Alphonse Dupront est issu d’une famille modeste, originaire de Gascogne. Son père a été d’abord facteur avant de devenir, grâce à la grande qualité de sa calligraphie, greffier au tribunal de Condom ; sa mère est couturière-« tailleuse », ce qui suppose des compétences techniques avérées au-delà du simple savoir-faire transmis par les femmes. Les grands-parents paternels, quant à eux, sont intendants-gardiens d’une propriété aisée. Le grand-père maternel, François Claverie, est cantonnier, puis est passé chef-cantonnier après avoir obtenu une médaille d’honneur pour son travail et son dévouement.
De son premier mariage, Alphonse Dupront a eu trois enfants : Jacques, Michel et Geneviève.
De son second mariage avec Raymonde Passe, il a eu une fille : Cécile.
Il a été marié en troisième noces avec Monique Ailleret-Dupront.
Élève doué, Alphonse Dupront est remarqué par son instituteur à l’école primaire, qui le pousse dans la voie des études. Choix soutenu par l’abbé Jean-Baptiste Gissot (1877-1968), nommé archiprêtre de Condom le 9 août 1913, avant qu’il ne devînt, le 1er octobre 1927, chanoine titulaire de la cathédrale et directeur des Œuvres diocésaines de Condom. Dupront a toujours gardé reconnaissance à l’abbé Gissot pour l’avoir encouragé à continuer, en tant que boursier, sa scolarité. Encouragements dont les faits ont vérifié le bien-fondé. Une fois obtenu un baccalauréat C, la récente section latin-sciences créée par la réforme de l’enseignement secondaire de 1902, Dupront poursuit ses études en classes préparatoires littéraires à Toulouse. Il est admissible au concours d’entrée de l’École normale supérieure en 1924. Très classiquement, Dupront décide de redoubler sa khâgne à Paris l’année suivante. Élève au lycée Henri-IV, il y suit notamment les cours du philosophe Alain (1868-1951), un professeur dont l’enseignement l’influence durablement. En 1925, Dupront est finalement reçu 25e au concours d’entrée de l’École normale supérieure, dans la même promotion que les historiens Henri-Irénée Marrou (1904-1977), cacique, Pierre Vilar et Jean Bruhat (1905-1983), reçu dernier – parmi leurs camarades de promotion, on trouve également les philosophes Jean Hyppolite (1907-1968) et Maurice Patronnier de Gandillac (1906-2006). La scolarité ulmienne est, naturellement, une longue course aux examens et aux diplômes. Élève normalien de 1925 à 1929, Dupront a hésité, sans doute sous l’influence d’Alain, entre l’histoire et la philosophie. Après une licence de philosophie commencée en khâgne et obtenue en 1926 avec le quatrième certificat, celui de psychologie, suivie d’une licence d’histoire-géographie en 1927, Dupront passe son diplôme d’études supérieures en 1928 avec un mémoire intitulé L’exégèse comparatiste au dix-septième siècle : Pierre-Daniel Huet. Dupront est ensuite reçu major au concours de l'agrégation d'histoire de 1929. Après un service d’officier effectué en compagnie de Pierre Vilar à Saint-Maixent, Dupront séjourne ensuite à l'Ecole française de Rome de 1930 à 1932. Il soutient son doctorat d'Etat en Sorbonne en 1956.
De 1932 à 1941, Alphonse Dupront a dirigé l'Institut français de hautes études en Roumanie (Bucarest). De 1941 à 1956, il a enseigné à l'Université de Montpellier, d'abord comme chargé de cours, de 1941 à 1945, puis comme maître de conférences, de 1945 à 1956. De 1956 à 1976, il a été professeur d'histoire moderne à la Sorbonne et président de la nouvelle Université de Paris IV de 1970 à 1976.
Les recherches d'Alphonse Dupront se sont essentiellement inscrites dans le champ de l'histoire de la psychologie collective, de l'iconologie et de l'anthropologie religieuse de l'Occident.
1930, Pierre-Daniel Huet et l’exégèse comparatiste au XVIIe siècle, Paris, Leroux.
1951, « Histoire et paix », Revue historique, t. ccvi, p. 29-66.
1959, « Histoire de la psychologie collective et vie du temps », Encyclopédie française, t. xx, Le monde en devenir (histoire, évolution, prospective), dir. Pierre Renouvin et Gaston Berger, Paris, Société de gestion de l’Encyclopédie française, p. 20.08.2-20.10.1.
1965, « De l’acculturation », XIIe Congrès international des sciences historique. Rapports, vol. 1, Grands thèmes, Horn-Vienne, F. Berger und Söhne, p. 7-36.
1966, L’acculturazione. Per un nuovo rapporto tra ricerca storica e scienze umane, préf. et trad. italienne Corrado Vivanti, Turin, Einaudi.
(dir.), 1985, Saint-Jacques de Compostelle. Puissances du pèlerinage, Turnhout, Brepols.
1987, Du Sacré. Croisades et pèlerinages. Images et langages, Paris, Gallimard.
1995 [1954-1959], avec Paul Alphandéry, La Chrétienté et l’idée de croisade, Paris, Albin Michel.
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2001, Genèses des Temps modernes. Rome, les Réformes et le Nouveau Monde, éd. Dominique Julia et Philippe Boutry, Paris, Hautes Études-Gallimard-Le Seuil.
2003, La Chaîne vive. L’Université, école d’humanité, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne.
François Crouzet et François Furet (dir.), L’Europe et son histoire. La vision d’Alphonse Dupront, Paris, Presses Universitaires de France, 1998.
Présence d’Alphonse Dupront, Le débat, 99, 1998.
Mythe, histoire, croisade. Autour d’Alphonse Dupront, Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, cxxiv/1, 2012.
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