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Nom Renou
Prénoms Louis, Marie Joseph
Naissance Paris (France) (28 octobre 1896)
Décès Vernon (Eure, France) (18 août 1966)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Langue sanskrite (septembre 1929 à juin 1966)
Distinctions
Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1946)
Honorary Fellow de la Royal Asiatic Society (1948)
Membre correspondant de l'Académie Japonaise (1953)
Membre correspondant de la School of Oriental and African Studies (Londres) (1958)
Origines familiales

Famille de bonne bourgeoisie française non universitaire.

Situation de famille

Brève union avec la celtisante Marie-Louise Sjoestedt (1900-1940), qui connut une fin tragique. De la seconde, avec Marie-Simone (1912-2001), il a trois enfants: Thierry, Laurent et Krishnâ.

Études et formations

– Études secondaires brillantes au lycée Janson de Sailly (Paris), bachelier ès-lettres (juillet 1914).

– Études supérieures interrompues pour effectuer son service militaire. Louis Renou est au front puis est fait prisonnier (1915-1919).

– Études reprises après l'armistice.

– Licencié ès-lettres (mars 1920).

– Agrégé de grammaire (1921), reçu premier.

– Hésitant sur la voie à emprunter pour la recherche, Louis Renou s'oriente définitivement vers les études indiennes après que son ami Emile Benveniste lui a mis entre les mains les manuels de sanskrit d'Abel Bergaigne et de Victor Henry et l'a entraîné au cours d'Antoine Meillet à l'EPHE. "Ce fut pour lui une double révélation. Il avait désormais trouvé sa voie, et si pendant quelque temps il hésita entre la grammaire comparée et l'indianisme, les conseils de ses maîtres A. Meillet et S. Lévi le décidèrent à opter définitivement pour les études sanskrites" (Benveniste 1966, p. 1). Il suit aussi les conférences de Jules Bloch.

– Docteur ès-lettres en 1925 avec deux thèses : l'une sur La valeur du parfait dans les hymnes védiques (Paris : Champion, 1925) et l'autre consistant en l'édition du chapitre de La Géographie de Ptolémée sur l'Inde (Paris : Champion, 1925).

– La Section des sciences historiques et philologiques de l'EPHE est le cadre où s'épanouit la vocation du jeune indianiste. En 1925, devant l'auditoire de la conférence de Jules Bloch, il présente une série d'exposés sur Les maîtres de la philologie védique (devenu un livre en 1928, Paris : Geuthner).

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Directeur d'études de "Langue sanskrite" à la IVe section de l'EPHE (1929-1966), successeur de Louis Finot démissionnaire de l'EPHE. Ce dernier, dans sa lettre de démission, suggère l'élection de Renou pour poursuivre et développer l'enseignement du sanskrit. 

Parcours professionnel hors EPHE

– Professeur agrégé au lycée Corneille à Rouen (1921-1922), puis congé pour convenances personnelles

– Maître de conférences de sanskrit à l'Université de Lyon (1925-1929)

– Professeur de sanskrit à la Faculté des Lettres (1936, successeur d'Alfred Foucher (-1966)

– Directeur de l'Institut de Civilisation Indienne de l'Université de Paris (1937-1966)

– Mission en Inde du Ministère des affaires étrangères (4 octobre 1948 - 31 mars 1949) : pendant ce séjour, Louis Renou donne de très nombreuses conférences dans les universités indiennes, du nord au sud. Il séjourne à Poona, principalement au Deccan College où il conseille l'équipe indienne désireuse de produire un dictionnaire du sanskrit sur le modèle du Thesaurus latin et engage le projet concrètement. Les articles lexicographiques publiés par Louis Renou dans la revue (éphémère) Vāk (vol. 1, 1951 à 4, 1954) sont des exemples concrets du travail envisagé. Lors d'un séjour à Rajeldesar (district de Bikaner, Rajasthan), il découvre le jaïnisme vivant lors de cérémonies organisées par la secte des Terāpanthin.

– Professeur invité à l'Université de Yale, États-Unis (1953)

– Directeur de la Maison franco-japonaise de Tokyo (avril 1954-mai 1956)

– Inaugure la série de conférences intitulée "Jordan Lectures on Comparative Religion", Londres (1951) en traitant des religions indiennes (Religions of Ancient India, Londres, 1953).

– Président de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1958.

Autres activités

Membre correspondant de l'Académie Japonaise en 1953, il devient membre honoraire en 1956.

Son épouse Marie-Simone Renou, 1912-2001, fut aussi sa collaboratrice et publia indépendamment en tant qu'auteur des ouvrages de vulgarisation sur l'Inde, voir "Marie-Simone Renou" par C. Caillat, Journal Asiatique 289, 2001, n°2, p. 167-169.

Domaines de recherches

L'œuvre de Louis Renou, qui est incontestablement l'un des indianistes mondiaux les plus importants du XXe siècle, couvre l'intégralité du domaine sanskrit en philologue accompli. Renou travaille en lecteur de textes, attiré surtout par "le secret de leur organisation propre, de leurs correspondances mutuelles, les caractéristiques formelles, massives ou ténues, qui définissent un genre ou une tradition littéraires" (Malamoud 1968, p. 63) et conduit  "une vaste explication sans cesse reprise, élargie et détaillée de la civilisation indienne en ses aspects majeurs: langue, poésie, rituel" (Benveniste 1966, p. 3). L'approche, toujours nourrie de la lecture minutieuse des textes, tient du structuralisme. L'œuvre de Renou, régulière et abondante, d'un rythme très soutenu, se déploie en ouvrages, articles et comptes rendus. On peut y distinguer, comme le fait son ami E. Benveniste, "trois cercles" : les ouvrages accessibles aux hommes de large culture et qui leur procurent soit une vue d'ensemble de la civilisation indienne, soit le contact direct des œuvres importantes mises en français ; ceux du cercle intermédiaire, destinés aux étudiants ; ceux du cercle central qui constituent des travaux de haute érudition d'une grande densité qui concentrent des informations nombreuses et regorgent d'analyses précises. Renou a produit les outils de référence qui manquaient et sont en grande partie non remplacés aujourd'hui en français (dictionnaire sanskrit, grammaire sanskrite par exemple, traductions...).
Si l'on doit spécifier les domaines où la contribution de ce savant complet est particulièrement marquante, les études védiques et la grammaire sanskrite traditionnelle occupent des places de choix. L'exégèse du Veda, qu'il s'agisse de mythologie, de phonétique, de morphologie, de vocabulaire, de syntaxe, de stylistique, de rhétorique, de poétique, de rituel ou de liturgie, est le préalable à une interprétation d'ensemble. Le vyākaraṇa est un champ ouvert en France par Renou, qui donne une traduction française de la grammaire de Pāṇini, une Terminologie grammaticale du sanskrit, une édition et traduction de la Durghaṭavṛtti et un ouvrage en trois volumes sur la Kāśikvṛtti (Paris : EFEO, 1960, 1962, 1967). Ce dernier est écrit avec le savant japonais Yutaka Ojihara (1923-1991) dont le nom est indissociable de celui de Renou.

 

Publications principales

La bibliographie de L. Renou compte plus d'une quarantaine de volumes, plus de deux cents articles (souvent équivalant à des monographies) et plus de cinq cents comptes rendus. On se reportera à Bibliographie des travaux de Louis Renou établie par G.-J. Pinault (Supplément au Bull. d'Etudes Indiennes 13-14, 1995-96, 118 p.) et aux recueils suivants :

- L. Renou, Choix d'études indiennes réunies par N. Balbir et G.-J. Pinault, Paris, 1997, 2 vol. (Réimpressions EFEO ) ;

- L. Renou, L'Inde fondamentale. Études d'indianisme réunies et présentées par Ch. Malamoud, Paris : Hermann, 1978.

Livres (voir aussi ci-dessus)
- Kālidāsa, Le Raghuvamça (La lignée des fils du soleil) traduit du sanskrit, Paris : Geuthner, 1928.
- Grammaire sanscrite, Paris : A. Maisonneuve, 1930 (rééd. avec Addenda, 1961).
- Dictionnaire sanskrit-français (avec N. Stchoupak & L. Nitti), Paris : A. Maisonneuve, 1932.
- Vṛtra et Vṛthragna. Étude de mythologie indo-iranienne (avec E. Benveniste), Paris : Cahiers de la Société Asiatique III, 1934.
- Hymnes et prières du Véda, Paris : A. Maisonneuve, 1938.
- La grammaire de Pāṇini, traduite du sanskrit avec des extraits des commentaires indigènes, Paris : Klinksieck, 3 fasc., 1947, 1951, 1954.
- Grammaire de la langue védique, Lyon, 1952.
-  Terminologie grammaticale du sanskrit, 3 fascicules. Paris, 1942 (Bibl. de l'EPHE, IVe section, fasc. 280 à 282). Rééd. en un vol. Paris : Champion, 1957.
- La poésie religieuse de l'Inde antique, Paris, 1942.
- Sanskrit et culture, Paris, 1950.
- La civilisation de l'Inde ancienne, Paris, 1950.
- Śaṅkara. Prolégomènes au Védânta,  Paris : A. Maisonneuve, 1951.
- L'Inde classique, Manuel des études indiennes (avec Jean Filliozat), Paris, 1947-49 (vol.1), Hanoi, 1953 (vol. 2).
- Histoire de la langue sanskrite, Lyon, 1956.
- Hymnes spéculatifs du Véda, 1956.
- Etudes védiques et pāṇinéennes, t. I à XVII, Paris: Publ. de l'Institut de Civilisation Indienne, 1955 à 1969.

Articles (voir aussi les deux volumes mentionnés ci-dessus)
- "Sylvain Lévi et son œuvre scientifique", Journal Asiatique 228 (1936), p. 1-59.
- "Jean Przyluski (1885-1944)", Annuaire de l'EPHE, Section des sciences historiques et philologiques, 1944-47, p. 5-7.
- "Sur la structure du kāvya", Journal Asiatique 247 (1959), p. 1-114.
- La recherche sur le théâtre indien depuis 1890, Annuaire de l'EPHE, Section sciences historiques et philologiques 1963-64, p. 29-49.
- Notes sur la version "paippalāda" de l'Atharvaveda, Journal Asiatique 252 (1964), p. 159-167 et 253 (1965), p. 15-42.

Volumes d'hommage

- Mélanges d'indianisme à la mémoire de Louis Renou, Paris: Institut de Civilisation Indienne, 1968.
- N. Balbir, G.-J. Pinault avec J. Fezas (éd.), Langue, style et structure dans le monde indien. Actes du Coll. int. centenaire de la naissance de Louis Renou, Paris : Champion, 1996 (Bibl. de l'École des Hautes Études, t. 334).

Publications au sujet de la personne

- E. Benveniste, "Notice sur la vie et le travaux de M. Louis Renou 28 octobre 1896 - 18 août 1966", membre de l'Académie, lue dans la séance du 16 septembre 1966, CRAI (1966), p. 395-401.
- Louis Renou in Memoriam, Institut de Civilisation Indienne de l'Université de Paris, 1967. Allocutions prononcées à l'Institut de Civilisation Indienne le 12 décembre 1966 par P. Chantraine, A. Minard, O. Lacombe, J. Filliozat et C. Caillat suivies de deux lettres de E. Lamotte et D. Lévi.
- "Herdenking van Louis Marie Joseph Renou (28 oktober 1896 - 18 augustus 1966)", Jaarboek der Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, Amsterdam, 1966-67, p. 412-417.
- John Brough, "Professor Louis Renou", Journal of the Royal Asiatic Society 1967, p. 181.
- Yutaka Ojihara, "Louis Renou (1896-1966)", T'oung Pao 53 (1967), p. 190-196.
- Colette Caillat, "Louis Renou (1896-1966)", Annales de l'Université de Paris 38e année, janvier-mars 1968, p. 57-64.
- Charles Malamoud, "Louis Renou 1896-1966", Indo-Iranian Journal 11, 1 (1968), p. 61-67.
- Edwin Gerow, "Renou's place in Vedic exegetical tradition", Journal of the American Oriental Society 88 (1968), p. 310-333.
- Pierre-Sylvain Filliozat, "Louis Renou 1896-1966", Annuaire de l'EPHE, Section des sciences historiques et philologiques, 1968-69, p. 45-50.

Auteur de la notice
Nalini Balbir
Mise à jour
 le 16 mars 2018 - 10:15