EPHE

1912-1914 : Chef du Laboratoire de physiologie du travail (Institut Marey)
1920-1929 : Préparateur, puis Chef de travaux (1923) de physiologie générale, Faculté des sciences de Paris  
1923-1932 : Chef du Laboratoire de physiologie appliquée à la prophylaxie et à l’hygiène mentale (hôpital Henri-Rousselle)
1926 : Professeur à l'Institut franco-brésilien de haute culture à Sao Paulo
1928 : Professeur à l'Institut national d'orientation professionnelle (INOP)
1928-1937 : Professeur avec Chaire, de physiologie du travail, hygiène industrielle et organisation professionnelle au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
1929-1935 : Maître de conférences de physiologie à la Faculté des sciences de Paris
1935-1937 : Professeur sans Chaire à la Faculté des sciences de Paris
1936 : Chef du Service central de la Recherche, crée par le gouvernement du Front populaire
1937-1940 : Professeur avec Chaire de physiologie générale à la Faculté des sciences de Paris
1937-1940 : Directeur de l’Institut de Biométrie
1939-1940 : Premier Directeur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) (13/10/1939), révoqué de toutes ses fonctions par le gouvernement de Vichy (23 juillet 1940).
1940-1943 : Professeur de physiologie générale à l'Université de Montréal (Canada)
1943-1944 : Recteur de l'Académie d'Alger et directeur du Centre national de la recherche scientifique à Alger.
1944-1946 : Directeur général des relations culturelles au ministère des Affaires étrangères
1946-1951 : Secrétaire général adjoint, chargé des questions sociales aux Nations-Unies
1951-1958 : Professeur de physiologie générale à la Faculté des sciences de Paris
1958-1960 : Directeur de l'Institut d'études de développement économique et social

 

Autres activités

Comme beaucoup de chercheurs sous la IIIe République, Henri Laugier a de nombreuses interférences avec le monde politique, ce qui le conduit à être le chef ou le directeur de cabinet d'Yvon Delbos (radical socialiste) dans différents ministères et sous différents gouvernements, notamment pendant le Front populaire. Il est aussi membre de commissions ministérielles instituées en vue des réformes universitaires (1928). En 1937, il participe à la création du Palais de la Découverte.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est animateur de La France Libre aux États-Unis (1940-1944). De 1944 à 1946, il est directeur général des relations culturelles au ministère des affaires étrangères et il crée les postes d’attachés culturels dans les ambassades de France. Il devient ensuite secrétaire général adjoint aux Nations-Unies, chargé des questions sociales (1946-1951) et fait voter la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le 10/12/1948.
Sous la IVe République, il est délégué à la conférence générale de l'UNESCO à Montevideo (1954), membre du Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique (1954). Enfin, il est président du conseil d‘administration de l’Institut national d'études démographiques (INED) de 1956 à1963, et jusqu'à la fin de sa vie membre du conseil d’administration du Centre d’études de politique étrangère.

Domaines de recherches

En raison de son éclectisme, les activités de recherche d'Henri Laugier se sont concentrées sur la période allant de la fin de la Première Guerre mondiale au début de la Seconde. Elles portent sur des disciplines nouvelles à l’époque : la physiologie du travail (nom du laboratoire EPHE qu’il dirige à partir de 1929), l'orientation professionnelle et la biotypologie, qui deviendra le centre de ses recherches, en s’appuyant sur des collaborations interdisciplinaires avec des équipes travaillant dans les domaines de la psychiatrie (Édouard Toulouse) et de la psychologie (Henri Pieron) sans oublier Jean-Maurice Lahy, qui développe les méthodes psychotechniques. L'apport original d'Henri Laugier tient en ce qu'il a compris la fécondité de la méthode statistique pour l'analyse des phénomènes humains. De plus, bien qu'il soit conscient de tous les problèmes que cela comporte, il considère que rechercher les aptitudes de chaque personne pourrait permettre que la sélection ne se base plus uniquement  sur les acquis telle que l'école la pratique. À cette fin, Henri Laugier participe à la création de l'Institut national d'orientation professionnelle (INOP) en 1928. Ses travaux trouvent rapidement des applications dans le monde du travail. Par ailleurs, il est le fondateur d’une société savante, la Société de biotypologie (1932) et de journaux scientifiques.

Bien qu'Henri Laugier ait publié de nombreux articles ou notes (200 environ) dans les comptes rendus de l'Académie des Sciences ou diverses revues, il ne considère pas ce travail comme exceptionnel comme il l'écrit lui-même dans son livre Du civisme national au civisme international : « Des travaux qui furent, je crois, honorables, très honorables, sans plus ; qui n'étaient pas de ces travaux qui aboutissent à des découvertes ouvrant des voies imprévues à des avenirs incertains et qui conduisent au Prix Nobel. Ils ne furent même pas de ces travaux qui assurent la grande renommée nationale, académique ou autre. Ils furent seulement des travaux de première -seconde classe, poursuivis par des collaborateurs éminents dont certains ont dépassé aujourd'hui leur maître. »
L'apport principal d'Henri Laugier à la science est sa capacité à créer des journaux pour diffuser les connaissances et des Instituts pour organiser la science. Le fait qu'il ait le plus souvent conduit ses travaux de recherches et ses enseignements à l'EPHE, au CNAM ou à l'INOP, donc en dehors de l'Université "traditionnelle", doit être souligné car il y a été probablement plus libre pour développer des travaux interdisciplinaires.

 

Publications principales

Articles scientifiques représentatifs

- Laugier et Cardot, « Le réflexe linguo-maxillaire », Comptes rendus de la Société de biologie, 86 (1922), 529.
- Laugier, « La physiologie et la science du travail », Revue générale des sciences pures et appliquées, 40 (1929), 1266.
- Albe-Fessard, Fessard, Kowarsky et Laugier, « Action d'exercice physique sur la pression artérielle chez l'enfant : évolution avec l'âge », Travail humain, 2 (1934), 157-185.
- Laugier et Weinberg, « Étude comparée des notes d'examens des étudiants et des étudiantes en sciences », Travail humain, 3 (1935), 62-81.
- Albe-Fessard, Fessard, Laufer et Laugier, « Nouvelles tables de croissance des écoliers parisiens. Poids. Taille », Biotypologie, 3 (1935), 106-145.
- Laugier, Kowarski et Weinberg, « Un essai de sélection psychophysiologique d'ouvriers soudeurs », Travail humain, 5 (1937), 182-211.
- Laugier et Weinberg, « Étude du métier d'aiguilleur des chemins de fer », Travail humain, 7 (1939), 128-146.

Livres
- Combat de l'exil, Montréal : Éditions de l'Arbre, collection France Forever, 1943, 195 p.
- Du civisme national au civisme international, Paris : Ophrys, 1972, 596 p.

Engagements

Membre (1921), puis secrétaire général, puis président (jusqu’en 1929) des Compagnons de l’Université Nouvelle
Membre de l'Union rationaliste
Franc-Maçon (Grand-Orient de France).
Proche des socialistes et radicaux socialistes.
Chef de cabinet d'Yvon Delbos (radical socialiste) dans différents ministères et sous différents gouvernements.
Président d’honneur de la Ligue des Droits de l'Homme

Marie Cuttoli et Henri Laugier ont acquis une collection d’art contemporain exceptionnelle, dont ils ont fait don au Musée National d’Art Moderne en 1969. Parmi ces tableaux, on trouve des œuvres de Picasso avec qui ils étaient amis.

Volumes d'hommage

- William H. Schneider, Henri Laugier, the Science of Work and the Workings of Science in France,1920-1940, Cahiers pour l’histoire du CNRS 5-1989.

Publications au sujet de la personne

Christophe Charle, Eva Telkes, « Laugier (Henri) », in : Les Professeurs de la faculté des sciences de Paris, 1901-1939. Dictionnaire biographique (1901-1939), Paris : Institut national de recherche pédagogique, 1989. p. 178-181.
https://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_1989_ant_25_1_8718

P. Jakob, « Laugier chercheur : le cheminement d'une pensée, de la physiologie à la sociométrie et à la biotypoplogie », Cahiers pour l’histoire de la recherche, CNRS Éditions, 1995.

J.-C. Pecker, « Henri Laugier, l'édition scientifique, la documentation scientifique et l'audiovisuel », Cahiers pour l’histoire de la recherche, CNRS Éditions, 1995.

Emmanuelle Picard, « Henri Laugier et l’organisation de la recherche française », Cahiers pour l’histoire de la recherche, 1995, 3, p. 63-71.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00585859

R. Ouvrier-Bonnaz, « L’histoire des chaires du CNAM concernant l’Homme au travail (1900-1945) entre production de savoirs et engagement politique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 111 | 2010, p. 99-122.

Sites internet référents

 

 

 

 

Auteur de la notice
Jean-Michel Rossignol et Sylvie Demignot
Mise à jour
 le 21 avril 2021 - 18:03