Il est le fils d'Albert Réville, pasteur, directeur d'études et président de la Ve section de l'EPHE de 1886 à 1905, et de Louise Dimier. Il a une sœur et deux frères : Madeleine Réville (1857-1940), qui a épousé en 1892 Paul Meyer (1840-1917), directeur de l'École des chartes, membre de l'Institut (c'est lui qui a converti son beau-père au dreyfusisme) ; Marc Réville (1863-1920), avocat, a été député du Doubs ; André Réville (1867-1894), chartiste, agrégé d'histoire, est mort d'une appendicite foudroyante.
Marié
Études secondaires à Rotterdam, baccalauréat à Paris, études de théologie à Genève (1873-1877), avec une "thèse" de baccalauréat en théologie sur Le Logos d'après Philon d'Alexandrie (1877). L'année suivante, séjour dans les universités de Berlin et Heidelberg, puis licence en théologie à Paris : La Doctrine du Logos dans le IVe Évangile et dans les œuvres de Philon (1881). Fin 1885, il soutient sa thèse de doctorat à la Faculté de théologie de Paris : La Religion à Rome sous les Sévères, étude du syncrétisme dans l'Empire romain (1886, VII-302 p.).
Maître de conférences en février 1886 à la Ve section, et secrétaire de cette section. Directeur-adjoint en 1900, directeur en février 1905.
Consacré pasteur en octobre 1880, il exerce son ministère dans la paroisse luthérienne de Sainte-Suzanne (Doubs) ; en 1883, il est nommé aumônier au lycée Henri-IV, succédant à son beau-père le pasteur Étienne Coquerel (les deux hommes, comme le père de Jean, appartiennent au protestantisme libéral). Il prêche occasionnellement (Salle Saint-André, Paris). Fin 1894 il devient maître de conférences à la Faculté de théologie protestante de Paris (chaire de patristique) avant d'assurer un cours d'histoire générale des religions (1899) et de devenir professeur-adjoint (1902) – professeur honoraire de l'Université de Paris au lendemain de la Séparation des Églises et de l'État. En mars 1907 il succède à son père au Collège de France (chaire d'histoire des religions) : il renonce alors à tout ministère pastoral.
En 1884, et jusqu'à sa mort, il devient directeur de la Revue de l'histoire des religions, fondée en 1880 par Maurice Vernes qui en abandonne la direction pour des raisons mal connues. En 1900 il organise le Congrès international d'histoire des religions à Paris.
Jean Réville est un historien des religions à Rome et des origines du christianisme.
On peut surtout le considérer comme un organisateur de la recherche en histoire des religions en France, par son rôle au sein ou à la tête de la Revue de l'histoire des religions, de l'EPHE (Ve section), du Congrès international d'histoire des religions (Paris, 1900), du Collège de France (en 1907). Il doit faire face à une controverse scientifique avec l'école sociologique de Durkheim, Mauss et L'Année sociologique : querelle d'école et de génération, car Réville est resté attaché à une définition de la religion comme "sentiment religieux" et non comme pratique sociale. Avec sa disparation se referme la première génération de la Ve section, encore proche des maîtres hollandais (Tiele, etc.), du spiritualisme et du protestantisme libéral.
La Religion à Rome sous les Sévères, Leroux, 1886, VII-302 p.
Les origines de l'épiscopat. Étude sur la formation du gouvernement ecclésiastique au sein de l'Église chrétienne dans l'empire romain, première partie, Leroux, 1894, VI-538 p.
Paroles d'un libre-croyant. Prédication moderne de l'Évangile, Fischbacher, 1898, IV-324 p.
Le quatrième Évangile. Son origine et sa valeur historique, Leroux, 1900-1901, VIII-344 p.
Le protestantisme libéral, ses origines, sa nature, sa mission, Fischbacher, 1903, IX-182 p.
Le prophétisme hébreu. Esquisse de son histoire et de ses destinées, Leroux, 1906, 56 p.
Les origines de l'eucharistie (messe, sainte cène), Leroux, 1908, 173 p.
Les phases successives de l'histoire des religions. Conférences faites au Collège de France, Leroux, 1909, VI-247 p. (posthume)
Il est membre de l'Union de libres penseurs et de libres croyants pour la culture morale, au sein de laquelle des hommes de bonne volonté tentent de dépasser l'affrontement entre cléricalisme et libre pensée. Il est, comme son père Albert Réville, un des leaders du protestantisme libéral en France.
Il a laissé un intéressant essai manuscrit, L'éducation de la démocratie, 28 p. (archives privées).
École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Rapport sommaire sur les conférences de l'exercice 1907-1908 et le programme des conférences pour l'exercice 1908-1909. 1907. p. 35-39.
Jean Réville. In memoriam, Angers, 1908, 92 p.
Notices de Franck Storne dans André Encrevé (dir.), Les protestants, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 5, Beauchesne, 1993 ; et François Laplanche (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, t. 9 : Les sciences religieuses, Beauchesne, 1996.
Patrick Cabanel, « L'institutionnalisation des "sciences religieuses" en France, 1879-1908. Une entreprise protestante ? », BSHPF 140 (1994), p. 33-80.