Fils de l’économiste Frédéric Passy, prix Nobel de la Paix (1901), et de Mlle Sageret. Marié le 13 avril 1886 avec Édith Ivatts.
Dès son adolescence, Paul Passy se passionne pour la phonétique.
Sa thèse de doctorat sur les « Changements phonétiques » (1891) lui vaut le prix Volnay de l’Institut (1892)
Directeur d’études à la section des sciences historiques et philologiques de l’EPHE, Paul Passy est un des inventeurs des méthodes structurales en phonologie. Il participe à l’élaboration de l’alphabet phonétique international et milite pour une « orthographe simplifiée ».
Parmi ses élèves, on note le phonéticien britannique Daniel Jones qui écrira de lui : « He succeeded in establishing phonetics as a ‘living’ science ».
Co-fondateur de l’Association phonétique internationale, en 1886, il en est longtemps le secrétaire général, puis, à partir de 1927, le président.
Dictionnaire phonétique de la langue française (avec H. Michaelis), 1897.
De la méthode directe dans l’enseignement des langues vivantes, 1899.
Souvenir d’un socialiste-chrétien, 2 tomes, 1930-1932.
Dès les débuts de sa carrière, Paul Passy accepte des femmes à ses cours. En 1913, il est révoqué de son poste pour avoir prôné la « désertion en masse » en réplique à la « loi de trois ans ». Il est réintégré en 1917.
Converti au protestantisme le 29 décembre 1878, Passy ne tarde pas à devenir prédicateur laïc de l’Église évangélique baptiste. Lors de l’Affaire Dreyfus, il adhère à la Ligue des Droits de l’homme et au groupe socialiste de Bourg-la-Reine (1898). Il devient membre du Parti Socialiste SFIO lors de sa création en 1906. En 1908, il fonde l’Union des Socialistes Chrétiens qui regroupe les personnes qui « voient dans les principes socialistes la traduction la plus pratique du programme évangélique en termes économiques », quelques centaines de membres, majoritairement protestants, en France, Suisse romande et Belgique. Il est le rédacteur en chef de sa publication L’Espoir du Monde.
En 1909, Passy crée la colonie agricole de Liéfra (pour Liberté-Égalité-Fraternité) près de Fontette (Aube) où la terre, propriété collective, est exploitée d’une façon commune ou répartie en lots familiaux.
Malgré son pacifisme, Passy estime, pendant la guerre 1914-1918, que la France se bat en état de « légitime défense ». Très vite, il prend des positions antibolchéviques. Son socialisme se teinte d’anarchisme : il critique certains aspect du machinisme, notamment plusieurs produits industriels et alimentaires qu’il estime frelatés ou malsains. Il lutte contre les accidents de la route et devient un adepte convaincu du naturisme.
Jean Baubérot, Le retour des huguenots, la vitalité protestante au XIXe-XXe siècles, Paris-Genève : Cerf-Labor et Fides, 1985.
Enrica Galazzi, « Le combat des jeunes phonéticiens : Paul Passy », Cahiers Ferdinand de Saussure 46 (1992), p. 115-129.
André Berelowitch, « À la rencontre des savants », dans : Céline Trautmann-Waller (dir.), De la philologie allemande à l'anthropologie française. Les sciences humaines à l'EPHE (1868-1945), Paris : Champion, 2017, p. 28-29.