Fils de Jean-François Bernard (1785-1847), négociant en vin et propriétaire, et de Jeanne Saunier (1789-1867), Claude Bernard est l'aîné de 4 enfants dont seule survivra sa sœur Antoinette-Caroline.
Marié le 6 mai 1845 à Marie-Françoise (dite Fanny) Martin, deux enfants survivantes : Jeanne-Henriette (1847) et Marie-Louise (1850). Divorcé le 22 août 1870.
Collège des jésuites de Villefranche, puis Collège royal de Thoissey de 1821 à 1831
Elève en pharmacie d'officine de 1832 à 1833
Bachelier ès Lettres de la Faculté des Lettres de Paris le 22 août 1834
Concours de l'Externat en 1836
Concours de l'Internat en 1839
Docteur en médecine le 7 décembre 1843 : "Du suc gastrique et de son rôle ans la nutrition"
Docteur ès Sciences naturelles en 1853 : "Étude de la fonction glycogénique du foie"
A 55 ans et déjà couvert de gloire scientifique, Claude Bernard se pencha sur le berceau de l'EPHE lors de sa nomination à la commission de patronage de la IIIe Section des Sciences naturelles, aux côtés de Henri Milne-Edwards, Joseph Decaisne, Edmond Hébert et Édouard-Charles Brongniart. « L'étude pratique de la Physiologie est d'une grande importance pour les progrès de l'art de la médecine, ainsi que pour l'avancement des sciences naturelles, aussi est-elle cultivée à divers points de vue dans plusieurs laboratoires de l'École Pratique des Hautes Études », déclare-t-il, et très vite, pour mettre en application ce précepte, il prend la direction de deux laboratoires.
Le premier, rattaché à sa chaire de Physiologie expérimentale du Collège de France et dont le "chef" est Louis-Antoine Ranvier, est plutôt dévolu à ses enseignements pratiques. Parmi ses élèves figure Louis-Charles Malassez, qui laissera à la biologie un hématimètre encore en usage dans les laboratoires modernes. Le "Laboratoire d'Histologie du Collège de France", ainsi qu'il est nommé dans le "Rapport", est rattaché dès août 1875 à la chaire d'Anatomie générale sous la direction de Louis Ranvier, Louis Malassez en étant le sous-directeur. Claude Bernard reste néanmoins directeur du laboratoire de physiologie rattaché à la chaire de médecine et où officient Arsène d'Arsonval et Albert Dastre.
Le second laboratoire, rattaché à sa toute nouvelle chaire de Physiologie du Muséum d'Histoire Naturelle, accueille les travaux de recherche de ses élèves et collaborateurs en physiologie comparée, sous sa direction. Parmi ses collaborateurs, on trouve les noms devenus illustres de Moreau, Balbiani, Philipeaux et surtout Nestor Gréhant qui lui succèdera quelques années après sa mort (1893). Les résultats de ces travaux ainsi que le décompte des étudiants ayant suivi ses leçons est fidèlement transcrit dans le rapport annuel d'activité qu'il envoie au Ministère. Ceux-ci, ainsi que ceux établis par ses successeurs, nous indiquent qu'il poursuivra son activité de recherche jusqu'à sa disparition.
Jusqu'au terme de sa vie, Claude Bernard restera membre de la Commission de patronage de la section des sciences naturelles aux côtés de Edmond Hebert, Joseph Decaisne et Pierre Duchartre sous la présidence de Henri Milne-Edwards.
1839 : Interne à l'Hôtel-Dieu
1841 : Préparateur du grand physiologiste François Magendie au Collège de France
1847 à 1878 : Suppléant puis remplaçant (1855) de Magendie comme Professeur de Médecine expérimentale au Collège de France
1854 à 1868 : Professeur de Physiologie générale à la Sorbonne
1868 : Transfert de sa chaire de Professeur de Physiologie générale au Muséum national d'histoire naturelle
Dramaturge, auteur d'une pièce "Arthur de Bretagne" éditée après sa mort (écrite en 1833, éditée en 1887 puis 1943)
Philosophe, auteur de Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, 1865
Élu à l'Académie française en 1868 et membre associé à l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon en 1869.
Nommé Sénateur du second Empire en 1869.
Commissaire de l'Exposition universelle en 1876.
“C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d'apprendre.” Cette phrase de Claude Bernard dans son « Introduction à l'étude de la médecine expérimentale » résume bien la réflexion du grand médecin physiologiste sur la nécessité d’une remise en cause expérimentale des idées en Sciences naturelles.
C’est ainsi, en expérimentant pendant une vingtaine d’années devant ses étudiants et ses jeunes collègues, et avec leur aide, que cet infatigable travailleur réunit autour de lui l’élite des physiologistes français formés au sein de l’Université, de la Sorbonne, du Muséum… mais surtout au sein de l’EPHE dont la Section des Sciences naturelles lui offre un cadre pour la formation à et par la recherche expérimentale.
Si son maître, François Magendie, a introduit la physiologie expérimentale à l’Université, Claude Bernard a su la formaliser et en faire une science. Observation, expérimentation et raisonnement ont été appliqués avec succès par Claude Bernard à des champs de recherche aussi divers que le fonctionnement du système nerveux, du pancréas, du foie en mettant ce fonctionnement en lien avec l’activité du système nerveux... ou son dérèglement. Plus généralement, Claude Bernard a défini et exploré les « milieux intérieurs » de l’organisme, jetant ainsi les bases de l’homéostasie, état d'équilibre permettant le bon fonctionnement des processus biologiques de la vie ainsi que le définira W.B. Cannon en 1932.
Après avoir expérimenté et enseigné sa vie durant, Claude Bernard eut le génie d'élaborer une véritable épistémologie de la science de son temps en physiologie, médecine, pharmacologie. Son approche positiviste interroge en premier lieu l'influence pernicieuse de l'hypothèse et du dogme sur le raisonnement du scientifique qui devra se doter, par l'observation et l'expérimentation, des arguments de sa théorie . Pour lui, tout phénomène biologique est régi par des lois naturelles, vérifiables expérimentalement et prévisibles. La science contemporaine est née des germes déposés par Claude Bernard dans son œuvre philosophique la plus connue : "Introduction à l'étude de la médecine expérimentale" (1865).
Du suc gastrique et de son rôle dans la nutrition, Paris, thèse de médecine de Paris n° 242, 1843, 34 p.
De l'origine du sucre dans l'économie animale, Paris : Rignoux, in "Extrait des Archives générales de médecine, Travail présenté à la Société de biologie, dans sa séance du 21 octobre 1848", 26 p.
Du suc pancréatique et de son rôle dans les phénomènes de digestion, Paris : Rignoux, in "Extrait des Archives générales de médecine, Memoire lu à la Société de biologie", 1849, 30 p.
avec T.-J. Pelouze, Recherches sur le curare. Paris : CR Acad. Sciences, 1850, 537p.
De la Physiologie Générale, Paris : Hachette, 1872, 339 p.
Recherches sur une nouvelle fonction du foie considéré comme organe producteur de matière sucrée chez l'homme et chez les animaux, Paris. Martinet. Thèse présentée à la faculté des sciences de Paris, 1853, 99 p.
Recherches expérimentales sur le grand sympathique et spécialement sur l'influence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur animale, Paris : Thunot, 1854, 35 p.
Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine, Paris : Baillière, 1854-1856, 2 tomes, 1070 p.
Sur le mécanisme de la formation du sucre dans le foie, Paris, in C.R. Acad. Sci., 1855, 41-461-469
Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses, Paris : Baillière, 1857, 488 p.
Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux, Paris : Baillière, 1858, 1071 p.
Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'organisme, Paris : Baillière, 1859 (2 tomes), 991 p.
Études physiologiques sur quelques poisons américains: le curare, Paris, in Revue des Deux Mondes, 1864, 53, 164-190.
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Paris : Delagrave, 1865, 398 p.
Leçons sur les propriétés des tissus vivants, Paris : Germer Baillière, 1866, 504 p.
Rapport sur les progrès et la marche de la physiologie générale en France, Paris : Imprimerie Impériale, 1867, 254 p.
Leçons de pathologie expérimentale - Cours de médecine du College de France, Paris : Baillière, 1872, 604 p.
Leçons sur le diabète et la glycogenèse animale, Paris : Baillière, 1877, 576 p.
Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, Paris : Baillière, 1878-1879 (2 tomes), 1028 p.
Mirko Grmek, Raisonnement expérimental et recherches toxicologiques chez Claude Bernard, Genève : Droz, 1973.
Mirko Grmek, Le Legs de Claude Bernard, Paris : Fayard, 1997.