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Nom Dhorme
Prénoms Édouard, (Paul : 1900-1931, période dominicaine)
Naissance Armentières, Nord (France) (15 janvier 1881)
Décès Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes (19 février 1966)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Sciences religieuses
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Hébreu et araméen (juin 1933 à juin 1951)
Date charge de conférences
septembre 1932 à juin 1933
Distinctions
Croix de guerre 1914-1918 (1913)
Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1948)
Origines familiales

La famille d'Édouard Dhorme, nombreuse, est de condition sociale modeste ; ses parents travaillent tous les deux, son père comme artisan menuisier, sa mère comme cabaretière. Orphelin très jeune, il est accueilli dans la famille de son oncle paternel, typographe. Considérant les difficultés économiques, mais réalisant l'intelligence et les dispositions qu'Édouard a montrées pendant ses études au collège d'Armentières, il est décidé de lui faire poursuivre ses études dans un séminaire. 

Situation de famille

Marié deux fois

Études et formations

Après des études classiques et son baccalauréat, Édouard Dhorme entre en 1899 dans l'ordre des dominicains, au couvent d'Amiens, prenant le prénom de Paul. Il est rapidement envoyé compléter sa formation à Jérusalem, à l’École Pratique d’Études Bibliques, fondée en 1890 dans le couvent Saint-Étienne, par le P. Lagrange, qui voulait développer en Palestine même les recherches bibliques, tant par l'étude des textes que par la pratique de l'archéologie. Paul profite pleinement du milieu scientifique qui l'entoure à Jérusalem et devient un des collaborateurs les plus proches du P. Lagrange, s'engageant dans les recherches portant sur les textes produits par la civilisation assyrienne et babylonienne. À l'époque, on reconnaissait cette littérature cunéiforme comme une sorte de contexte culturel général permettant de mieux comprendre les traditions bibliques.  Ayant traduit le Code de Hammourabi, qui venait d'être publié, ainsi que l'épopée de Gilgamesh, et manifestant un intérêt particulier pour l'assyrien, le P. Paul Dhorme se spécialise dans la connaissance de toutes les langues sémitiques antiques. Dès 1904 il devient professeur à l'École Biblique, où il travaille pendant 27 ans, avec une interruption pendant la première guerre mondiale. Il acquiert une connaissance directe des paysages bibliques et proche-orientaux (Palestine, Jordanie, Syrie, Égypte) par des voyages, des prospections et par la participation à des programmes archéologiques sur différents sites ; en 1923, avec F. Thureau-Dangin, il réalise un sondage dans la vallée du Moyen-Euphrate, sur le site d'Ashara, l'ancienne cité de Terqa, publié dans la revue Syria. Pendant  la guerre, affecté au Corps expéditionnaire d'Orient aux Dardanelles avec le grade de sergent, il avait eu une expérience de fouilles archéologiques, dans une situation de conflit ouvert, en Thrace, où il étudie une nécropole, sauvant de la destruction le matériel funéraire. Prieur du couvent de Saint-Étienne, en 1923 il devient directeur de l'École Archéologique Française de Jérusalem, nouvelle appellation de l'institution décidée par l'AIBL, et il gardera ce poste jusqu'en 1931. Il est aussi responsable de la Revue biblique, fondée par le P. Lagrange, et depuis 1930 Dhorme y publie, en collaboration mais également en forte compétition avec H. Bauer et Ch. Virolleaud, une série d'articles qui montrent les progrès dans la compréhension de l'écriture et de la langue de la cité d'Ougarit, dont les textes mythologiques de la fin du IIe millénaire av. J.-C., qui venaient d'être découverts en Syrie, à Ras Shamra, montrent des fortes similarités avec la poésie biblique. 

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

En 1931, en conséquence d'une profonde crise personnelle, ressentant sans doute aussi l'impossibilité de poursuivre ses recherches sur les textes bibliques et sur l'histoire des cultures environnantes dans les limites imposées par les exigences de l’exégèse et de la théologie catholiques, le P. Dhorme abandonne son poste à l’École Biblique, son ordre religieux et Jérusalem, et il rentre en France. Malgré son attachement à la foi chrétienne, il est excommunié par le pape Pie XI. Ayant repris son prénom, Édouard, il publie un ouvrage très bien accueilli, La poésie biblique, et trouve son premier emploi à Lyon, comme chargé de conférences en Histoire des Religions. En 1932 il entre à la Ve Section de l'EPHE à Paris, comme chargé d'un cours intitulé "Les Hébreux dans l'Orient sémitique", manifestant ainsi la nouvelle orientation, plus historique et laïque, de ses recherches. Il est élu en juin 1933 directeur d'études à la IVe Section de l'EPHE, à la chaire d'Hébreu et araméen, jadis occupée par Mayer Lambert. Il y enseignera pendant 18 ans, aussi après son élection au Collège de France, ses cours étant centrés sur la grammaire de l'hébreu biblique, ainsi que sur les commentaires et explications des textes. En 1937 il obtient un doctorat ès Lettres, à la Faculté des Lettres en Sorbonne, avec une thèse principale intitulée La Religion des Hébreux nomades, et une thèse complémentaire, La littérature assyrienne et babylonienne. En parallèle aux enseignements à l'EPHE, dans la période 1937-1945  il y donne des cours de langue et littérature hébraïques. Dès 1938, et jusqu'à 1945, il est président de l'Institut d'Études Sémitiques, alors rattaché à l'Université de Paris, où il continue à travailler comme professeur honoraire jusqu'à sa retraite, en 1951.

Parcours professionnel hors EPHE

Sa carrière ayant débuté à l'École Biblique de Jérusalem, où il est nommé professeur en 1904 et directeur en 1923, à son retour en France, en 1931, Édouard Dhorme est chargé de conférences en Histoire des Religions à Lyon. Entré en 1932 à la Section Ve de l'EPHE à Paris comme chargé de cours, il est élu déjà en 1933 directeur d'études à la IVe Section, à la chaire Hébreu et araméen. Après l'obtention d'un doctorat ès Lettres à la Sorbonne en 1937, il y enseigne la langue et la littérature hébraïques jusqu'en 1945, en parallèle avec les cours et conférences donnés à  l'EPHE. Il publie en 1945 le volume II de la collection Mana, Les religions de Babylonie et d'Assyrie, et la même année il est élu professeur au Collège de France, à la chaire de Philologie et Archéologie assyro-babyloniennes, où il enseignera jusqu'à sa retraite, en 1951. En 1948 il entre à l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres. Après un relatif échec de ses efforts pour déchiffrer des inscriptions pseudo-hiéroglyphiques trouvées à Byblos, pendant sa retraite Édouard Dhorme recentre ses intérêts sur la traduction et l'herméneutique de l'Ancien Testament, dont il fournit une nouvelle version, qu'il publie dans la Pléiade, en deux volumes, en 1956 et 1959. Édouard Dhorme a dirigé la Revue Biblique à Jérusalem entre 1923 et 1931. Il a partagé, à partir de 1935, la direction de la Revue d'Histoire des Religions avec R. Dussaud, et, à partir de 1944, celle de la Revue d'Assyriologie avec G. Contenau.

Domaines de recherches

Pendant sa formation comme spécialiste des textes et traditions bibliques à l’École du P. Lagrange à Jérusalem, Édouard Dhorme a acquis une très grande connaissance des langues sémitiques et des textes littéraires, mythologiques et religieux antiques dans la perspective de les exploiter pour approfondir et améliorer la lecture, l'analyse et l'interprétation des livres sacrés du christianisme. Son œuvre immense de spécialiste de la philologie sémitique et de l'hébreu, d'exégète et de traducteur de la Bible, montre que son engagement dans cette tâche pédagogique, offert loyalement à l’Église et à son Ordre, a été pour lui une priorité, morale et intellectuelle. Cela transparaît clairement non seulement dans ses enseignements au cours de sa carrière, mais aussi par la publication d'ouvrages comme Les livres de Samuel (1910), Le livre de Job (1926), La poésie biblique (1931) et d'une grande quantité d'articles. Après sa crise personnelle et professionnelle, autour de 1931, ces choix profonds refont enfin surface à la fin de sa carrière, lorsqu'il prend la responsabilité de la direction, et de la plus grande partie du travail, de la traduction de l'Ancien Testament, en deux volumes, pour la Pléiade (1956/1959). Son dernier livre est consacré à Saint Paul (1965). Toutefois, dès le départ, Édouard Dhorme, par son érudition et ses compétences de philologue et d'historien, aiguisées par les expériences d'archéologue, a bien relevé et compris l'autonomie et la richesse de la pensée et de la production littéraire cunéiforme assyro-babylonienne, qui ne pouvaient pas être réduites à un simple ancêtre pauvre, faire-valoir ou miroir déformant, de l'expérience religieuse des civilisations proche-orientales, aboutissant au monothéisme, puis au messianisme chrétien.  Masqué par ce souci comparatiste implicite et intrinsèque, son intérêt réel et aigu pour l'étude des textes mésopotamiens et des faits religieux est une évidence, dès le début de sa carrière. Des ouvrages comme Choix de textes religieux assyro-babyloniens (1907), La religion assyro-babylonienne (1910), devenue en 1945 Les religions de Babylonie et d'Assyrie, et la masse de ses travaux et articles philologiques, littéraires, d'histoire des religions, attestent de la double orientation de ses recherches, qui finira pour l'éloigner, de façon dramatique, de son identité de religieux et d'homme d’Église. La même transformation, à cette époque, a été partagée, peut-être de manière moins nette et extériorisée, par toute l'assyriologie, qui cherchait encore son autonomie et sa place parmi les sciences humaines et historiques. Sa maîtrise de la philologie sémitique, largement reconnue bien au delà du cercle des exégètes et sa connaissance de la culture mésopotamienne antique, ont permis à Édouard Dhorme d'être accueilli dans le milieu scientifique et académique français, qui a aussi reconnu le sens et la valeur de sa quête.  

Publications principales

- Choix de textes religieux assyro-babyloniens. Transcription, traduction et commentaire, Paris : Gabalda, 1907.

- La religion assyro-babylonienne. Conférences données à l'Institut Catholique de Paris, Paris : Gabalda, 1910.

- Études Bibliques. Les livres de Samuel, Paris : Gabalda, 1910.

- Le pays biblique et l'Assyrie, Paris : Lecoffre, 1911.

- L'emploi métaphorique des noms de parties du corps en hébreu et en akkadien, Paris : Gabalda, 1923.

- Études Bibliques. Le livre de Job. Introduction, traduction et commentaire, Paris : Gabalda,1926.

- Langues et écritures sémitiques, Paris : Paul Geuthner, 1930.

- La poésie biblique. Introduction à la poésie biblique et trente chants de circonstance, Paris : Grasset, 1931.

- La Religion des Hébreux nomades, Paris : Paul Geuthner, 1937.

- Les religions de Babylonie et d'Assyrie, Mana II, Paris : PUF, 1945.

- Ancien Testament, Paris : Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2 vol., 1956-1959.

- Saint Paul, Paris : Albin Michel, 1965.

Volumes d'hommage

A. Parrot, G. Dossin et J. Nougayrol (éd.), Recueil Édouard Dhorme, Études bibliques et orientales, Paris : Imprimerie Nationale, 1951, 815 p.

Auteur de la notice
Maria Grazia Masetti-Rouault
Mise à jour
 le 30 septembre 2018 - 10:11