Diplôme de l'EPHE (IVe section)
Les travaux de François Secret ont porté principalement sur l'histoire de la kabbale chrétienne, l'histoire de l'alchimie et (plus marginalement) de la magie à la Renaissance (XVIe-XVIIe siècle).
Ennemi des synthèses, qu'il estimait prématurées dans son domaine de prédilection, c'est cependant une tentative de ce genre qu'il publie préalablement à son élection à l'EPHE en 1965 (Les kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Paris, 1964). Deux importantes monographies avaient précédé cet essai pionnier, Le Zohar chez les kabbalistes chrétiens (1958) ainsi qu'une édition de textes du cardinal Gilles de Viterbe (Rome, 1959), qui avait initialement attiré l'attention de Georges Vajda.
Avant toute chose, François Secret se voulait un éditeur de documents, soucieux des détails et de la précision historiques. Naturellement conscient de défricher un domaine jusqu’à lui peu fréquenté, sa motivation première était en conséquence de (re)mettre à la disposition des lecteurs les textes des auteurs qu’il exhumait et de présenter leur pensée avant tout par le biais privilégié du contact direct avec leurs œuvres. Ceci est attesté par le nombre considérable de manuscrits qu’il remit au jour et édita, comme ceux de Gilles de Viterbe mentionnés ci-dessus ou tant d’autres de son cher Guillaume Postel, dont il était un connaisseur incomparable.
Grand lecteur de manuscrits et visiteur assidu des fonds de bibliothèques, François Secret entend de fait privilégier la recherche des liens discrets entre des auteurs et des œuvres apparemment indépendants ou isolés, l’intérêt pour les corrélations insoupçonnées révélées par l’étude patiente des correspondances, préfaces, épîtres, pièces liminaires ou poèmes dédicatoires et il est aisé de constater que de tels éléments d’érudition forment bien souvent le fond – quand ce n’est pas le sujet direct – d’une grande part des innombrables articles publiés par lui dans les plus grandes revues érudites consacrées à l’histoire de la Renaissance.
Pour autant, même si ce n’était évidemment pas la vocation première de son travail, François Secret n’était pas opposé à toute forme de vulgarisation, comme en témoignent les multiples articles qu’il a rédigés pour l’Encyclopedia Universalis ou le Dictionnaire des Mythologies.
Dans certaines publications, F. Secret a même poussé jusqu’à l’occultisme des XIXe et XXe siècles (un Eliphas Lévi [1810-1875] par exemple, ou un Paul Vulliaud (1875-1950)), dont il était un connaisseur aussi averti que discret, l’étude des traces et des prolongements des doctrines qu’il examinait ordinairement dans le cadre de l’Humanisme renaissant. Pour l’historien impartial qu’il entendait être, il s’agissait là – en dépit de l’affaiblissement spéculatif et érudit fréquemment subi au passage par le traitement des sources – d’un matériau de recherche tout aussi pleinement légitime.
Études et monographies
- Le Zöhar chez les kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Paris : Durlacher, 1958 (2e édition Paris : Mouton, 1964, 143 p.).
- L'Esotérisme de Guy Le Fèvre de la Boderie, Genève : Droz (Études de Philologie et d'Histoire 10), 1969, 168 p.
- Bibliographie des manuscrits de G. Postel, Genève : Droz (Études de Philologie et d'Histoire 16), 1970, 152 p.
- Les kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Paris : Dunod (Sigma 5), 1964, 362 p. (2e édition Milan : Archè, 1985).
- Hermétisme et kabbale, Naples : Bibliopolis (Lezioni della Scuola di Studi superiori in Napoli 15), 1992, 146 p.
- Postel revisité. Nouvelles recherches sur Guillaume Postel et son milieu, Paris-Milan : SEHA-Archè, 1998, 257 p.
Éditions de textes
- Egidio da Viterbo, "Schechina" e "Libellus de litteris hebraicis", Rome, Centro Internazionale di Studi Umanistici, Edizione Nazionale dei classici del pensiero italiano, sér. II, 10-11, 1959 (2 vol.)
- Guillaume Postel (1510-1581) et son Interprétation du candélabre de Moyse en hébreu, latin, italien et français, Nieuwkoop, De Graaf, 1966, 434 p.
- G. Postel, Le Thrésor des Prophéties de l'Univers, La Haye : M. Nijhoff (Archives internationales d'histoire des idées 27), 1969, 270 p.
- G. Postel, Apologies et Rétractions, Nieuwkoop : De Graaf (Bibliotheca Humanistica et Reformatorica III), 1972, 271 p.
- Federigo Borromeo, De Cabbalisticis inventis libri duo, Nieuwkoop : De Graaf (Bibliotheca Humanistica et Reformatorica XXV), 1978, 80 p.
- Postelliana, Niewkoop : De Graaf, 1981, 366 p.
- G. Weill, Vie et caractère de Guillaume Postel, Milan : Archè, 1987, 336 p.
Traductions
- J. Reuchlin, La Kabbale (De arte cabalistica), Paris : Aubier (Pardès), 1973 (rééd. et facsimilé du texte latin Milan-Paris : Archè-Edidit, 1995, 376 p.).
- G. Postel, Paralipomènes à la vie de François Ier, Milan : Archè, 1989, 336 p.
Articles
- « Du "De occulta philosophia" à l'occultisme du XIXe siècle », RHR (1974), revue et augmentée dans Charis - Archives de l'Unicorne 1 (1988), p. 5-30.
- « Eliphas Lévi et la kabbale », ibid., p. 81-89
Sylvain Matton (éd.), Documents oubliés sur l'alchimie, la kabbale et Guillaume Postel offerts à François Secret, Genève : Droz, 2001 (avec une bibliographie complète des travaux de F. Secret).
Rosanna Gorris Camos (dir.), Les Muses secrètes. Kabbale, alchimie et littérature à la Renaissance. Actes de la journée en hommage à François Secret, 18 octobre 2005, Genève : Droz (Cahiers d'Humanisme et de Renaissance 115), 2013.
Jean-Pierre Brach, « Note sur l'œuvre de François Secret », Rivista di Storia e Letteratura Religiosa, 3/2011, p. 595-602.