Anne-Marie Eddé est diplômée de l'École des Langues Orientales Vivantes (arabe littéraire, 1971) et agrégée d’histoire (1974). Sa thèse de 3e Cycle, soutenue en 1981 à l’université Paris IV-Sorbonne et éditée entre 1981 et 1984, était intitulée Le djund de Qinnasrīn, les places-frontières et les marches syriennes, édition et traduction annotées. Son doctorat d’État (Université de Paris IV-Sorbonne), obtenu en 1995, portait sur l’histoire de La principauté ayyoubide d’Alep (1183-1260).
De 2000 à 2004, chargée de conférences à l’EPHE (section des Sciences religieuses).
Après quelques années passées dans l’enseignement secondaire (1974-1978), Anne-Marie Eddé a obtenu un poste de pensionnaire scientifique à l’Institut français d’études arabes de Damas (1979-1981). De 1982 à 1997, elle fut successivement assistante (1982-1988), puis maître de conférences (1988-1997) en histoire médiévale à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Élue professeur d’histoire médiévale à l’université de Reims Champagne-Ardenne, elle y enseigna trois ans (1997-2000) avant d’être nommée directrice de recherche au CNRS, rattachée à l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT). Elle fut d’abord chargée de la direction de la section arabe de l’IRHT (2000-2003) avant d’être nommée directrice adjointe (2003-2004), puis directrice (2004-2010) de l’IRHT.
De 2010 à 2013, elle dirigea le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Sources de la culture européenne et méditerranéenne (SOURCEM) ». Élue professeur d’histoire médiévale des pays d’Islam à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2013, elle y enseigna cinq ans. Depuis septembre 2018, elle est professeur émérite dans cette même université.
Les recherches d’Anne-Marie Eddé portent essentiellement sur l’histoire politique, sociale et culturelle du Proche-Orient islamique médiéval, entre le XIIe et le XIVe siècle, et accordent une place importante à l’histoire des textes, c’est-à-dire à l’édition, à la traduction et à l’étude des sources arabes médiévales. Un grand nombre de ses travaux concerne la construction des pouvoirs politiques et des idéologies, le rôle des élites, les transferts culturels entre communautés (ethniques ou religieuses) et entre dynasties, la situation des « minorités » (les femmes, les non-musulmans), ainsi que l’essor urbain et architectural. Dans la biographie qu’elle a consacrée à Saladin (1174-1193)*, au-delà de la personnalité hors du commun de ce souverain, c’est l’homme dans son monde qu’elle a cherché à découvrir et à décrire. Ce travail de recherche mené en partie au travers de textes de nature panégyrique l’a conduite à s’intéresser de près au discours politique et à son articulation avec la société qui l’a produit, sur des sujets tels que la guerre, l’image de l’Autre ou la représentation du souverain et du pouvoir. C’est dans cette optique qu’elle a travaillé notamment sur le discours du jihad et qu’elle continue de travailler sur l’image du souverain idéal ou providentiel entre le milieu du XIIe et la fin du XIVe siècle.
* Prix de la Dame à la licorne 2009 (Musée de Cluny) et Prix France-Liban de l’Association des écrivains de langue française (ADELF)
«La description de la Syrie du Nord par ‘Izz al-Dīn Ibn Šaddād (al-A‘lāq al-Ḫaṭīra fī ḏikr umarā’ al-Šām wa l-Ğazīra), édition critique», Bulletin d’Études Orientales 32-33 (1980-81), p.265-402.
‘Izz al-Dīn Ibn Šaddād, Description de la Syrie du Nord, trad. annotée, Damas: IFEAD, 1984.
Al-Makīn Ibn al-‘Amīd, Chronique des Ayyoubides (602-658/1205-6-1259-60), trad. annotée, Documents Relatifs à l'Histoire des Croisades, Paris: AIBL, 1994 (avec F. Micheau).
Les communautés chrétiennes en pays d'Islam du VIIe au XIe siècle, Paris: SEDES, 1997 (avec F. Micheau et C. Picard).
La principauté ayyoubide d'Alep (579/1183-658/1260), Freiburger Islamstudien XXI, Stuttgart : Franz Steiner,1999.
L’Orient au temps des croisades. Textes arabes choisis, Paris: GF-Flammarion, 2002 (avec F. Micheau).
Saladin, Paris: Flammarion, 2008, rééd. 2012. Trad. angl., Harvard University Press, 2011 et bulgare, Sofia, 2012.
Gouverner en Islam (Xe-XVe siècle). Textes et documents, Paris: Publ. de la Sorbonne, 2015 (avec S. Denoix).
«Sources arabes des XIIe et XIIIe siècles d'après le dictionnaire biographique d’Ibn al-‘Adīm (Buġyat al-ṭalab fī ta’rīḫ Ḥalab)», Itinéraires d'Orient. Hommages à C. Cahen, Res Orientales VI, 1994, p.293-308.
«Saint Louis et la Septième Croisade vus par les auteurs arabes», Croisades et idée de croisade à la fin du Moyen Age, Cahiers de Recherches Médiévales (XIIe-XVe s.) 1 (1996), p. 65-92.
«Les sources d’Ibn al-‘Adīm sur le règne de Sayf al-Dawla en Syrie du Nord (333-356/944-967)», Texts, Documents and Artefacts. Islamic Studies in Honour of D.S. Richards, éd. Ch.F. Robinson, Leyde: Brill, 2003, p.121-156.
«‘Le paradis à l’ombre des sabres’: discours sur le jihad à l’époque de Saladin», La Guerre juste dans le Proche-Orient ancien et médiéval: approches historique, philosophique et juridique, Mélanges de l’Univ. Saint-Joseph 62 (2009), p.149-176.
«Saladin’s Pious Foundations in Damascus: Some New Hypotheses», Living Islamic History: Studies in Honour of Prof. C. Hillenbrand, éd. Y. Suleiman, Edinburgh University Press, 2009, p.62-76.
« Les sources de l’histoire omeyyade dans l’œuvre d’Ibn al-‘Adīm », Umayyad Legacies. Medieval Memories from Syria to Spain, éd. A. Borrut – P. M. Cobb, Leyde-Boston: Brill, 2010, p.131-166.
«Baybars et son double : de l’ambigüité du souverain idéal», dans Le Bilād al-Šām face aux mondes extérieurs. La perception de l’Autre et la représentation du Souverain, dir. D. Aigle, Beyrouth: IFPO, 2012, p. 73-86.
«Sitt al-Kataba : portrait d’une femme savante à Damas au XIIIe siècle», Portraits de maîtres offerts à O. Weijers, éd. C. Angotti, M. Brînzei Calma, M. Teeuwen, Porto, 2012, p. 7-21.
«Les perles ordonnées: un traité des vertus en hommage à un sultan mamelouk du XIVe siècle», Comptes rendus des séances de l’AIBL (CRAI), janvier-mars 2017, p.127-147.
«La fabrique des lieux saints à Alep», J.-M. Mouton et C. Onimus éd., De Bagdad à Damas. Études en mémoire de D. Sourdel, Paris: Droz, 2018, p.37-75.