Pierre Douzou est originaire de Millau (Aveyron), ville à laquelle il est toujours resté très attaché.
Il est d'origine modeste. Son père, qu'il admire beaucoup, est ouvrier gantier à Millau.
C'est en s'engageant dans l'armée qu'il peut faire des études supérieures. Son contrat avec l'armée se termine en 1971, date à laquelle il est élu directeur d'études à l'EPHE.
- Études de pharmacie réalisées aux Écoles de santé des armées de Toulon puis de Lyon. Diplômé en 1951.
- Pierre Douzou commence sa carrière scientifique en 1953 à l'Institut du radium où, sous la direction des professeurs Haïssinsky et Guillet, il établit un procédé de détection et d'analyse des intermédiaires réactionnels des composés ene-diels, et en particulier de l'acide ascorbique soumis à l'action des radiations optiques et ionisantes. Une partie de ce travail a constitué sa thèse de sciences soutenue en 1958.
Pendant sa thèse, il rencontre Raymond Latarjet qui lui révèle la révolution en cours de la biologie moléculaire.
Pierre Douzou est élu directeur du Laboratoire des macromolécules biologiques de l'EPHE en 1971. Le laboratoire EPHE est hébergé à l'Institut de Biologie Physico-Chimique (IBPC).
En 1977, Pierre Douzou est nommé professeur au Museum National d'Histoire Naturelle (MNHN). C'est vraisemblablement à cette date qu'il démissionne de l'EPHE.
Voici comment P. Douzou parle de l’EPHE en 1971, lorsqu’il quitte l’armée : « "Il vous faut une raison sociale et un salaire". L’homme qui prononça ces mots me fit admettre dans une institution sans murs, naguère fondée par un ministre de l’Instruction publique qui, prétendait-on aujourd’hui, avait un petit frère à caser. L’institution vivotait en marge de la vieille Sorbonne et des grands établissements d’enseignement supérieur de la capitale dont elle était, selon les cas, le vivier ou le dépotoir. Elle permettait à ses membres, assez peu nombreux par ailleurs, de travailler ou de rêver sans souci matériel et où bon leur semblait. » (P. Douzou, Vous cherchez quoi au juste ?, Paris, Odile Jacob, 1994, p. 179). Son interlocuteur était l'« homme des antihistaminiques », alias Bernard Halpern, alors président de la section SVT.
À l'issue de son doctorat, Pierre Douzou est nommé biologiste (1959) puis maître de recherche du service de santé des armées (1965). En parallelle, il travaille avec le professeur Aigrain à l'École Normale Supérieure (ENS) puis, en tant que chargé de recherche au CNRS avec le professeur Charles Sadron, à l'adaptation des méthodes de la physique à l'étude des biopolymères que sont les ADN. En 1961, Pierre Douzou est nommé sous-directeur du laboratoire de biophysique du Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) dirigé par Ch. Sadron. Le départ de Ch. Sadron à Orléans, avec une bonne partie des chercheurs, pour y créer le nouveau Centre de biophysique moléculaire du CNRS conduit Pierre Douzou à rejoindre l'Institut de biologie physicochimique (IBPC) pour y créer en 1967 le service de biospectroscopie qu'il ne quittera plus. En parallelle, il est nommé professeur titulaire de la chaîne de biochimie du Val de Grâce (service de santé des armées). Ses recherches se concentrent sur la description des intermédiaires moléculaires transitoires lors des réactions enzymatiques.
Il est le créateur et le directeur de l'unité de recherche Inserm 128 "Cryobiologie appliquée à l'étude de métabolismes" au Centre Inserm de Mende de Montpellier (1974-1980).
En 1977, il est nommé professeur au MNHN et succède ainsi à Charles Sadron dans la chaire de biophysique du Muséum, avec un laboratoire de physicochimie de l'adaptation biologique.
Il est le créateur et le directeur de l'unité mixte de recherche Inserm 310/Inra (Biologie moléculaire et cellulaire aux basses températures) à l'institut Curie (1987-1994)
Il est coordonnateur et pionnier, avec Gilbert Durand et Philippe Kourilsky, du programme national des biotechnologies au ministère de la recherche et de la technologie (1981-1985). Daniel Thomas lui succède à cette fonction de 1985 à 1993.
Pierre Douzou est président directeur général (1989-1990), puis président du conseil d'administration (1990-1991), puis président honoraire de l'INRA.
Il a été président du conseil scientifique de l'Inserm (1980-1981).
Il fut toujours un grand défenseur de la biophysique et de la biologie structurale.
Pierre Douzou est l'inventeur de la cryo-enzymologie. Il crée un ensemble expérimental rendant possible l'expérimentation des enzymes dans des "Antigels" pouvant être portés à -100°C si nécessaire sans altérer ces enzymes dont les réactions sont alors considérablement ralenties et sont ainsi analysables en grand détail. Cette méthode originale s'inspire du comportement hivernal de larves d'insectes qui évitent la congélation et la mort par la biosynthèse de polyalcools à partir de glycogène. Il met au point différents antigels synthétiques dans lesquels il recrée l'environnement ionique nécessaire aux enzymes. Des réactions dont la durée est de l'ordre du cent-millième de seconde peuvent alors se dérouler sur plusieurs secondes ou minutes.
Ces procédés ont été étendus à l'étude d'enzymes organisés en complexes multi-enzymatiques incorporées dans des biomembranes.
Pierre Douzou est co-auteur de plus de 130 publications dont :
P. Douzou,* R. Sireix, and F. Travers. Temporal resolution of individual steps in an enzymic reaction at low temperature. Proc Natl Acad Sci USA 1970 Jul; 66(3): 787–792.
Debey P, Balny C, Douzou P. Enzyme assay in microsomes below zero degrees. Proc Natl Acad Sci USA 1973 Sep;70(9):2633-6.
Travers F and Douzou P. Dielectric constant of mixed solvents used for a low temperature biochemistry. Biochimie, 56 (4), 509-514, 1974.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont :
Pierre Douzou, Cryobiochemistry: An introduction, Londres : Academic Press, 1977.
Pierre Douzou, Gilbert Durand et Gérard Siclet, Les biotechnologies, Paris : PUF (Que sais-je ?), 2001, 128 p.
Il publie sa biographie dans :
Pierre Douzou. Vous cherchez quoi au juste ?, Paris : Odile Jacob, 1994.
Pierre Douzou, Vous cherchez quoi au juste ?, Paris : Odile Jacob, 1994.