Marié
Dominique Briquel a obtenu un baccalauréat (série S) à Nancy en 1962. Il a étudié les lettres supérieures au lycée Poincaré à Nancy de 1962 à 1963 et a fait sa première supérieure au lycée Louis-le-Grand à Paris de 1963 à 1964. Il a été élève à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm de 1964 à 1969. Il a suivi les séminaires de Jacques Heurgon à la Sorbonne, de Michel Lejeune, Raymond Bloch et Paul Courbin à l'EPHE. Il a obtenu une licence de lettres classiques à la Sorbonne en 1966, et diplôme d'études supérieures sous la direction de J. Heurgon à la Sorbonne: "L'écriture latine au IIe siècle av. J.-C." en 1967. L'année suivante, il obtient l'agrégation de grammaire. Il fait son service militaire dans la marine à Brest de 1969 à 1971. Dominique Briquel obtient le diplôme de l'EPHE sous la direction de M. Lejeune "Adaptation de l'écriture - étrusque aux langues indo-européennes de l'Italie" en 1971. Il devient membre de l'École française de Rome (1971-1974) et participe aux chantiers de fouille de Marzabotto (Émilie), Vastogirardi (Molise), et aux travaux sur le terrain dans la région de Potenza (Basilicate). Le 21 mars 1981, il a soutenu à la Sorbonne une thèse de doctorat d'État sous la direction d'Alain Hus (Université de Paris IV) en 1972 "Les Pélasges en Italie, recherches sur l’histoire de la légende", inscrite en 1974, soutenue devant un jury composé de A. Hus, J. Heurgon, R. Bloch, Jean Bousquet et Domenico Musti.
Dominique Briquel a été agrégé répétiteur à l'École normale supérieure (latin) de septembre 1974 à août 1983 et maître de conférences (latin) de septembre 1983 à août 1984. Il a été professeur à l'Université de Bourgogne (Dijon) (UFR de Lettres, latin) de septembre 1984 à août 1996, professeur à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) (UFR de latin) de septembre 1996 à août 2014, puis professeur émérite dans cette établissement après retraite au 1er septembre 2014. Il a fait partie des conseils scientifique puis d'administration de l'Université de Bourgogne, du conseil scientifique de l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), a dirigé l'équipe de recherche "Recherches étrusco-italiques" du CNRS (UMR 126) à partir de sa création en 1985 (siège à l'ENS); équipe devenue une composante de l'UMR 8546 (Archéologie d'Orient et d'Occident) lors de la création de celle-ci en 1990 (siège à l'ENS) ; en 2001, il devient directeur de l'UMR 8546, fonction qu'il occupe jusqu'en 2011. Il a fait partie de la section 32 du Conseil national du CNRS puis du Conseil de département SHS du CNRS. Il a également fait partie du comité Corpus puis du comité franco-allemand de l"Agence Nationale pour la Recherche". Il dirige depuis sa création en 1985 la section française de l'Istituto Nazionale di Studi Etruschi ed Italici (Florence).
Dans le domaine de l’étruscologie, Dominique Briquel a commencé par étudier la manière dont les Anciens avaient envisagé la question des origines étrusques, élaborant plusieurs thèses à ce sujet (identification avec les Pélasges, origine lydienne, autochtonie) qui ont donné naissance à un débat qui s’est poursuivi aux temps modernes, encombrant inutilement la recherche alors que ces thèses étaient au départ des élaborations artificelles, destinées à présenter ce peuple sous un jour plus ou moins favorable aux yeux des Grecs. Il s’est également penché sur la religion étrusque et notamment le rôle qu’elle a joué dans le monde romain, et jusque dans la résistance de la religion traditionnelle face à la montée du christianisme, par le biais de la science sacrée des haruspices. Un troisième domaine de son activité dans ce domaine a concerné l’épigraphie étrusque : un aspect privilégié en a été la recherche et la publication des inscriptions étrusques présentes dans les collections françaises, travail qui n’avait jamais été enttrepris d’une manière systématique et a donné lieu à la découverte et l’étude de nombreux documents restés inédits, dont certains de grand intérêt (vase avec le nom Mézence, qui est celui d’un des ennemis d’Énée dans l’Énéide, qui appartient aux collections du Louvre).
Un autre volet de l’activité scientifique de Dominique Briquel relève de la comparaison indo-européenne, appliquée au domaine romain et en particulier à la vision que les Romains s’étaient faite de leur propre passé. Dans la ligne des travaux de Georges Dumézil – avec lequel il avait encore pu être personnellement en contact –, il a cherché à analyser en les mettant en parallèle avec ce qui existe dans d’autres secteurs du monde indo-européen plusieurs des composantes essentiels du récit traditionnel : légende de Romulus, comme application à Rome du modèle du premier roi connu notamment en Iran, renversement des Tarquins et prise de la Ville par les Gaulois, constituant deux transpositions différentes dans l’histoire de la cité du mythe de la grande bataille entre dieux et démons, tel qu’on peut le dégager de l’épopée indienne du Mahabharata et du mythe scandinave du Crépuscule des dieux.
Dominique Briquel s’est toujours attaché à rendre accessibles à un public plus large les avancées de la recherche et les questionnements auxquelles celles-ci donnent lieu dans le domaine qui est le sien, par des articles dans des revues ou ouvrages relevant de la diffusion des savoirs ou en participant à des expositions et à leurs catalogues.
Ouvrages de recherche
- Les Pélasges en Italie, recherches sur l’histoire de la légende, Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome, n° 252, Rome, EFR, 1984, 657 pages.
- L’origine lydienne des Étrusques, histoire du thème dans la littérature antique, Collection de l’École Française de Rome, n°139, Rome, EFR, 1991, 567 pages.
- Les Tyrrhènes, peuple des tours, l’autochtonie des Étrusques chez Denys d’Halicarnasse, Collection de l’École Française de Rome, n° 178, Rome, EFR, 1993, 225 pages.
- Chrétiens et haruspices : la religion étrusque, dernier rempart du paganisme romain, Presses de l’École Normale Supérieure, Paris, 1997, 208 pages.
- Le regard des autres, les origines de Rome vues par ses ennemis (début du IVe siècle/ début du Ier siècle av. J.-C.), Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté, n° 623, Besançon, 1997, 210 pages.
- Mythe et révolution. La fabrication d’un récit : la naissance de la république à Rome, Collection Latomus, n° 308, Bruxelles, 2007, 354 pages.
- La prise de Rome par les Gaulois, lecture mythique d’un événement historique, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, Collection Religions dans l’Histoire, Paris, 2008, 398 pages.
- Catalogue des inscriptions étrusques et italiques du Musée du Louvre, Les manuels d’Art et d’Archéologie antiques, RMN-Picard, Paris, 2016, 399 pages.
Diffusion des savoirs
- Les Étrusques, peuple de la différence, Paris, Armand Colin, 1993, 220 pages.
- La civilisation étrusque, Fayard, Paris, 1999, 353 pages.
- Les Étrusques, Que sais-je ?, n° 645, PUF, Paris, 2005 (1ère édition), 126 pages.
- Tite-Live, les origines de Rome (Histoire romaine, livre I), Édition bilingue présentée et annotée par Dominique Briquel), collection Folio classique, Gallimard, Paris, 2007, 422 pages.
Ouvrages en collaboration
- Partie « La religion étrusque », dans Les religions de l’Antiquité, sous la direction d’Yves Lehmann, collection Premier Cycle, Paris, PUF, 1999, p. 7-75.
- Histoire romaine, tome I, Des origines à Auguste, sous la direction de François Hinard, Paris, Fayard, 2000 ; chapitres I : « Le sillon du fondateur », II : « La lente genèse d’une cité », III : « Des rois venus du nord », IV : « Les débuts difficiles de la liberté », V : « La nuit du Ve siècle », VI : « Le tournant du IVe siècle » ; en collaboration avec Giovanni Brizzi, VII : « La marche vers le sud », VIII : « La rencontre de Rome et de l’hellénisme », p. 11-336.
Marie-Laurence Haack; Gilles Van Heems (sous la direction de), L'Italie préromaine et les Étrusques? Recueil d'études en hommage à Dominique Briquel, Milan-Rome, Aracne, 2017, 668 pages.