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Photo : Carl Reutlinger © BNF SG PORTRAIT 1234
Nom Maspero
Prénoms Gaston, Camille Charles
Naissance Paris (24 juin 1846)
Décès Paris (30 juin 1916)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Philologie et antiquités égyptiennes (septembre 1873 à juin 1916)
Distinctions
Commandeur dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1896)
Honorary Knight Commander of the Most Distinguished Order of Saint Michael and Saint George, Hon. KCMG (1909)
Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1883)
Honorary Doctor of Civil Law (Hon. DCL) de l’Université d’Oxford (1887)
Honorary Fellow du Queen’s College, Oxford (1887)
Origines familiales

Gaston Maspero est né à Paris d’une mère piémontaise, Adélaïde (1823-1918), émigrée en France, et d’un père « non dénommé », selon toute vraisemblance l’ingénieur et industriel d’origine italo-basque Marc Camille Marsuzi de Aguirre (1805-1876). Gaston Maspero est naturalisé français le 12 janvier 1871, à l’issue de son engagement dans l’armée française au cours de la guerre franco-prussienne de 1870.

Il est le père du papyrologue et byzantiniste Jean Maspero (1885-1915), des sinologues Georges (1872-1942) et Henri (1883-1945) Maspero et le grand-père de l’écrivain et éditeur François Maspero (1932-2015).

Études et formations

Élève interne au Lycée Louis-le-Grand à partir de 1853, Gaston Maspero commence dès l’adolescence à se former, en autodidacte, à l’égyptologie naissante et apprend également l’arabe puis le sanscrit. Bachelier en 1864, il intègre l’École Normale Supérieure en 1865. Intellectuel de tempérament républicain et libéral, il fréquente, par l’intermédiaire de la famille de sa première épouse Henriette (Ettie) Yapp (1845-1873), les cercles artistiques et littéraires formés autour d’Henri Regnault (1843-1871), Stéphane Mallarmé (1842-1898) et Henri Cazalis [Jean Lahor] (1840-1909).

La rigidité et le manque d’ouverture de la direction de l’ENS vis-à-vis de l’orientalisme ne lui permettent pas de suivre les enseignements d’Emmanuel de Rougé, professeur d’égyptologie au Collège de France avec qui, dès 1866, il a pourtant fait connaissance. En 1867, il est mis en relation avec Auguste Mariette (1821-1881), directeur (mamour) du Musée égyptien et d’un service d’archéologie et des antiquités qu’il a réussi à fonder en 1858. Celui-ci est impressionné par la science de Maspero qu’il a pu éprouver en lui présentant des documents inédits récemment découverts, dont le jeune savant lui présente rapidement une traduction qu’il juge excellente. Très tôt, ses « protecteurs, » en particulier Emmanuel de Rougé, Auguste Mariette, Victor Duruy (1811-1874), Ernest Renan (1823-1892) et Émile Egger (1813-1885), placent en lui tous leurs espoirs pour assurer l’avenir de l’égyptologie, une science alors revendiquée comme française puisque fondée par Champollion.

En 1867, à l’occasion de l’« Affaire Sainte Beuve », il est révoqué de l’ENS par Louis Pasteur, son administrateur, et Désirée Nizard, son directeur. Pour subvenir à ses besoins, Maspero s’exile en Uruguay, à Montevideo, auprès d’un riche et érudit mécène, le Dr Vicente Fidel Lopez (1815-1903), qui prépare un ouvrage sur les rapports entre les langues aryennes (indo-européennes) et le quetchua[1], dont il devient l’assistant. Dans le même temps, il approfondit sa connaissance de l’égyptien pharaonique et avance ses thèses doctorales, la principale, Du genre épistolaire chez les Égyptiens de l’Époque pharaonique et la secondaire, De Carchemis Oppidi situ et Historia antiquissima, qu’il dépose à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris en décembre 1871.

 

[1] Le livre parait sous le titre : Les races aryennes du Pérou. Leur langue – Leur religion – Leur histoire, Paris – Montevideo 1871.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Dès 1869, à 23 ans, répétiteur d’Emmanuel de Rougé, premier titulaire d’une direction d’études d’égyptologie à l’EPHE, auquel il succède, à son décès prématuré, comme Directeur d’études de Philologie et antiquités égyptiennes.

Membre à diverses reprises de la Commission de Patronage de la section des Sciences historiques et philologiques.

Parcours professionnel hors EPHE

1865-1867 : Élève de l’École Normale Supérieure

1867-1868 : Assistant de Vicente Fidel Lopez à Montevideo

1873-1916 : Chargé de cours (1873), puis Professeur (1874) au Collège de France, Chaire de Philologie et archéologie égyptiennes

1880-1881 : Délégué du gouvernement français pour fonder au Caire la Mission archéologique française d’Égypte, École Française du Caire, devenue en 1898, l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire

1881-1886, puis 1899-1914 : Directeur général du Service des Antiquités et des Musées d’Égypte

1914 : Secrétaire perpétuel de l'AIBL et membre de nombreuses autres académies à travers le monde.

Domaines de recherches

Égyptologue, Gaston Maspero est un philologue et un historien qui embrasse l’ensemble des domaines de la discipline, hiéroglyphes, hiératique, démotique et copte. Sur le plan philologique il est un éditeur de textes importants, dont il donne les éditions princeps ; il s’intéresse aussi bien aux textes littéraires qu’à la religion égyptienne ou à la grammaire de l’égyptien, à laquelle il consacre de nombreux travaux, en opposition avec l’École de Berlin (A. Erman, G. Steindorff et K. Sethe) qui tend à faire de l’égyptien une langue sémitique : Maspero se refuse à lui appliquer « des théories préconçues ou de paradigmes préétablis » pour d’autre langues. Il soutient les recherches sur l’Égypte byzantine et islamique. À son arrivée en Égypte en 1880-1881, il connaît rapidement des succès retentissants : non seulement il met au jour le plus ancien corpus de textes religieux égyptiens, alors totalement inconnu, les Textes des pyramides, qu’il publie, mais il parvient à obtenir, après une véritable enquête policière, l’indication du lieu où dans le cirque de Deir el-Bahari des prêtres d’Amon avaient dissimulé, à la fin du 2e millénaire, les momies royales du Nouvel Empire, les préservant ainsi des pillards, où son adjoint, Emil Brugsch (1842-1930), les retrouva intactes en juillet 1881.

Témoin d’une Égypte qui se modernisait rapidement, il se fait aussi à l’occasion ethnographe pour en recueillir les traditions (Chansons populaires recueillies dans la Haute Égypte de 1900 à 1914).

Conscient de la nécessité pour une discipline aussi jeune que l’égyptologie de susciter l’intérêt d’un public érudit, il publie des synthèses historiques, des anthologies de la littérature égyptienne qui connaissent des succès considérables, généralement traduites en anglais. Il publie aussi les chroniques de ses travaux et découvertes qui entretiennent l’intérêt du public pour l’Égypte ancienne : ses Causeries d’Égypte ont d'abord été publiées dans le Journal des Débats entre 1893 et 1907 et il a donné au Temps à partir de 1899 des descriptions de l’Égypte qui formeront le recueil Ruines et paysages d’Égypte.

Enseignant, il a formé les générations d’étudiants que sa réputation a parfois fait venir de loin à Paris et qui s’illustreront entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe, parmi lesquels Émile Amélineau, Urbain Bouriant (1849-1903), Émile Chassinat (1868-1948), Alan H. Gardiner (1879-1963), Eugène Grébaut, Pierre Lacau (1873-1963), Isidore Lévy (1871-1959), Victor Loret (1859-1946), Alexandre Moret, Karl F. Piehl (1853-1904), Maxence de Rochemonteix (1849-1891).

En digne successeur de Champollion et de Mariette, Gaston Maspero a su transmettre aux générations ultérieures un édifice solide, en institutionnalisant une discipline qui avant lui n’était souvent qu’une aventure personnelle, il l’a imposée comme une des sciences de l’antiquité quand elle n’était encore perçue que comme une sympathique distraction, réservée à quelques excentriques fortunés.

Publications principales

Publications principales :

Causeries d’Égypte, Paris 1906 (2e éd. 1907).

Chansons populaires recueillies dans la Haute-Égypte de 1900 à 1914, pendant les inspections du Service des antiquités, Le Caire 1914.

Égypte. Ars Una, Species Mille. Histoire générale de l’art, Paris 1912.

Essais sur l’art égyptien, Paris 1912.

Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes, 8 vol., Bibliothèque égyptologique 1, 2, 7, 8, 27, 28, 29, 40, Paris 1893-1916.

– Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, 3 vol., Paris 1895-1899.

Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris 1875 (13e éd. 1921 ; 14e éd. sans date).

Hymne au Nil, Bibliothèque d’étude 5, Le Caire 1912.

L’Égyptologie, La science française, Paris 1915.

L’Inscription dédicatoire du temple d’Abydos. Texte, traduction et notes. Suivi d’un essai sur la jeunesse de Sésostris, Paris 1867.

Les Contes populaires de l’Égypte ancienne, Paris 1882 (4e éd. 1911).

Les Enseignements d’Amenemhaît Ier à son fils Sanouasrît Ier, Bibliothèque d’étude 6, Le Caire 1924.

Les Inscriptions des pyramides de Saqqarah, Paris 1894.

Les mémoires de Sinouhît, Bibliothèque d’étude 1, Le Caire 1908.

Les Momies royales de Deir el-Bahari, Mémoires publiés par les membres de la Mission archéologique française au Caire I, Paris 1889.

Ruines et Paysages d’Égypte, Paris 1909 (2e éd. 1914).

– Sarcophages des époques persane et ptolémaïque, Catalogue Général du Musée du Caire, 2 vol., Le Caire, 1908-1939.

 

Publications au sujet de la personne

– R. Cagnat, « Notice sur la vie et les travaux de M. Gaston Maspero », Comptes rendus de l’AIBL 61 (1917), p. 444-482.

– G. Barthèlemy, dans Fr. Pouillon (dir.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris 2008, col. 654a-655a, s.v. « Maspero Gaston ».

– É. Chassinat, « Gaston Maspero », Recueil de Travaux relatifs à la Philologie et à l’Archéologie égyptiennes et assyriennes 38, 1917, p. 211-225.

– M. Chauveau, « Gaston Maspero », dans P. Henriet (dir.), L’École Pratique des Hautes Études. Invention, érudition, innovation de 1868 à nos jours, Paris 2018, p. 376-377.

– H. Cordier, Bibliographie des œuvres de Gaston Maspero, Paris 1922.

– M. Croiset, « Éloge funèbre de M. Gaston Maspero », Comptes rendus de l’AIBL 60 (1916), p. 297-302.

– id., « Gaston Maspero », Annuaire du Collège de France, 1916-1917, p. 17-36.

– E. David, Gaston Maspero 1846-1916. Le gentleman égyptologue, Paris 1999.

– Ead., Gaston Maspero. Lettres d’Égypte. Correspondance avec Louise Maspero [1883-1914], Paris 2003.

– Ead., « L’EPHE à la pointe de l’enseignement égyptologique : Gaston Maspero », dans C. Trautmann-Waller (éd.), De la philologie allemande à l’anthropologie française : les sciences humaines à l’EPHE (1868-1945), Paris 2017, p. 177-184.

– L. Havet, « Gaston Maspero (1846-1916) », Annuaire de la Section des sciences historiques et philologiques de l’EPHE 1916-1917, p. 42-46 [= P. Henriet (éd.), Memorabilia I, Notices nécrologiques de la section des sciences historiques et philologiques, Paris 2019, p. 239-242].

J. Leclant, « Un égyptologue : Gaston Maspero (1846-1916) », Comptes rendus de l’AIBL 142 (1998), p. 1075-1090.

A. Moret, « Maspero et la religion égyptienne », Revue de l’Histoire des Religions 74, 1916, p. 264-310.

– id., « Gaston Maspero », Revue historique 41e année, volume 123, 1916, p. 434-440.

– Éd. Naville, « Gaston Maspero », Revue archéologique Vème Série, tome IV, 1916, p. 172-176.

– id., « Sir Gaston Maspero, K.C.M.G. », The Journal of Egyptian Archaeology 3, 1916, p. 227-234.

Mélanges Maspero I, Orient ancien, MIFAO 66, 4 vol., Le Caire 1935-1961 ; II, Orient grec, romain et byzantin, MIFAO 67, 3 vol., Le Caire 1934-1950 ; III, Orient islamique, MIFAO 68, 2 vol., Le Caire 1940-1953.

Auteur de la notice
Ivan Guermeur
Mise à jour
 le 13 juillet 2023 - 13:33