André Chastel

Spécialiste de l'histoire de l'art et de la culture italiennes de la Renaissance, André Chastel, inspiré par les membres de l’Institut Warburg, consacre ses premières recherches, enracinées dans ses études philosophiques et littéraires, à la représentation de la Tentation de saint Antoine dans la peinture nordique. Après la guerre et sous l’égide d’Augustin Renaudet, il se tourne vers l’art méridional et se penche sur les relations entre platonisme et humanisme dans la Florence des Médicis, analysant les œuvres des peintres, sculpteurs et architectes. Mais son attention ne se focalise seulement sur Florence et il étudie aussi d’autres centres artistiques comme Venise, Urbino, Milan et naturellement Rome, ainsi que des centres dits “mineurs” ou “périphériques”. Il s'intéresse aussi à l'histoire de l’architecture. Membre du conseil scientifique du centre de recherche international de l’architecture ‘Andrea Palladio’ (CISA), il a consacré quelque article à l’œuvre de cet architecte. Trois techniques liées à l’architecture – vitrail, marqueterie et mosaïque – seront également l’objet de réflexions, essayant de « rectifier et limiter la vue trop intellectuelle qu’on forme d’ordinaire de l’époque » (A. Chastel, Fables, formes, figures, vol. I, p. 297). Il a fondé le CRHAM (centre de recherche de l’histoire de l’architecture moderne) et dirigé dans ce cadre une recherche sur le quartier des Halles.

Très tôt intéressé par la Kunstlitteratur, Chastel traduit des textes de Léonard de Vinci qu’il publie en 1952. Dès ses premières années à l’EPHE, il dirige des séminaires consacrés à la traduction et l’exégèse des textes fondamentaux de la Renaissance tels que le traité De sculptura (1504) de Pomponius Gauricus. Il lance ensuite un chantier de traduction de plusieurs années sur les Vies de Vasari (1550-1568). Entrelaçant recherche et enseignement, il continue lui-même à traduire des textes comme ceux qu’il publie dans l’anthologie Chroniques de la Renaissance, ou le Traité de la peinture de Léonard qu’il reconstruit à partir des différents manuscrits. L’attention qu’il porte à l’édition savante des textes peut se mettre en relation avec celle qu’il accorde au rapport entre l’écrit et l’art, point de départ de plusieurs de ses études, et à la communication non verbale, les signes et leur valeur sémantique.

Ses études portent sur des artistes comme Donatello, Michel-Ange, Raphaël, mais la pensée et l’œuvre de Léonard sont un axe de réflexion particulièrement apprécié et qu’il développe de sa thèse jusqu’à ses dernières publications selon des méthodes très différentes, qui vont de l’analyse détaillée des dessins, à l’étude du traité de la peinture, ainsi qu’aux gestes dans ses tableaux, à la fortune et au mythe liés à sa figure et à son œuvre. 

Éminent spécialiste de l’art italien, il dédie ses derniers efforts à une œuvre de synthèse sur l’histoire de l’art français, publié de manière posthume (Flammarion, 1993-1996).