Charles Malamoud vit en France depuis 1937. Il a reçu, en même temps que ses parents, la nationalité française en 1949. Son père, ingénieur diplômé de l’Ecole d’agronomie de Toulouse, a exercé son métier, dans le Berry, à partir de 1945 ; sa mère, aide soignante, a travaillé dans divers hôpitaux de Bourges, puis de la région parisienne. Marié à Catherine Blum, physicienne (1928-1996), il est le père d’Antoine (1952-) et d’Hélène (1958-).
Après l’école primaire publique (Paris XVe puis Boulogne-Billancourt), Charles Malamoud est admis en 6e au lycée Janson de Sailly en 1941. A partir de la rentrée 1942, sa scolarité secondaire se poursuit dans les lycées de Nevers puis Bourges, enfin, pour la terminale, au lycée Henri IV. Au sortir des classes préparatoires, au lycée Henri IV, il est boursier de licence, de diplôme et d’agrégation, de 1951 à 1954. Ces années sont consacrées, à la Sorbonne, à l’étude des lettres classiques et du russe.
Charles Malamoud s’est formé au sanskrit et aux études indiennes en suivant les enseignements d’Armand Minard et de Louis Renou, à la Sorbonne et à l’EPHE, IVe section, puis de Madeleine Biardeau, à la section des Sciences religieuses. A partir de 1964, il a fait régulièrement des séjours en Inde, notamment à Poona (Poona University et Deccan College), où il a pu tirer des lumières précieuses de l’enseignement de savants traditionnels (pandit).
De 1956 à 1962, Charles Malamoud est assidu aux cours et séminaires d’Emile Benveniste au Collège de France et à la IVe section de l’EPHE. Il a soutenu une thèse sur travaux (doctorat d'État ès Lettres et Sciences humaines), le 3 octobre 1979, à l'Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III.
Charles Malamoud est membre du Centre d’études indiennes presque depuis sa fondation, par Louis Dumont et Daniel Thorner. Il y a été invité par Madeleine Biardeau. Il a aussi participé aux activités d’enseignement et de recherche du Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie comparative dirigé par Eric de Dampierre, à l’Université de Paris X. Enfin ses relations personnelles avec Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet l’ont amené à s’associer de près aux projets de recherche du Centre Louis Gernet.
Depuis 1956 il est membre de la Société de Linguistique de Paris et de la Société Asiatique.
Maître-assistant pour les religions de l'Inde de 1972 à 1977.
Élu Directeur d'études pour les religions de l'Inde en 1977, il exerce cette fonction jusqu'à sa retraite, en 1998.
Agrégé de grammaire (au sortir du service militaire, d'août 1954 à mars 1956, les six derniers mois en Grande Kabylie), il enseigne au lycée de Fontainebleau, puis, à partir de la rentrée de 1957, est assistant de philologie classique et sanskrit à la Faculté des Lettres de Lyon. En 1962, il est chargé d’enseignement de sanskrit et civilisation indienne à la Faculté des Lettres de Strasbourg. Il occupe ce poste jusqu'à son élection à l'EPHE.
Le travail de Charles Malamoud porte principalement sur le rituel védique. Il aborde ce domaine en lecteur de textes, c’est-à-dire en philologue, disciple de Louis Renou, parfois en linguiste. Mais le contenu de ces textes et même leurs procédés d’exposition appellent aussi un regard anthropologique. S’il est vrai que le rite ne pense pas, il donne à penser, et d’abord, s’agissant de l’Inde, à ces penseurs que sont les auteurs des poèmes qu’il convient de réciter quand on célèbre un rite, les auteurs aussi des traités en prose qui expliquent les procédures et les raisons des rites, et plus précisément du sacrifice. Ils en affirment la force structurante : c’est le rite qui institue la personne humaine, la société et même le cosmos. Analysant ces textes, Charles Malamoud s’attache à mettre en lumière l’économie interne du sacrifice et aussi à montrer que s’il faut distinguer ce qui vaut « dans l’action (sacrificielle) » de ce qui a cours « dans le monde » (extérieur à l’espace et au temps sacrificiels), les relations entre les êtres impliqués et associés dans le rite sont le modèle et la justification des relations qui organisent le monde profane. Les écrits de Charles Malamoud dans ce domaine sont des variations obstinées sur ce thème qu’est la définition réflexive de l'« homme» discrètement formulée en Śatapatha-Brāhmaṇa VII 5, 2, 23 et bien mise en lumière par Oldenberg : « des animaux (aptes à être victimes sacrificielles), seul l’homme agit (aussi) en (tant que) sacrifiant ».
Charles Malamoud a produit aussi des études sur le traité de politique, l’Arthaśāstra, le théâtre sanskrit et la poésie de cour.
I. Livres
1. (avec Madeleine Biardeau) Le sacrifice dans l’Inde ancienne, Paris, PUF, BEHE, 1976, 204 p.
2. Le svādhyāya, récitation personnelle du Veda, Taittirīya-Āraṇyaka II, texte traduit et commenté, Paris, Institut de civilisation indienne (de Boccard),1977, 247 p.
3. Le Voyage au-delà des trois mers d’Athanase Nikitine, texte traduit du vieux-russe et commenté, Paris, François Maspero, 1982, 117 p.
4. Cuire le monde, rite et pensée dans l’Inde ancienne, Paris, La Découverte, 1989, 335 p.
5. Le jumeau solaire, Paris, Seuil, La Librairie du XXIe siècle, 2002, 200 p.
6. Féminité de la parole, études sur l’Inde ancienne, Paris, Albin Michel, Sciences des religions, 2005, 295 p.
7. La danse des pierres, études sur la scène sacrificielle dans l’Inde ancienne, Paris, Seuil, La Librairie du XXIe siècle, 2005, 211 p.
II. Direction d’ouvrages collectifs
1. La dette, Puruṣārtha, Sciences sociales en Asie du Sud, n°4, Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1980, 290 p.
2. Lien de vie, nœud mortel, les représentations de la dette en Chine, au Japon et dans le monde indien, Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1988, 207 p.
3. (Avec Jean-Pierre Vernant) Corps des dieux, Paris, Gallimard, 1986, 701 p.III. Contributions à des ouvrages collectifs:
1. « L’Inde brahmanique, karman des hommes, māyā des dieux », in Histoire des idéologies I, sous la direction de François Chatelet, Paris, Hachette, 1977, p. 67-81.
2.Traduction, avec introduction et notes, du drame de Bhāsa, Les statues, dans le volume de la Pléiade consacré au Théâtre de l’Inde ancienne, sous la direction de Lyne Bansat-Boudon, Paris, Gallimard, 2006, p. 3-78 et 1193-1212.
III. Articles
1. « L’œuvre d’Emile Benveniste. Une analyse linguistique des institutions indo-européennes », Annales. Economie, sociétés, civilisations, mars 1971, p. 653-663.
2. « Convergence d’un raisonnement mīmāṃsaka et d’un motif poétique de l’Atharva-saṃhitā », Indologica ṭaurinensia III-IV, Turin, 1977, p. 307-312.
3. « Les contours de la mémoire dans l’Inde brahmanique », Annales. Histoire, Sciences sociales 57/2, 2002: 24ème conférence Marc Bloch, p. 1151-1162.
4. « Imagination, et gouvernement des hommes. Note sur l’Arthaśāstra », in François Voegli, Vincent Eltschinger, Danielle Feller, Maria Piera Candotti, Bogdan Diaconescu & Malhar Kulkarni (eds.), Devadattīyam, Johannes Bronkhorst Felicitation Volume, Bern, Peter Lang, 2012, p. 613-628.
5. « Les graphes de la création », in Cecile Sakaï, Daniel Struve, Terada Sumie et Michel Viellard-Baron (sous la direction de), Les Rameaux noués, Hommages offerts à Jacqueline Pigeot, Paris, Collège de France, Institut des Hautes Etudes Japonaises, 2013, p. 39-48.
6. "Shadows", in Y. Bronner, D.Shulman, G.Tubb, eds., Innovations and Turning Points, Towards a History of kavya Literature, Oxford University Press, 2015, p. 550-562.
Lyne Bansat-Boudon – John Scheid, Le disciple et ses maîtres, pour Charles Malamoud, Paris, Seuil, 2002, 258 p.
Silvia D'Intino; Caterina Guenzi, Aux abords de la clairière, Etudes indiennes et comparées en l'honneur de Charles Malamoud, Turnhout, Brepols, 2012, XVIII+ 284 p.