Petit-fils du directeur du journal républicain, dreyfusard et anticlérical Le Briard, Vernant, très tôt orphelin de son père, agrégé de philosophie mort au front en 1915, puis de sa mère, fut proche de son frère Jacques – les deux frères furent tous deux reçus premiers à l'agrégation de philosophie à deux ans d'intervalle.
Marié à Lida Nahimovitch (1939)
Études secondaires au lycée Carnot, classe préparatoire à Louis-le-Grand, études de philosophie en Sorbonne, agrégation de philosophie (classé premier) en 1937.
Directeur d'études successivement à la section des Sciences économiques et sociales, puis à la section des Sciences religieuses.
Professeur agrégé de philosophie à Toulouse, puis au lycée Jacques Decour à Paris (1940-1948).
Chercheur au CNRS (1948-1957).
Professeur au Collège de France (1975-1984).
Jean-Pierre Vernant choisit de travailler sur la Grèce ancienne en 1948. Influencé par la "psychologie historique" de son maître Ignace Meyerson et par l'approche sociologique de Louis Gernet, ami intime de Marcel Mauss, il s'attacha à mettre en lumière l'univers mental des anciens Grecs en montrant comment l'univers des mythes, les représentations et pratiques religieuses et différents aspects de la vie sociale et politique s'éclairent les uns les autres et, par leur imbrication, permettent de donner une image cohérente de la pensée grecque dans la diversité de ses manifestations. Le passage du mythe à la raison, la naissance de la parole et de l'espace politiques dans la cité, la pensée technique et l'intelligence rusée, la place du sacrifice sanglant dans les pratiques et représentations religieuses, sociales et politiques, la mort et les formes de l'altérité, le regard, le masque et le visage, la représentation et la figuration, sont quelques-uns des grands thèmes qui traversent l'œuvre par laquelle Vernant a opéré une véritable révolution dans la compréhension que l'on avait des anciens Grecs.
Les Origines de la pensée grecque, Paris, 1962.
Mythe et pensée chez les Grecs, Paris, 1965.
Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, 1974.
Religion, histoires, raisons, Paris, 1979.
La Mort dans les yeux, Paris, 1985.
L'Individu, la mort, l'amour, Paris, 1989.
Mythe et religion en Grèce ancienne, Paris, 1990.
Entre mythe et politique, Paris, 1996.
La Traversée des frontières, Paris, 2004.
Avec Pierre Vidal-Naquet
Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, 1. 1972, 2. 1986.
Avec Marcel Detienne
Les Ruses de l'intelligence. La métis des Grecs, Paris, 1974.
(Dir.) La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, 1979.
Avec Gherardo Gnoli (dir.)
La mort, les morts dans les sociétés anciennes, Cambridge-Paris, 1982.
Jean-Pierre Vernant a été une des grandes figures de la Résistance. Démobilisé et nommé à Toulouse à la rentrée 1940, il est tout de suite entré en résistance avec son frère. En 1942, sous le nom de colonel Berthier, il se voit confier le commandement de l'Armée secrète dans le département de la Haute-Garonne, et il organise avec Serge Ravanel la libération de Toulouse en août 1944. Ayant rejoint le Parti communiste dont il était proche dès avant la guerre, il adopta rapidement une position critique qui, tout en appuyant la lutte contre les guerres d'Indochine et d'Algérie, l'amena à quitter définitivement le parti en 1970.
Poikilia. Études offertes à Jean-Pierre Vernant, Paris : Éditions de l'EHESS, 1987.
Relire Jean-Pierre Vernant. Textes rassemblés par Stella Georgoudi et François de Polignac, Paris : Les Belles-Lettres, 2017.