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Louis Lapicque
Nom Lapicque
Prénoms Louis, Edouard
Naissance Épinal (Vosges, France) (01 août 1866)
Décès Paris (France) (06 décembre 1952)
Sections
Sciences naturelles et physiologie
Statuts et fonctions
Directeur de laboratoire
Direction d'études
Directeur du Laboratoire de Physiologie Expérimentale de l'EPHE (décembre 1912 à octobre 1936)
Distinctions
Croix de Guerre (1915)
Officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1920)
Commandeur dans l'Ordre de la Légion d'honneur 
Membre de l'Académie de Médecine (1925)
Membre de l'Académie des Sciences (1930)
Prix Barbier de l'Académie de médecine (1899)
Prix Lallemand de l'Académie des sciences (1905)
Prix Philipeaux de l'Académie de médecine (1913)
Prix La Caze de l'Académie de médecine (1918)
Prix Bourbonnaud de la société géographique de Paris (1894)
Prix Broca de la société d'anthropologie (1906)
Docteur honoris causa de l'université de Toronto
Docteur Honoris Causa de l'Université de Liège
Docteur Honoris Causa de l'Université d'Oxford
Origines familiales

Son père est vétérinaire. Il l'emmène durant son temps libre en promenade dans la nature et l'initie au plaisir de l'observation du monde vivant.

Situation de famille

Louis Lapicque se marie en 1902 avec Marcelle de Heredia (1873-1962), docteur ès sciences et neurophysiologiste également. Ils seront co-auteurs de nombreuses publications sur l'excitation électrique.

Laboratoire
Laboratoire de Physiologie Expérimentale de l'EPHE, situé dans les locaux de la Sorbonne à Paris
Études et formations

Louis Lapicque, élève au collège d'Épinal, obtient son baccalauréat en 1883. Il part poursuivre ses études supérieures à Paris. Il obtient sa licence ès sciences naturelles à la Faculté des Sciences de Paris en 1886, période durant laquelle il est formé à la Zoologie par Henri de Lacaze-Duthiers. Puis il entreprend des études de médecine. Il obtient le titre de Docteur en médecine en 1895 (thèse intitulée Sur le dosage du fer dans les recherches physiologiques) puis de Docteur ès sciences en 1897 (Thèse intitulée Observations et expériences sur les mutations organiques du fer chez les vertébrés). En physiologie, il aura deux maîtres : Eugène Gley à l'origine, et plus tard Albert Dastre.
Louis Lapicque s'intéresse aux aspects physico-chimiques qui régissent le monde vivant et à la physiologie nerveuse. Son travail scientifique se caractérise par l'application d'une méthode quantitative systématique et un emprunt aux modèles de la physique pour décrire les processus biologiques. En ce sens, il est résolument moderne, reposant sur un travail analytique pour tenter de dépasser la simple observation.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Louis Lapicque dirige le laboratoire de Physiologie experimentale de l'EPHE, situé à la Sorbonne, de 1912 à sa retraite en 1936.

Parcours professionnel hors EPHE

- Aide (1887), chef adjoint (1892) puis chef (1894) du laboratoire des cliniques de la Faculté de médecine (Hôtel-Dieu)
- 1892 :  Mission d’étude sur le peuple Negritos dans l’Océan Indien, confiée par le ministère de l'Instruction publique. Pendant sa mission, Louis Lapicque prend de nombreuses photographies, conservées au musée du Quai Branly.   
- 1896 : Préparateur de physiologie à la Faculté des sciences de Paris.
- 1898 : Chargé de conférences de physiologie expérimentale à la Faculté des Sciences de Paris.
-1903 : Mission d'étude sur les populations Dravidiennes du sud en Inde, commanditée par le ministère de l'Instruction publique.
-1904 : Maître de conférences de physiologie expérimentale à la Faculté des Sciences de Paris.
-1911 : Professeur de Physiologie expérimentale au Muséum d'Histoire Naturelle.
-1919 : Professeur de Physiologie générale à la Faculté des Sciences de Paris.
-1936 : Admis à la retraite et nommé professeur honoraire.
-1938 : Président de l'Institut Marey.

Autres activités

1892 : Membre de la société d'Anthropologie de Paris.
1894 : Membre de la société de Biologie.
1910 : Vice-président de la société de Chimie-Physique puis président.
1911 : il participe à la création de l’Institut Français d’Anthropologie dont le but était de rapprocher tous les savants français intéressés par ces questions.
Président de la société de psychologie
 
Membre honoraire de plusieurs académies étrangères et Docteur honoris causa de l'université de Toronto, Liège et Oxford
 
Mobilisé comme médecin pendant la guerre de 1914-1918.
Membre actif du groupe de résistance maçonnique Patriam recuperare pendant la guerre 1939-1945.
Membre actif de la Ligue des droits de l'Homme dès sa fondation en 1898.
A Épinal, il participe à la fondation d'une Université populaire et, en 1902, il participe à la création du journal L'Ouvrier Vosgien.
Il participe avec Charles Seignobos à la fondation de la communauté scientifique et humaniste de l'Arcouest "Sorbonne Plage"  à Ploubazalnec où se côtoie Marie Curie, Victor Auger, Jean Perrin etc.

Domaines de recherches

Louis Lapicque est un chercheur du début du XXe siècle et, comme la plupart des savants de cette époque, il s'intéresse à de nombreuses disciplines qui touchent au monde vivant. Il aborde ces différents domaines avec la même rigueur scientifique, en se reposant sur la quantification. Formé à la zoologie auprès de Lacaze-Duthiers au Museum d'Histoire Naturelle, il se tourne vers la physiologie animale et plus spécifiquement sur le métabolisme du fer. Le ministère de l'Instruction publique lui propose alors de participer à une expédition scientifique afin de récolter des données anthropomorphiques sur un peuple d'Indonésie encore mal connu, les Negritos. Il se lance dans cette aventure et ramène non seulement des données anthropométriques mais également des objets ethnographiques et de nombreuses photographies. Il s'est ensuite intéressé à l'excitabilité nerveuse, thématique à laquelle il a le plus contribuée. Sa longue liste de publications recèle des articles scientifiques portant sur l'anthropologie, l’anatomie comparée de l'encéphale dans différentes espèces de vertébrés et d'invertébrés, le fer et finalement la neurophysiologie. Il a développé cette dernière thématique aux côtés de sa femme qui a activement participé à ses activités de recherche.

Les travaux de Louis Lapicque se caractérisent par l'utilisation de la quantification et de notions issues de la physique et des mathématiques pour étudier le fonctionnement du système nerveux. Il développe la notion de chronaxie, qui dérive d'une fonction mathématique permettant de décrire la relation entre intensité et durée de stimulation. A partir de cette notion, il développe le concept d'isochronisme comme principe fondamental de la transmission de l'influx nerveux au travers des synapses. Cette théorie, qu’il veut généraliser et ériger comme principe fondamental du fonctionnement du système nerveux, est vivement critiquée puis réfutée par l'école anglaise d'électrophysiologie ; mais Louis Lapicque s'obstine à faire accepter sa théorie, ce qui conduit à un certain immobilisme de l'école de neurophysiologie française dont il était un des mandarins. Cependant, le renouveau viendra après-guerre par l'intense activité de recherche d'un de ses élèves, Alfred Fessard, qu'il nomme directeur d'un laboratoire de neurophysiologie à l'institut Marey dès 1938, après sa prise de fonction comme président de l'institution.
Si, dans le domaine de la neurophysiologie, Louis Lapicque a fait preuve d'un dogmatisme paralysant à la fin de sa carrière, il s'est comporté comme un ethnographe moderne dans le domaine des sciences humaines. En effet, il s'est extrait de la simple description anthropomorphique qui servait à l'époque à justifier une hiérarchie au sein de la race humaine pour s'intéresser plus généralement à la culture des Negritos. La collection rapportée de cette mission a fait l’objet d’une exposition en 1895 au Museum d’Histoire Naturelle de Paris.

Publications principales

Deux exemples de publications ethnographiques résultant de ses deux missions scientifiques dans l'océan Indien.
- A la recherche des Negritos (Voyage du yacht Sémiramis) », Le Tour du Monde,
Nouveau Journal des voyageurs, 1895, pp 409-427.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k34434z/f419.image
- Le Sud de l'Inde, le pays et les habitants, la religion, 1904.
 
Publications en physiologie:
- Dosage du fer dans les recherches physiologiques, 1895.
- Observations et expériences sur les mutations organiques du fer chez les vertébrés 1897
- Le poids du cerveau et l’intelligence, traité de Psychologie par G Dumas et coll, Paris, Alcan, 1923.
- La Chronaxie en théorie et dans la pratique médicale, Paris, Masson, 1925.
- L’excitabilité en fonction du temps, la chronaxie, sa signification, sa mesure, PUF, 1926, 371p.
- L’excitabilité itérative, Paris, Hermann, 1936.
- La chronaxie et ses applications physiologiques, Paris, Hermann, 1938.
- La machine nerveuse, Paris, Flammarion, 1942.
- L’isochronisme neuromusculaire et l’excitabilité rythmogène, Paris, Hermann, 1946.
- Aiguillage de l’influx dans les centres nerveux, Alençon, Impr. Alençonnaise, 1947.

Engagements

Louis Lapicque est un républicain laïque et socialiste convaincu. Il s'est engagé tout au long de sa vie dans des actions de défense des droits humains comme l'affaire Dreyfus ou dans le soutien d'un collègue limogé pour des raisons politiques (G Hervé, antimilitariste et socialiste).

Volumes d'hommage

- Henri Piéron, « L'œuvre de Louis Lapicque », Cahiers rationalistes 131, avril 1953, p. 3-16.

Publications au sujet de la personne

- Christophe Charle – Eva Telkès, Lapicque (Louis). In: Christophe Charle, Eva Telkès, Les Professeurs de la faculté des sciences de Paris, 1901-1939. Dictionnaire biographique (1901-1939), Paris : Institut national de recherche pédagogique, 1989. pp. 175-178.
- Les origines de l'Institut Marey du collège de France et son rôle dans l'essort de la neurphysiologie française, JS McKenzie, Lettre Num 15 du Collège de France, pp. 31-35
- Carine Peltier, Louis Lapicque, Le corpus photographique de la croisière scientifique de la Sémiramis dans l’Océan Indien, maîtrise Histoire de l’Art - Histoire de la photographie, ss la dir. de Michel Poivert, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, 2001
- Jean-Gaël Barbara. Les heures sombres de la Neurophysiologie à Paris (1909-1939). Lettre des Neurosciences, 2005, 29, 4 p. ffhal-00086017ff

 

Auteur de la notice
Gwenaelle Catheline et Sylvie Demignot
Mise à jour
 le 21 avril 2021 - 15:55