Famille de vieille noblesse auvergnate.
Quatrième de dix enfants.
Père : Emmanuel Teilhard de Chardin, chartiste.
Mère : Berthe-Adèle Dompierre d'Hornoy, lointaine descendante de Marguerite-Catherine Arouet, sœur de Voltaire
Célibataire
Après ses études secondaires au collège jésuite de Mongré (Villefranche sur Saône), ayant obtenu son baccalauréat de philosophie en 1897, Teilhard de Chardin se voue à l’état de jésuite. Il effectue son noviciat à Aix-en-Provence en 1899-1901, puis à Jersey (1901-1905), sa « régence » (enseignement de physique-chimie dans un collège jésuite) au Caire (1905-1908), puis ses études de théologie à Hastings (Sussex) où il est ordonné prêtre en 1911.
Dans le même temps, il se livre en amateur à des recherches de géologie et de paléontologie. Lors de son séjour en Egypte, il recueille et publie des fossiles éocènes des environs de Minieh. En Angleterre, il effectue de nombreuses explorations géologiques et collecte des fossiles qu’il envoie à des naturalistes professionnels pour identification et publication. Teilhard mènera de front, toute sa vie durant, son engagement religieux et sa passion pour les sciences.
En 1912, il se rend à Paris pour effectuer un stage auprès du géologue et anthropologue Marcellin Boule au Muséum national d’histoire naturelle. Il fouille en 1913 à Altamira avec l’abbé Breuil.
Ses études sont interrompues par la guerre de 1914-18, il est brancardier et infirmier sur le front. Le 26 mai 1918, il prononce ses vœux solennels.
En 1918-20 il prépare une licence de sciences naturelles à la Sorbonne.
En 1922, il soutient sous la direction de Boule une thèse de Doctorat ès Sciences sur Les Mammifères de l’Eocène inférieur français et leurs gisements.
Teilhard de Chardin est nommé à l’EPHE en 1938 Directeur d’un laboratoire de « Géologie appliquée aux origines de l’Homme » créé pour lui à l’Institut de Paléontologie Humaine. Au moment de cette nomination, Teilhard, âgé de 57 ans, a déjà effectué une longue carrière de paléontologue et de géologue. Au rapport élogieux de Paul Rivet rendant compte de ses travaux scientifiques s’ajoutent de nombreuses interventions très favorables. Teilhard participe à quelques réunions de l’Assemblé de section en 1838.
Retenu en Chine entre 1939 et 1946 du fait de l’invasion japonaise, de la guerre en Europe et de l’interdiction de séjourner en France prononcée par sa hiérarchie, il met au propre ses travaux scientifiques et rédige Le phénomène humain, publié au lendemain de sa mort.
Il reçoit l'autorisation de rentrer en France en décembre 1945, et retrouve une certaine assiduité à ces réunions entre 1946 et 1949. Il restera membre de l’EPHE jusqu’en décembre 1951, ayant atteint la limite d’âge. Son laboratoire est dissout à son départ.
Teilhard de Chardin a publié, outre sa thèse, 209 articles scientifiques dont 74 en anglais, 70 articles en géologie, 49 en paléontologie et 49 en anthropologie).
Docteur ès Sciences en 1922, Teilhard devient président de la Société Géologique de France en 1922-1923.
Il est maître de Conférences associé de Géologie à l’Institut Catholique de Paris de 1922 à 1925.
En 1923, il répond à l'invitation du Père Licent (comme lui jésuite et affilié au Muséum de Paris) à venir travailler à Tien-tsin. D'avril 1923 à octobre 1924, il fait partie d'une mission qui a pour objet d'explorer le grand loess de Chine, au pays de I'Ordos, dans la boucle du Hoang-Ho, en Mongolie, aux confins du désert de Gobi. Les travaux conduisent à découvrir deux stations paléolithiques, mettant en évidence pour la première fois l'existence de l'Homme quaternaire en Chine.
A partir de 1929 il est associé au National geological Survey of China et conseiller honoraire au « Laboratoire Cénozoïque » formé au Medical College de Pékin avec le financement de la fondation Rockefeller, et sous la direction du médecin canadien Davidson Black, en collaboration avec des chercheurs chinois. Teilhard est responsable de la géologie et de la paléontologie des sites. Les fouilles de Chou-Kou-Tien (aujourd'hui Zhoukoudian) aboutissent à la découverte des vestiges de plus de quarante individus datés du Pléistocène inférieur, les Sinanthropes. Après le décès brutal de Black en 1934, Teilhard fait office de directeur par intérim de ce laboratoire jusqu'à l’arrivée de l'anthropologue Franz Weidenreich en 1936.
Il devient membre du Royal Anthropological Institute de Londres en 1937.
Lors de l’invasion de la Chine du Nord par l’armée japonaise en 1940, Teilhard organise à Pékin avec Pierre Le Roy un Institut de Géobiologie destiné à sauver les collections du Laboratoire Cénozoïque (qui seront finalement perdues) et celles du Musée de Tien Tsin.
De retour en France en décembre 1945, Il est directeur de recherches au CNRS en 1947, membre correspondant de l’Académie des Sciences en 1947, puis membre (non résidant) de l’ Académie des Sciences en 1950.
Jésuite, Teilhard reste toute sa vie proche de sa communauté, malgré d' importants différends sur certains points concernant ses positions philosophiques et théologiques.
Cependant, le penseur mystique et le philosophe sont difficilement séparables du scientifique. Ces différents types d'exercice de la pensée sont inextricablement liés dans sa vie comme dans son œuvre, même si, sur l'injonction de sa hiérarchie en 1925, Teilhard cesse de diffuser ses essais philosophiques pour ne plus produire que des articles scientifiques.
Au lendemain de sa mort en 1955, ses œuvres inédites sont publiées aux Éditions du Seuil en treize volumes sous l’égide d’un comité éditorial composé des plus grandes sommités scientifiques du moment (pour éviter la censure de l’Église catholique).
Les travaux scientifiques de Teilhard concernent la géologie, la paléontologie, la paléoanthropologie et l’évolutionnisme.
Paléontologue, il étudie en France les Mammifères de l’Eocène inférieur des phosphorites du Quercy, explore en Chine vingt et un sites du Carbonifère au Pliocène : il définit une nouvelle famille (les Siphnéïdés), 14 nouveaux genres et 93 nouvelles espèces fossiles. Son nom a été attaché à un grand nombre de taxons fossiles, parmi lesquels un genre de Primates ancêtres des Tarsiers (Teilhardina, Simpson 19 40) comportant huit espèces connues, et un genre de Rhinocéros (Teilhardia preciosa, Matthew & Granger, 1926).
Géologue, il contribue à l’établissement de l’histoire géologique de la Chine du Nord-Est, effectuant « une coupe complète Est-Ouest, allant de l’extrémité du Shantung aux confins du Pamir » et « une autre section Nord-Sud, presque aussi complète, descendant de Mandchourie jusqu’en bordure d l’Indochine ». En 1935, il établit sur plus de 100 kilomètres la coupe géologique de la région riche en fossile tertiaires des Siwaliks, en Inde.
Mais ce sont surtout les recherches en paléoanthropologie qui mobilisent ses compétences de géologue et de paléontologue : Teilhard s’applique à l’étude des niveaux Pléistocène dans les loess du désert de l’Ordos, où sont mis au jour les premiers sites quaternaires de Chine. Surtout, à partir de 1929, il est associé au Service Géologique National de Chine et au Laboratoire cénozoïque de Pékin et participe à ce titre à la découverte majeure, à Zhoukoudian, des Sinanthropes - Homo erectus pekinensis -. En 1935 et 1938, il se rend à Java et à Modjokerto, où il s’emploie à dater les gisements de Pithécanthropes.
Teilhard fut, surtout peut-être, un penseur de l’évolution, qui tenta de concilier une vision religieuse, voire mystique, du monde avec les sciences de la Vie et de la Terre. En cette première moitié du XXe siècle où les idées évolutionnistes restent débattues en France, Teilhard conçoit l’évolution comme une téléologie, orientée vers le « point Oméga », rencontre de la matière et de l’esprit, de l’Homme avec Dieu. Il n’y a pas de séparation réelle entre ses travaux scientifiques publiés de géologie, de paléontologie et de paléoanthropologie, et leur substrat théorique et évolutionniste, qui reste inédit de son vivant, mais dont une partie est diffusée sous la forme de brochures ronéotypées. Teilhard participe activement aux débats qui entourent l’introduction de la théorie néodarwinienne de l’Evolution en France en 1947, défendant la notion d’orthogénèse, centrale dans sa pensée évolutionniste et dans ses travaux de paléontologue.
Œuvres scientifiques
Les Mammifères de l'Eocène inférieur français et leurs gisements, Paris : Masson, 1922.
Le Groupe zoologique humain : structure et directions évolutives (préf. Jean Piveteau), Paris : Albin Michel, coll. « "Les savants et le monde», 1956, 173 p.
Pierre Teilhard de Chardin, L’œuvre scientifique, 1905-1955 N. et K. Schmitz-Moormann eds., Préface de Jean Piveteau, 10 vol., 4598 p. Freiburg im Breisgau : Walter-Verlag, 1971.
Œuvres philosophiques
Pierre Teilhard de Chardin, Œuvres complètes Paris : Seuil.
Vol. 1 Le Phénomène humain (1955) ;
vol. 2 L'Apparition de l'homme (1956) ;
vol. 3 La Vision du passé (1957) ;
vol. 4 Le Milieu divin (1957) ;
vol. 5 L'Avenir de l'homme (1959) ;
vol. 6 L'Énergie humaine (1962) ;
vol. 7 L'Activation de l'énergie (1963) ;
vol. 8 La Place de l'homme dans la nature (1965), réed. Albin Michel, Coll. Espaces libres (1996) ;
vol. 9 Science et Christ (1965) ;
vol. 10 Comment je crois (1969) ;
vol. 11 Les Directions de l'avenir (1973) ;
vol. 12 Écrits du temps de la guerre (1975) ;
vol. 13 Le Cœur de la matière (1976)
Autres publications, correspondances
Accomplir l'homme, lettres inédites (1926-1952), Paris : Bernard Grasset, 1968.
Lettres inédites à l'abbé Gaudefroy et à l'abbé Breuil, Le Rocher, 1988
Teilhard de Chardin en Chine. Correspondance inédite 1923-1940 commentée et annotée par Arnaud Hurel et Amélie Vialet, Paris : Éditions du Muséum-Édisud, 2004.
Lettres de voyage 1923-1939, introduction de Marguerite Teilhard-Chambon, Paris : Bernard Grasset, 1956.
Nouvelles lettres de voyage 1939-1955, introduction de Marguerite Teilhard-Chambon, Paris : Bernard Grasset, 1957.
Genèse d'une pensée. Lettres 1914-1919, présentées par Alice Teilhard-Chambon et Max-Henri Bégouën et précédées d'une introduction de Marguerite Teilhard-Chambon, Paris : Bernard Grasset, 1961.
Le Rayonnement d'une amitié. Correspondance avec la famille Bégouën (1922-1955), Bruxelles : Éditions Lessius, 2011.
Jésuite, il est ordonné prêtre en 1911.
Penseur chrétien, passionné de spiritualité autant que de science, Teilhard était convaincu que l’accord "se ferait tout naturellement entre la science et la foi sur le terrain brûlant des origines humaines". Cependant, rapidement, ses idées qui tentent de concilier évolutionnisme et religion sont mal reçues, tant par la hiérarchie de son ordre que par le Vatican. Elles comportent des implications (refus de croire à l'historicité du récit de la Genèse, critique du péché originel) irrecevables au regard des dogmes de l’Église catholique. En 1925, son enseignement à l’Institut Catholique de Paris est suspendu et on lui recommande de retourner en Chine où seules ses recherches et ses publications scientifiques sont tolérées, à l’exclusion de toute prise de position théologique ou philosophique.
En 1947, alors que la chaire de Paléoanthropologie du Collège de France lui est proposée, il attend en vain l’autorisation de Rome de l’accepter, et se voir renouveler l’interdiction de publier son ouvrage sur l’évolution humaine, Le Phénomène humain. Malgré ces différends avec la hiérarchie de son ordre, Teilhard reste dans l’obéissance et semble n’avoir jamais songé à rompre ses vœux.
Jacques Arnould, Pierre Teilhard de Chardin, Paris : Perrin, 2004, 389 p. dont 8 p. de photographies.
Marie-Ina Bergeron, La Chine et Teilhard. Paris : Éditions universitaires Jean-Pierre Delarge, 1976.
Patrice Boudignon, Pierre Teilhard de Chardin. Sa vie, son œuvre, sa réflexion, Paris : Cerf, 2008, 432 p.
Nicolas Corte, La Vie et l'âme de Pierre Teilhard de Chardin, Paris : Fayard, 1957.
Claude Cuénot, Teilhard de Chardin, Paris : Seuil/écrivains de toujours, 1962.
Claude Cuénot, Lexique Teilhard de Chardin, Paris : Seuil, 1963 et Nouveau Lexique Seuil, 1968.
André Danzin et Jacques Masurel (dir.), Teilhard de Chardin, visionnaire du monde nouveau. Préface d'Yves Coppens. Éditions du Rocher, 2005.
Henri de Lubac, sj, Blondel et Teilhard de Chardin. Correspondance Commentée, Bibliothèque des archives de philosophie, Paris : Beauchesne, 1965.
Hallam L. Movius, Jr., « Pierre Teilhard de Chardin », S.J., 1881-1955, American Anthropologist, Nouvelle Série, Vol. 58, n° 1 (fev., 1956), p. 147-150.
Claude Tresmontant, Introduction à la pensée de Teilhard de Chardin, Paris : Seuil, 1956.