Périgourdin par le père (Paul Tardieu, né à Mareuil-sur-Belle le 10/01/1905) et Charentais par la mère (Fernande Pichon, née à Blanzaguet le 01/03/1903). Dans cette famille catholique, de quatre enfants (deux filles, deux garçons), la mère est sans profession ; le père a exercé plusieurs métiers (chauffeur, garde-champêtre, employé municipal).
1949-1957, études secondaires (latin, grec) à Bergerac (Dordogne) ;
1957-1967, études universitaires générales (cursus de lettres classiques, + philosophie et théologie) successivement à Bordeaux, Toulouse et Le Saulchoir d’Étiolles (Essonne), entrecoupées de 18 mois de service militaire comme soldat de deuxième classe dans l’infanterie de marine, à Fréjus (Var), puis à Papeete (Polynésie française), de septembre 1961 à février 1963.
1968-1976 : études spécialisées complémentaires en anthropologie et langues orientales (syriaque, copte, arabe) à Paris. Enseignements suivis à l’EPHE-VIe section : MM. Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Marcel Detienne ; EPHE-Ve section : MM. Henri-Charles Puech, Pierre Hadot, Antoine Guillaumont, Pierre Nautin ; EPHE-IVe section : Michel Malinine, Antoine Guillaumont, Philippe Gignoux ; Paris-IV Institut de papyrologie : M. Scherer ; Institut Catholique (École des langues et civilisations orientales anciennes) : MM. Graffin, Du Bourguet.
1972 Doctorat de Troisième Cycle en Science des religions, Paris-IV Sorbonne.
1973 Attaché de recherches au CNRS, section d’Histoire des sciences.
1976 Directeur d’études, EPHE, Ve section.
1983 Doctorat ès-lettres, Paris-IV Sorbonne.
Directeur d’études, Ve section, 1976-1991.
Membre du bureau de la Ve section, comme chargé de la bibliothèque, de la scolarité et des publications, sous la présidence de Claude Tardits, 1982-1985, et membre du Bureau de l’EPHE (mêmes dates).
Directeur de l’URA 152 (Centre d’études des religions du livre), laboratoire de l’EPHE associé au CNRS, de janvier 1984 à février 1991.
1984 Directeur de l’URA 152 (Centre d’études des religions du livre).
1991 Professeur au Collège de France.
2008 Professeur honoraire au Collège de France.
Professeur au Collège de France, chaire d’Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité, 1991-2008.
Centrées sur la variété des phénomènes religieux au Proche- et Moyen-Orient du IIe au VIe siècle, les recherches de Michel Tardieu ont pour but d’étudier les formes de pratiques et de croyances qui ont marqué les étapes décisives de l’évolution des mentalités à la fin du monde antique.
Etapes décisives, d’abord parce que c’est à cette époque qu’ont été posés, en réaction aux courants et systèmes gnostiques, les fondements scripturaires et doctrinaux de l’héritage actuel du christianisme ; ensuite, parce que, dans le brassage sans précédent de traditions, de rites, de langages, d’images et d’idées, qui caractérise cette époque, s’élaborent à l'intérieur de groupes mésopotamiens judéo-chrétiens puis manichéens les notions de prophète et de communauté qui trouveront leur accomplissement avec l’islam ; enfin, parce que c’est dans ces siècles que les vieilles religions locales se sont éteintes les unes après les autres, sous l’œil attentif de témoins directs de leurs particularismes, les derniers philosophes grecs païens, et parce que les observations laissées par eux sur ce processus de mutation de leur religiosité, de leur sensibilité et de leur imaginaire intéressent en droite ligne la prise de conscience que nous pouvons avoir de nos propres mutations. D’où les directions prises par ses travaux dans les domaines de trois religions méconnues : gnosticisme, manichéisme, néoplatonisme.
Elles ont en commun de constituer des groupes minoritaires dans des environnements hostiles. Mais chez ces opposants, on écrit beaucoup. Leurs œuvres posent d’énormes problèmes du point de vue de leur composition, de leurs genres littéraires, de leurs sources, de leurs milieux d’origine et de leurs destinataires. Toutes font état de traditions secrètes, utilisent des recueils d’oracles, composent des hymnes, se réclament de séries de révélateurs. Les adeptes mènent une vie ascétique et suivent des calendriers originaux de jeûnes et de fêtes. Leur imaginaire foisonne de démons et de dieux, de faits étranges et merveilleux pris à toutes les cultures. Un trait propre à la littérature manichéenne est l’usage massif d’exempla tirés des contes et légendes de tradition orale entre Mésopotamie et Inde. Par ailleurs, les exposés d’éthique, de psychologie et de métaphysique qui sont sortis de ces groupes, les récits sacrés qui s’y trouvent résumés, commentés ou paraphrasés, aucun n’est localisé. De là nécessité de découvrir des cheminements et de marquer des étapes.
— Trois mythes gnostiques. Adam, Éros et les animaux d’Égypte dans un écrit de Nag Hammadi (II, 5), Paris : Études Augustiniennes / Turnhout : Brepols, 1974.
— Hans Lewy, Chaldaean Oracles and Theurgy. Mysticism, Magic, and Platonism in the Later Roman Empire, Paris : Études Augustiniennes / Turnhout : Brepols, 1978 ; 3e éd., 2011.
— Le manichéisme, coll. Que Sais-Je ?, n° 1940, Paris : PUF, 1981 ; 2e édition corrigée, 1997. Multiples traductions.
— Codex de Berlin, Paris : Cerf, 1984.
— Les paysages reliques. Routes et haltes syriennes d’Isidore à Simplicius, Louvain : Peeters / Paris : Vrin, 1990.
— Recherches sur la formation de l’Apocalypse de Zostrien et les sources de Marius Victorinus, Louvain : Peeters, 1996 (coll. Res Orientales 9).
En collaboration
— avec J.-D. Dubois, Introduction à la littérature gnostique, I. Collections retrouvées avant 1945, Paris : Cerf - CNRS Éditions, 1986, 152 p.
— avec B. Tambrun-Krasker, Oracles chaldaïques. Recension de Georges Gémiste Pléthon. Édition critique. La recension arabe des Magica Logia, Athens : The Academy of Athens, 1995 (Corpus Philosophorum Medii Aevi 7).
— avec A. van den Kerchove et M. Zago, Noms barbares I. Formes et contextes d’une pratique magique, Turnhout : Brepols, 2013.
— avec D. Lauritzen, Le voyage des légendes. Hommages à Pierre Chuvin, Paris : CNRS Éditions, 2013.
— avec M. Gorea, Autorité des auteurs antiques : entre anonymat, masque et authenticité, Turnhout : Brepols, 2014.
Choix d’articles 2015-2017
— « Les positionnements socio-culturels de la correspondance Doresse-Puech 1947-1970 », dans É. Crégheur, J.-M. Robinson, M. Tardieu (éd.), Histoire des manuscrits gnostiques coptes, Québec : Presses de l’Université Laval, 2015, p. 1-156 (Bibliothèque Copte de Nag Hammadi, Section «Études» 9).
— « L’oiseau d’or et les deux paons. Paraboles barlaamiennes de l’absence entre Mani et Ibn Bâbûya », dans M. A. Amir-Moezzi (dir.), L’ésotérisme shi‘ite, ses racines et ses prolongements, Turnhout : Brepols, 2016, p. 193-202.
— « Cumont et le manichéisme », dans D. Praet, M. Tardieu (éd.), Franz Cumont. Manichéisme, Roma : Academia Belgica, 2017, p. XI-XLIII.
— « La parabole de l’Homme dans le puits (église Saint-Jean, Joigny) : quelle signification ? », L’Écho de Joigny 77 (2017), p. 7-21.
— « La réécriture manichéenne de la Princesse amoureuse d’un joueur de nây », dans Kl. Röhrborn, Z. Özertural (éd.), Eine untergegangene Weltreligion : der Manichäismus im Spiegel seiner Buch- und Schriftkultur, Göttingen : Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, Societas Uralo-Altaica, 2017, p. 85-93.
M.-A. Amir-Moezzi, J.-D. Dubois, C. Jullien, F. Jullien (dir.), Pensée grecque et sagesse d’Orient. Hommage à Michel Tardieu, Turnhout : Brepols, 2009, 752 p. (Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences religieuses 142).
— « Comme si j’avais marché sur la lune… », dans Volume de mélanges 2009, p. 11-20.
— I. Hadot, Le néoplatonicien Simplicius à la lumière des recherches contemporaines. Un bilan critique, Sankt Augustin : Academia Verlag, 2014, 311 p. Traduction anglaise en cours.