D’après le biographe d’É. Gilson, L. K. Shook (titre infra, « Publications au sujet de la personne »), sa famille paternelle, installée à Paris durant la révolution, était probablement originaire de Lille. Sa famille maternelle était, elle, originaire de Cravant (Bourgogne) et É. Gilson s’est toujours considéré comme un vrai bourguignon. Ainsi, Michel Sanouillet signale à propos d’É. Gilson, qu’il avait visité à Toronto, à son bureau : « il respire la tranquillité terrienne d’un viticulteur bourguignon » (article « À Toronto chez Étienne Gilson », Les nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, n° 1339, jeudi 30 avril 1953, p. 1). De plus, lorsque, à un âge relativement avancé, É. Gilson se retire da la vie publique, il s’installe définitivement à la maison maternelle à Cravant. C’est à partir de là qu’il est transporté à l’hôpital d’Auxerre, où il décède (informations sur le lieu du décès rectifiées par F. Fernand Van Steenberghen, « In memoriam Étienne Gilson », Revue philosophique de Louvain, 4e série, 76, n° 32, 1978, p. 538-545).
Melun, Seine-et-Marne) ; trois enfants : Jacqueline Marie Charlotte, Cécile et Bernard (nés le 27/06/1912, vers la fin août 1913 et le 15/03/1928).
— (1890-1895) École primaire aux frères des Écoles chrétiennes à Sainte-Clotilde, 75007 Paris.
— (1895-1902) Études secondaires, de la 6e à la classe de rhétorique, au Petit Séminaire de Notre-Dame-des-Champs (un « champiste »), 75006 Paris.
— (juillet 1902) Examen, à l’Université de Paris, de la première partie du baccalauréat ès Lettres.
— (1902-1903) Suite des études secondaires, en philosophie à Henri-IV.
— (juillet 1903) Examen, à l’Université de Paris, de la deuxième partie du baccalauréat ès Lettres. Lucien Lévy-Bruhl (dont É. Gilson avait suivi les cours à la Sorbonne sur David Hume) l’examine en philosophie.
— (1904-1906) Après son service militaire, dans l’infanterie (1903-1904), études à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris. Il suit les cours de plusieurs professeurs à la Sorbonne : Lucien Lévy-Bruhl, Émile Boutroux (1845-1921), Victor Brochard (1848-1907), Victor Delbos (1862-1916), Émile Durkheim (1858-1917), Victor Émile Egger (1848-1909), André Lalande (1867-1963), Marcel Mauss (1872-1950) et Gabriel Séailles (1852-1922). Il suit aussi les cours d’Henri Bergson au Collège de France (1904).
— (1904) Diplôme de Licence ès Lettres, mention philosophie, obtenu dans un temps extrêmement bref.
— (1906) Diplôme d’études supérieures de philosophie à la Faculté des Lettres, sous la direction de Lucien Lévy-Bruhl (Descartes et la scolastique).
— (1906-1907) Préparation de l’Agrégation et de sa thèse (principale et secondaire), sous la direction de Lucien Lévy-Bruhl, à la Sorbonne.
— (24 août 1907) Agrégation de philosophie.
— (29/01/1913) Soutenance de sa thèse de doctorat. Thèse principale : La doctrine cartésienne de la liberté et la théologie ; thèse secondaire : Index scolastico-cartésien.
— (13/009/1921-28/05/1930) Le 13/09/1921, É. Gilson est élu Directeur d’études à l’EPHE, Ve section, en « Histoire des Doctrines et des Dogmes », en remplacement de Fr.-J. Picavet, décédé le 19/05/1921 ; l’arrêté ministériel de sa nomination date du 16/12/1921. É. Gilson partage cette direction avec Paul Alphandéry. Il commence ses deux conférences ordinaires à partir du deuxième semestre, le samedi 07/01/1922 pour la première et le mardi 10/1/1922 pour la seconde (à partir de 1922-1923, son séminaire aura lieu les mardis et mercredis, voir suite). D’après (a) les programmes d’enseignement de la Ve section sous forme d’affiches, (b) les rapports des conférences d’É. Gilson publiés dans l’Annuaire de cette section et (c) les registres des élèves et auditeurs présents à son séminaire, il assure sans rupture jusqu’en 1929-1930 ses deux conférences ordinaires, les mardis et mercredis.
— (20/06/1930-11/06/1932) En 1930-1931, il est suppléé, à sa demande, par Maurice Patronnier de Gandillac (1906-2006) (voir Procès verbaux des Conseils de la Ve section, Registre [manuscrit] n° 1, séance du 20/06/1930, p. 807-808, cf. rapport des conférences). Ainsi que le précise le programme d’enseignement, É. Gilson assure (uniquement) la « Direction de travaux relatifs aux doctrines médiévales, les mercredis, à trois heures et demie, à partir de janvier 1931 », alors que de Gandillac est chargé, lui, des deux conférences « les mardis, à quatre heures et demie […] et les mercredis, à deux heures et demie […] ». En 1931-1932, É. Gilson reprend normalement ses conférences ; en témoignent l’affiche conservée et son rapport de conférence dans l’Annuaire de la Ve section (en revanche, son registre de présence pour 1931-1932 n’a pas été conservé, à ma connaissance, aux archives de l’EPHE).
— (11/06/1932-26/06/1933) Après son élection au Collège de France le 17/01/1932 et le décès de Paul Alphandéry le 25/05/1932, É. Gilson fait rattacher Paul Vignaux (1904-1987) le 11/06/1932 à cette direction comme suppléant pour 1932-1933 (Procès verbaux des Conseils de la Ve section, Registre [manuscrit] n° 3, séance du 11/06/1932, p. 831). Un an plus tard, le 26/06/1933, P. Vignaux est élu par le Conseil pour assurer l’enseignement au sein de la direction en question en tant que directeur d’études (ibidem, séance du 26/06/1933, p. 849-850). À ce titre, « M. le Ministre sera donc prié de nommer M. P. Vignaux directeur d’études pour l’Histoire des Doctrines et des Dogmes, M. Gilson gardant néanmoins son titre de Directeur d’études sans être chargé de l’enseignement » (ibidem).
— (26/6/1933-31/08/1942) Effectivement, le nom d’É. Gilson continue d’être cité, en tant que Directeur d’études, avant celui de P. Vignaux dans l’Annuaire jusqu’en 1941-1942 (cette année, les conférences sont assurées uniquement par Maurice de Gandillac, suppléant de Paul Vignaux), mais, comme prévu, il n’assure plus d’enseignement au sein de l’EPHE à partir de 1933 (voir les rapports correspondants ; les affiches des enseignements de la Ve section pour la période allant de 1932-1933 à 1974-1975 n’ont pas été conservées).
Autres responsabilités :
— (11/06/1922) Élection à l’unanimité par le Conseil de la Ve section comme membre de la Commission des Bourses de cette section (d’après les Procès verbaux des Conseils de la Ve section, Registre [manuscrit] n° 3, séance du 11/06/1922, p. 695).
— (12/11/1922) Élu par la même instance pour rédiger « le Mémoire à insérer en tête du prochain Annuaire (ibidem, séance du 12/11/1922, p. 706).
— (18/04/1923) Désigné, avec G. Millet, par la même instance à fournir les indications requises à J. Toutain, président de la Ve section, sur les publications de la Bibliothèque Vaticane présentant un intérêt particulier et, à ce titre, devant être achetées par la section (ibidem, séance du 18/04/1923, p. 707).
— (1922-1926) Il dirige plusieurs diplômes de l’EPHE, dont celui de son disciple H. Gouhier, La Pensée religieuse de Descartes (il formera le t. VI des « Études de Philosophie médiévale » [sigle : EPM], collection créée et dirigée par É. Gilson ; la publication est annoncée au Conseil lors de la séance du 20/06/1924, ibidem, p. 736).
— (05/02/1922-07/11/1924) Il soutient en Conseil, avec d’autres collègues de la Ve section, Alexandre Koyré, élève de Fr.-J. Picavet, après le décès de ce dernier. Ce soutien vise à permettre à Koyré de prolonger sa « conférence temporaire » [autrement dit sa charge de conférences] en 1922-1923 (séances du 05/02/1922, ibidem, p. 691, et du 12/11/1922, ibidem, p. 697) ; en 1923-1924 (séance du 20/06/1923, ibidem, p. 713) et en 1924-1925 (séance du 07/11/1924, ibidem, p. 738).
I. Activités d’enseignement en France hors EPHE.
— (1907-1908) Enseignant au Lycée Lalande, à Bourg-en-Bresse (morale).
— (1908-1910) Enseignant au Lycée de Rochefort-sur-Mer (philosophie et mathématiques).
— (1910-1911) Enseignant au Lycée Descartes, à Tours (philosophie, morale et mathématiques).
— (1911-1912) Enseignant au Lycée de Saint-Quentin (même enseignement).
— (1912-1913) Enseignant au Lycée d’Angers, près de Tours (même enseignement).
— (1913-1914) Maître de conférences de Philosophie et Sciences de l’éducation à la Faculté des Lettres de l’Université de Lille ; mobilisé en août 1914, il prend part à la guerre de 1914-1918.
— (1919) Démobilisé le 03/03/1919, il reprend son activité comme maître de conférences à Lille, où il est déjà nommé professeur adjoint (03/02/1919), à valeur rétroactive à partir de 1914.
— (12/04/1919-1921) Professeur d’histoire de la philosophie à l’Université de Strasbourg.
— (16/11/1921-1927) Chargé des cours d’histoire des philosophies médiévales à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris, en remplacement de Fr.-J. Picavet, décédé le 19/05/1921 (voir supra).
— (1924) Désigné par le Ministère de l’Instruction publique comme membre de la délégation pour la célébration du 700e anniversaire de la fondation de l’Université de Naples.
— (1927-1932) Professeur à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris.
— (17/01/1932-1951) Professeur au Collège de France ; professeur honoraire à l’Université de Paris.
II. Activités d’enseignement dans des pays anglophones (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne).
Plusieurs séjours dans le cadre de l’enseignement de la philosophie médiévale. Véritable « constructeur d’institution » (L. Dewan), Étienne Gilson soutient énergiquement la création des chaires d’études médiévales, en particulier de philosophie médiévale, au Canada et aux États-Unis. Il fait partie, avec Jacques Maritain, de ceux qui ont ouvert en France la voie vers les États-Unis et qui ont très profondément influencé la conception américaine des études médiévales, en particulier philosophiques.
— (1926-1931) Premier voyage aux États-Unis en 1926, suivi d’un premier cours d’été en tant que professeur invité à l’Université de Virginie.
— (1927-1930) Professeur à l’Université de Harvard à Cambridge, MA, États-Unis. Il assure plusieurs cours, de sept ou de trois mois par an, à cette Université et à Radcliffe College, l’ « annexe » de Harvard. Cette étroite collaboration va cesser, en tout cas sous cette forme, après la fondation du Pontifical Institute of Mediaeval Studies (PIMS).
— (novembre 1927) Premières conférences à St. Michael’s College, Toronto, qui deviendra l’année suivante le PIMS.
— (décembre 1927) Cours et conférences à l’Université de Montréal.
— (1928-1931) Conférences à plusieurs universités du Royaume-Uni : Aberdeen (« Gifford Lectures »), Cambridge, Londres et au pays de Galles (University College of Wales).
— (30/09/1929) Fondation officielle et ouverture du Pontifical Institute of Medieval Studies (voir suite) ; Étienne Gilson en assure la direction scientifique pratiquement jusqu’à son décès.
— (30/09/1929-1939, 1946 sq.) Il assure de manière régulière des cours de trois mois par an au PIMS.
— (1930-1936) Ses nouvelles obligations l’obligent d’arrêter d’enseigner de manière systématique à l’Université de Harvard ; toutefois, il y prononce plusieurs conférences, notamment celles, en 1936, qui sont consacrées à la célébration du tricentenaire de cette institution ou les douze « William James Lectures ».
— (13/02/1935) Il prononce la conférence annuelle à la British Academy.
— (septembre 1939 – mai 1940) Cours et conférences aux États-Unis (Universités d’Indiana et de Harvard) et au Canada (Toronto, Montréal), combinés avec une intense action de propagande anti-hitlérienne suite à la déclaration de guerre faite par l’Allemagne et la mobilisation qui en résulte en France, voir suite ; douze conférences sur le thème « Roman Classical Culture from Cicero to Erasmus » ; Powell Lectures à l’Université d’Indiana (02-08/03/1940) ; conférences aux Universités de Harvard et de Montréal (mars 1940).
(1957) « Mellon Lectures » à la National Gallery et conférence au Catholic University, Washington D.C.
(1962) Conférences à Harvard Divinity School, une des facultés de l’Université de Harvard.
(1969) Conférences à l’Université de Californie à Berkeley.
— (1926) Co-fondateur, avec P. Gabriel Théry, O.P. du Saulchoir, des Archives d’histoire doctrinale et littéraire au Moyen Âge.
— (30/09/1929) Co-fondateur avec les frères basiliens (plus précisément avec E. J. McCorkell, supérieur de St. Michael’s College) du Pontifical Institute of Medieval Studies, Toronto.
— (1935) Membre du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (Section 8. Sciences philosophiques et sociales).
— (1922 et sq.) Fondateur de plusieurs collections philosophiques au sein de la maison d’édition créée par son ami Joseph Vrin, en particulier des « Études de Philosophie médiévale ».
Historien de la philosophie occidentale au Moyen Âge particulièrement important et prolixe. Les sujets qu’il étudie sont systématiquement nouveaux, ses interprétations vont souvent à l’encontre des idées reçues à son époque et cette ouverture lui assure très vite une grande notoriété. Il fait découvrir ou redécouvrir des auteurs très importants pour la culture européenne, comme Bernard de Clairvaux, Bonaventure et Duns Scot ; il révèle des aspects inconnus de l’œuvre d’Augustin, de Thomas d’Aquin, de Dante, de Descartes et de Maine de Biran. Ses travaux permettent de reconsidérer le jugement négatif sur le Moyen Âge. Ainsi, il se trouve à l’origine d’un important regain d’intérêt pour les études médiévales. Cette position novatrice vis-à-vis du Moyen Âge et de sa philosophie allait de pair avec l’idée que la coupure avec la Renaissance était en grande partie fictive et que la philosophie de ces périodes devait être comprise et interprétée dans sa continuité. Visible dans sa thèse principale (voir Bibliographie), cette thèse est approfondie par la suite (voir ses Études sur le rôle de la pensée médiévale dans la formation du système cartésien. Paris, J. Vrin, EPM 13, 1930, 344 p., plusieurs réimpr.). Grâce à son ouverture d’esprit et sa liberté d’approche, il a su mettre en relief le pluralisme de la philosophie occidentale. Ainsi, J. Guitton signale à propos des cours d’É. Gilson à la Sorbonne, peu après l’arrivée de ce dernier de Strasbourg : « Descartes qu’il exposait de 9 à 10 et Saint Thomas qu’il exposait de 11 à midi, semblaient avoir été créés et mis au monde pour être éclairés par lui. Ce qui embarrassait le candide Guitton, c’était qu’à 10 heures il était Cartésien, à midi il se sentait Thomiste et qu’il demeurait perplexe tout au long du jour […] Et ce que M. Gilson, sans trop le souligner, faisait connaître et resplendir, c’était précisément cette convergence, entre ces cinq Grands qui ont pour nom : Augustin, Bernard, Thomas, Bonaventure, Duns Scot » (J. Guitton, Évocations de quelques penseurs bourguignons - É. Gilson, Menus propos sur la vocation des Académies provinciales, Société des Sciences Histor. et Natur. de Semur-en-Aussois, août 1968 [plaquette de 16 p. extraite du Bull. de la Société des Sciences de Semur, nos 2 et 3], p. 10). Sans se limiter aux philosophes, É. Gilson a porté un regard plus ample sur la littérature médiévale en Occident, par exemple, sur François Villon et Rabelais (voir les deux études réimpr. ensemble : De la Bible à François Villon. Rabelais franciscain, Paris, J. Vrin, Reprints, 1981, 80 p). Il n’a pas hésité, rarement, d’aborder très brièvement des sujets liés à l’histoire de France : Le rôle culturel de l’Abbaye du Bec [-Hellouin] [avec « Ce qu’il faut voir au Bec, du chanoine Bonnenfant, p. 11-14], dessins de Royer, 2e éd., s.l., s.d., 16 p. (plaquette probablement mise à la disposition des visiteurs de l’abbaye Notre-Dame du Bec).
Plus de cinquante monographies en français ou en anglais, traduites en plusieurs langues et souvent réimprimées (réimpressions notées à titre exceptionnel dans la suite). En France, Gilson a souvent publié ses ouvrages aux Éd. J. Vrin et au Canada aux presses du PIMS. Sa correspondance avec H. Gouhier, J. Maritain, P. de Lubac et autres est volumineuse ; il a préfacé plusieurs ouvrages. Sur les inventaires de son œuvre, voir « Publ. au sujet de la personne » (sigle McG dans la suite pour celui de M. McGrath).
1. Monographies en français (choix)
— Le thomisme. Introduction au système de S. Thomas d’Aquin. Strasbourg, A. Vix, 1919, 174 p. (McG 155) ; Paris, J. Vrin, EPM 1, 1922, 239 p. (McG 156), rev. à plus. reprises.
— La philosophie au Moyen Âge. Paris, Payot, 1922, 318 p. (McG 109) ; rev. 1944, 782 p. (McG 114), plus. réimpr.
— La philosophie de saint Bonaventure. Paris, J. Vrin, EPM 4, 1924, 482 p., (McG 118), plus. réimpr.
— Introduction à l’étude de saint Augustin. Paris, J. Vrin, EPM 11, 1929, II-352 p. (McG 73) ; éd. rev. 1943, VIII-370 p. (McG 74).
— L’esprit de la philosophie médiévale. Gifford Lectures, données à l’Universitsé d’Aberdeen, première-deuxième série. Paris, J. Vrin, 1932 (McG 32) ; éd. rev. 1944, EPM 33, VIIIi-447 p. (McG 35).
— La théologie mystique de saint Bernard. Paris, J. Vrin, EPM 20, 1934, 251 p., (McG 151), plus. réimpr.
— Réalisme thomiste et critique de la connaissance. Paris, J. Vrin, 1939, 239 p. (McG 134), plus. réimpr., dernière : Vrin Reprise, 2012.
— L’être et l’essence. Paris, J. Vrin, Problèmes et controverses, 1948, 328 p. (McG 42) ; 3e éd., Paris, J. Vrin, Bibliothèque des textes philosophiques [BTP], 2008, 390 p.
— Jean Duns Scot. Introduction à ses positions fondamentales. Paris, EPM 42, J. Vrin, 1952, 700 p. (McG 81).
— Constantes philosophiques de l’être. Avant-propos (p. 7-9) J.-Fr. Courtine, Paris, J. Vrin, BTP, 1983, 256 p.
2. Monographies en anglais
— The Unity of Philosophical Experience (The William James Lectures at Harvard University, 1936-37, New York, Scribners’ Sons, 1937, XII-331 p. (McG 168).
— Realism and Revelation in the Middle Ages (The Richards Lecture in the Univ. of Virginia, 1937), New York, Scribners’ Sons, 1938, 114 p. (McG 136).
3. Correspondance (choix)
— Lettres de M. Étienne Gilson adressées au P. de Lubac et commentées par celui-ci. Correspondance 1956-1975. Nouv. éd. revue et augmentée, dir. J. Prévotat, Œuvres complètes XLVII, Dixième Section. Correspondances. Paris, Le Cerf, 2013, 288 p.
4. Ouvrages préfacés
— The Story of Abelard’s Adversities. A Translation with Notes of the Historia calamitaum by J. T. Muckle. Preface by..., p. 7-10, Toronto, PIMS, Mediaeval sources in translation, 1954, 2nd ed., 1964, 80 p. (McG 521).
Étienne Gilson a joué un rôle humanitaire et social, politique et religieux de premier plan. Il situait son rôle humanitaire et social dans un cadre culturel et éducatif, littéraire et artistique ; en même temps, esprit très pratique et réaliste, il était pleinement conscient du fait que cette action ne pouvait reposer uniquement sur la culture, mais qu’elle réclamait et présupposait l’appui et le soutien politiques. Fier de sa patrie et fidèle à son pays, il l’a énergiquement soutenu pendant toute sa vie, en guerre comme en paix ; en même temps, il se sentait comme un Européen accompli et croyait fermement à la création d’une Europe unie et solidaire.
I. Engagement humanitaire, par le biais de la culture, l’art et la littérature.
É. Gilson a énergiquement soutenu le droit des peuples à l’existence et la liberté, la culture et l’enseignement. Ainsi, à peine installé de nouveau à Paris après Strasbourg, il organise sur place, en tant que délégué du Comité français de secours aux enfants, une enquête (15/08 – 15/09/1922) en Ukraine et dans les régions de la Volga au sujet des enfants de ces régions en famine. Après avoir pris part à la conférence de Londres (31/10 - 24/11/1945), instituant une organisation pour l’éducation et la culture, la future Unesco, il participe de manière systématique aux Rencontres Internationales de Genève organisées par cet organisme. Il le soutient systématiquement dans sa mission d’enseignement ; voir Table ronde : « Can Unesco Educate for World Understanding ? » A Radio Discussion from Paris by Étienne Gilson, R. P. McKeon, J. B. Priestley et G. D. Stoddard, éditée par The University of Chicago.
Il lutte contre la disparition de l’homme dans la société de masse d’aujourd’hui (voir La société de masse et sa culture. Paris, J. Vrin, Essais d’art et de philosophie, 1967, 149 p. [McG 146] ; réimpr. Vrin Reprise, 1986). Ce faisant, il pensait que l’art européen était appelé à jouer un rôle important dans la société de son époque (É. Gilson, « L’Europe et la libération de l’art », dans A. Philip, É. Gilson, M. Born, P.-H. Spaak, P. de Berredo Carneiro, L’Europe et le monde d’aujourd’hui. Textes des conférences et des entretiens organisés par les Rencontres internationales de Genève. Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, Histoire et société d’aujourd’hui, 1957, p. 75-99, et plusieurs interventions aux discussions, p. 237-259). La littérature, l’art et la philosophie étaient, je pense, pour É. Gilson, la voie permettant l’ouverture de l’esprit collectif. Il a tenu à couvrir de ses ailes les œuvres qui avaient vu le jour dans le même à peu près état d’esprit, assez complexe, et qu’il jugeait fragiles et peu connues, comme celle de Charles Du Bos, écrivain et critique littéraire d’une vaste culture, qui est décédé en 1939 (Choix de textes de Charles Du Bos. Préface par É. Gilson [p. 9-15]. Paris, La Colombe. Éditions du Vieux Colombier, 1957, 280 p.).
II. Engagement social et politique, français et européen.
É. Gilson n’était pas seulement un homme d’esprit, un partisan du rôle social de l’art et de la littérature, il était aussi doté d’un réalisme sans faute. Ainsi, il a drastiquement appuyé les intérêts, culturels ou politiques, de la France à l’étranger et, à ce titre, a souvent été désigné par le Ministère des Affaires étrangères à représenter son pays vis-à-vis de la communauté internationale. En septembre 1939 – mai 1940, lors de son séjour aux États-Unis et au Canada, il multiplie les actions et conférences en faveur de la France et de ses alliés européens vis-à-vis de l’Allemagne hitlérienne. En 1944, il est membre du Conseil National de la Résistance. À l’issue de la seconde guerre mondiale, il est profondément persuadé que son pays était appelé à jouer un rôle politique de premier ordre, mais de manière indépendante, sans s’impliquer aux tensions opposant les États-Unis et la Russie.
Le 27 mars 1945, il est informé par le Ministère des Affaires étrangères qu’il a été choisi comme membre de la délégation française à la Conférence de San Francisco, chargée à fonder les Nations Unies ; il y participe (03/04 – 26/06/1945) en tant que conseiller technique ; fin connaisseur de l’anglais, il assure officiellement la traduction de la charte des Nations Unies en français. Il est également membre de la délégation française à la conférence de Londres (31/10 - 24/11/1945), qui crée une organisation pour l’éducation et la culture, la future Unesco (voir I). Véritable citoyen européen avant la lettre, il s’inquiète sur les décisions qui seront prises lors du congrès de l’Europe en mai 1948 : « Parmi les Français qui partirent de Paris le jeudi 6 mai pour assister au congrès de l’Europe, certaines doutaient encore qu’une fédération européenne fût possible. En arrivant à La Haye, tous la savaient nécessaire » (« Le congrès de l’Europe », Une Semaine dans le monde, 3e année, n° 105, samedi 15 mai 1948, p. 1).
Membre du Mouvement Républicain Populaire (MRP) en 1946, Gilson est élu Sénateur au Conseil général de la République (28/3/1947 – 7/11/1948). Malgré cette activité politique foisonnante, il est pleinement conscient du fait que le travail d’érudit qu’il était appelé à accomplir, combiné aux multiples tâches d’enseignement qui lui incombaient (Collège de France, PIMS à Toronto, plusieurs universités américaines, conférences à travers le monde) l’obligeaient à mieux réduire et à limiter son engagement politique.
III. Engagement religieux.
Acteur de premier plan dans le renouveau du catholicisme, il a essayé de redéfinir le rôle de la religion chrétienne au sein de la société occidentale, les rapports entre christianisme et philosophie, la place du philosophe face à la théologie. Il aborde ces sujets épineux avec une franchise et une liberté d’esprit remarquables. Principales publications : — Pour un Ordre catholique. Paris, Desclée de Brouwer, 1934, v-246 p. (McG 125). Nouvelle édition, avec présentation de Th.-D. Humbrecht O.P. (p. 7-18), comprenant en Annexe le dossier des réactions dans Sept, Paris, Parole et Silence, 2013, 216 p. ; — Introduction à la philosophie chrétienne. Paris, J. Vrin, 1960 (McG 78) ; deuxième édition augmentée (nouvelle mise en page) avec présentation et bibliographie choisie de Th.-D. Humbrecht O.P. (p. 7-26), Paris, J. Vrin, Bibliothèque des textes philosophiques, 2011, 214 p. ; — Le philosophe et la théologie. Paris, A. Fayard, 1960 (McG 104) ; rééd. (nouvelle mise en page), préface de J.-Fr. Courtine (p. I-IV), Paris, J. Vrin, Bibliothèque d’histoire de la philosophie, 2005, iv-217 p. — L’athéisme difficile. Préface de H. Gouhier. Paris, J. Vrin, Problèmes et controverses, 1979, 95 p. ; dernière édition avec une présentation de Th. -D. Humbrecht O.P. (p. 7-37). Paris, J. Vrin, Bibliothèque des Textes Philosophiques Poche, 2014, 180 p.
Plusieurs volumes d’hommage consacrés à Étienne Gilson, souvent dès son vivant. Sont cités les principaux (pour les ouvrages antérieurs à 1982, numéro McG donné entre crochets droits) :
— J. Maritain, Mgr de Solages, A. Foret, H. Gouhier, H.-I. Marrou, M. de Gandillac, préface par J. Maritain, Étienne Gilson philosophe de la chrétienté, Paris, Rencontres 30, Le Cerf, 1949, 295 p. [McG 943].
— Charles J. O’Neil (éd.), An Etienne Gilson Tribute. Presented by his North American Students with a Response by Etienne Gilson. Milwaukee, The Marquette University Press, 1959, 347 p. [McG 948].
— Mélanges offerts à Étienne Gilson, de l’Académie française. Toronto – Paris, Pontifical Institute of Mediaeval Studies – J. Vrin, Études de philosophie médiévale, hors série, 1959, 704 p. [McG 945].
— Monique Couratier (éd.), Étienne Gilson et nous : la philosophie et son histoire. Deux journées “ Actualité de la pensée d’Étienne Gilson ”, 28-29 mars 1979. Quinze contributions réunies et publiées par… Paris, Bibliothèque d’histoire et de philosophie, J. Vrin, 1980, 160 p. [McG 938].
— Autour d’Étienne Gilson. Études et documents. Avant-propos de G. Prouvost, plusieurs contributions (dont la correspondance d’Étienne Gilson avec Herni Couhier et Michel Labourdette), Revue thomiste 94/3, juillet – septembre 1994, p. 353-553.
— P. A. Redpath (éd.), A Thomistic Tapestry. Essays in Memory of Étienne Gilson, Forward by C. L. Hencock, Amsterdam - New York, Rodopi, Value Inquiry Books Series 142, Amsterdam - New York N.Y., 2003, xx-244 p.
Nous citons les principaux inventaires de l’œuvre d’É. Gilson et les biographies ou éclairages biographiques les plus significatifs, de même que les articles les plus connus sur son apport philosophique. Pour les ouvrages ou articles parus jusqu’en 2004, on peut consulter la bibliographie secondaire citée par Fr. A. Murphy [titre dans la suite], p. 348-358.
I. Principaux inventaires de son œuvre, principales biographies ou éclairages sur son activité
— P. Vignaux, « Étienne Gilson », Annuaire de l’École Pratique des Hautes Études. Section des sciences religieuses, 87, 1978-1979, p. 27-37.
— C. J. Edie, «The Writings of Etienne Gilson chronologically arranged », dans Mélanges offerts à Étienne Gilson [titre supra], p. 15-58.
— M. McGrath, Étienne Gilson. A Bibliography. Une bibliographie. Toronto, PIMS, The Étienne Gilson Series 3, 1982.
— L. K. Shook, Étienne Gilson, Toronto, PIMS, The Étienne Gilson Series 6, 1984, x-412 p. Trad. en italien : Introduzione di I. Biffi. Milano, Jaca Book, Biblioteca di cultura médievale. I Medievalisti, 1, 1991, xxxiii-495 p.
— Fr. A. Murphy, Art and Intellect in the Philosophy of Étienne Gilson, Columbia & London, University of Missouri Press, Eric Voegelin Institute series in political philosophy, 2004, 363 p.
— D. J. FitzGerald, « Étienne Gilson and the San Francisco Conference », dans P. A. Redpath (éd.), A Thomistic Tapestry, n° 5, p. 47-55.
— F. Michel, « Le Moyen Âge au Nouveau Monde. L’enjeu culturel des Mediaeval Studies », Archives de sciences sociales des religions 149, janvier - mars 2010, p. 9-32, en particulier p. 14-16, 18, 20-24, 26.
— F. Michel, Une biographie intellectuelle et politique, Paris : Vrin, 2018.
— F. Michel, Le neutralisme au seuil de la guerre froide. Entre culture, pouvoir et relation internationales, Paris : Vrin, 2018.
II. Apport philosophique
— J. Quillet, « L’encyclique “ Aeterni Patis ” et le concept de philosophie chrétienne selon E. Gilson », Les études philosophiques 4, 1993, p. 517-531.
— Y. Floucat, « Étienne Gilson et la métaphysique thomiste de l’acte d’être », dans Autour d’Étienne Gilson. Études et documents. Revue thomiste 94/3, juillet – septembre 1994, p. 360-395.
— É.-H. Wéber, O.P., « Jalons pour poursuivre l’effort d’Étienne Gilson en noétique », ibidem, p. 396-412.
— G. Prouvost, « Les relations entre philosophie et théologie chez É. Gilson et les thomistes contemporains », p. 413-430, ibidem, p. 413-417.
— R. Dennehy, « Maritain’s Reply to Gilson’s Rejection of Critical Realism », dans P. A. Redpath (éd.), A Thomistic Tapestry, n° 6, p. 57-80.
— R. J. Fafara, « Gilson and Gouhier : approaches to Malebranche », dans P. A. Redpath (éd.), A Thomistic Tapestry, n° 9, p. 107-155.
www.academie-francaise.fr/les-immortels/etienne-gilson ; www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-detienne-gilson ; https://www.persee.fr/collection/ephe ; https://www.ephe.psl.eu/actualites/etienne-gilson-medieviste-et-philosophe-homme-de-foi-et-homme-d-action ; https://www.ephe.psl.eu/ecole/150ans/tables-rondes-et-debats