Bernard Halpern est né en Ukraine dans une modeste famille juive de 8 enfants. Son père est commerçant. Dans sa famille, il apprend le polonais, le yiddish, le russe et l'hébreu et est éduqué par un instituteur, prêtre de l'Église uniate, qui lui enseigne les mathématiques, le latin, l'allemand et le français. En 1915, il est déporté en Sibérie avec sa famille par le gouvernement du tsar. Ils ne reviennent en Ukraine qu'après la révolution et Bernard Halpern reprend ses études auprès du prêtre uniate. Il quitte définitivement l'Ukraine en 1920 après l'attaque de son village par les cosaques. Seul, à 16 ans, il rejoint la Pologne où il achève ses études secondaires en vivant grâce à des leçons données à ses camarades. Il se rend en France en 1925 où il suit des études de médecine à Nancy puis, en 1928, à Paris.
Marié avec Renée. 3 enfants : Marie-Christine, Françoise et Georges.
1925 Etudes de médecine à Nancy puis à Paris
1936 Docteur en médecine
En 1929, Jean Gautrelet, directeur du Laboratoire de Biologie expérimentale de l'EPHE, accueille Bernard Halpern dans son laboratoire comme aide bénévole, alors qu'il est étudiant en médecine venant de passer le concours de l'externat. Jean Gautrelet détecte les immenses qualités de cet étudiant attiré par les sciences biologiques et le nomme préparateur deux ans plus tard, en 1931, puis chargé de cours à l'EPHE. Comme Jean Bernard, Jean Hamburger, Jean Dausset et quelques autres, Bernard Halpern fait partie de la génération de médecins qui sont passés au laboratoire en début de carrière, ce qui était assez exceptionnel dans la médecine française de l'époque. En France, cette génération est à l'origine de l'installation de laboratoires de recherche médicale au sein de l'hôpital.
Après un parcours de chercheur dans le secteur privé puis au CNRS, il est élu directeur d'études (non appointé) à l'EPHE en 1959 et dirige le laboratoire de recherches allergiques et immunologiques de l'EPHE dès janvier 1960, laboratoire localisé dans un centre de recherches de l'Institut National d'Hygiène. Il est président de la section des Sciences de la Vie et de la Terre de 1967 à 1976. C'est à ce titre qu'il prononce un des discours lors de la cérémonie du centenaire de l'EPHE (Discours prononcé par M. Bernard Halpern. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1969-1970. Tome 77. 1968. pp. 77-82. www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1968_num_81_77_20543).
Après ses études de médecine, la carrière académique lui est fermée car, à cette époque, la réglementation française requiert 5 ans de résidence après la naturalisation pour devenir agrégé de médecine. En 1937, il entre à la société Rhône-Poulenc comme directeur d'un laboratoire de recherches pharmacologiques et y étudie les propriétés anti-histaminiques de molécules pour le traitement de diverses formes d'allergie. Il y côtoie un maître de la chimie organique, le Pr Marcel Delépine. Dans les laboratoires de recherche de cette société, il y découvre l'Antergan en 1942 puis la prométhazine (Phénergan), premiers anti-histaminiques utilisés en clinique humaine. Pendant la guerre de 1939-45, il doit quitter Paris et s'installe en Ardèche où il exerce comme médecin de campagne jusqu'à ce que la législation de Vichy le lui interdise. Il trouvera à nouveau refuge dans les laboratoires de Rhône-Poulenc installés à Lyon.
En 1945, il quitte l'industrie et entre au CNRS nouvellement créé comme Maître de recherche dans le service du Pr Louis Pasteur Vallery-Radot, à l'hôpital Broussais. C'est là qu'il poursuit sa carrière hospitalière, dans un service d'allergologie. Il est directeur de recherches au CNRS en 1948, puis directeur d'études à l'EPHE en 1959. En 1960, il est élu à la chaire de médecine expérimentale du Collège de France, celle-là même occupée par Claude Bernard qu'il admirait parce que celui-ci avait compris que la médecine et la physiologie sont indissociables et avait montré que la médecine ne trouve son épanouissement qu'en s'appuyant sur la science expérimentale. En 1955, à l’hôpital Broussais, Bernard Halpern crée le centre de recherches allergiques et immunologiques de l’Association Claude-Bernard/Institut national d’hygiène (INH), qui deviendra l’Inserm en 1964. Bernard Halpern dirige, jusqu’en 1976, l’unité de recherche 20 “Allergies et immunobiologie”.
Bernard Halpern est un grand immunologiste, un des pionniers de l'allergologie. Ses travaux sur l'anaphylaxie et sur le rôle de l'histamine ont joué un rôle majeur dans la compréhension des phénomènes d'hypersensibilité et plus largement des phénomènes immunitaires.
Il débute sa carrière dans l'industrie pharmaceutique où il met au point le premier médicament antihistaminique utilisable chez l'homme (l'Antergan) puis la Prométhazine (Phénobartibal) dont il découvre aussi les effets psycho-sédatifs, ouvrant la voie à la psychopharmacologie.
Il fait ensuite une carrière académique à l’hôpital Broussais. Il travaille sur le système réticulo-endothélial dont l’activité essentielle est la phagocytose, mécanisme qui contribue à la lutte de l’organisme contre l'invasion microbienne et le débarrasse des déchets cellulaires. Il s’intéresse au rôle de l'histamine, un médiateur chimique intervenant dans les réactions d'hypersensibilité, ainsi qu’aux questions relatives à la tolérance immunitaire. Ses travaux portent aussi sur l’étude du sérum antilymphocytaire, permettant de limiter le risque de rejet des greffes. En découvrant que Corynebacterium parvum stimule les macrophages et joue un rôle dans la destruction des cellules cancéreuses, il contribue au développement de l'immunothérapie du cancer.
Il est auteur de plus de 300 publications scientifiques.
Etienne Wolff, « Notice nécrologique sur Bernard Halpern, membre de la section de Biologie Humaine et Sciences médicales », C.R. Acad.Sci, Paris, 288 (1979), 130-136.
Comité des travaux historiques et scientifiques (Institut rattaché à l'Ecole nationale des Chartes) http://cths.fr/an/savant.php?id=112460#
https://www.cairn.info/revue-commentaire-1978-4-page-594.htm
Jean-François Picard, « Poussée scientifique ou demande de médecins ? La recherche médicale en France de l'Institut national d'hygiène à l'Inserm », Sciences sociales et santé 10, n°4 (1992) Contributions à l'histoire de la recherche médicale en France au XXe siècle, p. 47-106; doi : https://doi.org/10.3406/sosan.1992.1244
https://www.persee.fr/doc/sosan_0294-0337_1992_num_10_4_1244