Orphelin, il est adopté par une famille d'origine russe. Il vit en Russie de 1880 à 1889.
Marié deux fois. Il a quatre enfants avec Véra Liapounoff, sa seconde épouse.
Études secondaire dans une école allemande de Saint-Pétersbourg (Russie). Baccalauréat ès Sciences à Paris en 1889. Cours de mathématiques, physique et chimie des classes de mathématique spéciale puis à la Sorbonne (octobre 1889 à juillet 1893). Cours de Théodule Ribot au Collège de France à partir de 1892.
Victor Henri a soutenu deux thèses :
Le 5 juin 1897 : « Sur la localisation des sensations tactiles », thèse réalisée sous la direction du Pr Georg Elias Müller, à la Faculté de Philosophie de Göttingen (Allemagne).
Le 20 février 1903 : « Lois générales de l'action des diastases », thèse réalisée sous la direction d'Albert Dastre, à la Faculté des Sciences de Paris.
Il est récompensé par plusieurs prix : prix Monthyon et Philipaux en reconnaissance des travaux dont sa thèse est l'aboutissement.
1892-1894 : Élève-boursier du laboratoire de Psychologie physiologique de l'EPHE, dirigé par Henry Beaunis puis par Alfred Binet.
En 1898, après ses séjours dans des laboratoires en Allemagne, Victor Henri revient brièvement dans le laboratoire de Binet avant d'intégrer le laboratoire de Physiologie de l'EPHE, dirigé par Albert Dastre.
1900-1907 : Préparateur au Laboratoire de Physiologie de l'EPHE.
1907-1913 : Maître de Conférences au Laboratoire de Physiologie de l'EPHE
1913-1915 : Directeur-adjoint du Laboratoire de Physiologie de l'EPHE
1894-1897 : il effectue un séjour à Leipzig (1894-1896) chez Wilhem Wundt, au laboratoire de Psychologie physiologique puis un séjour à Göttingen chez Georg Elias Müller (1896-1897).
1914 : Rattaché au service chimique de la guerre à Paris.
1915 : Chargé de mission en Russie, Secrétaire scientifique de la section de Moscou pour l’Académie des Sciences de Russie.
1917 : Professeur de Chimie physique, Université Choniawsky de Moscou (Russie).
1920-1930 : Professeur de Chimie physique, Université de Zurich (Suisse).
1930-1931 : Directeur du projet de pétroléochimie à Berre-l'Étang en France.
1931-1939 : Professeur de Chimie physique à la Faculté des Sciences de l'Université de Liège (Belgique).
Secrétaire de rédaction de L'Année Psychologique (1897-1901).
Directeur du Journal de Chimie Physique et de Physico-Chimie biologique (1938-1940).
Il est exceptionnel qu’un chercheur apporte des contributions importantes dans deux disciplines aussi différentes que la Psychologie et la Biochimie. C’est pourtant ce que fait Victor Henri.
Dans la première partie de sa carrière, Victor Henri travaille d’abord sur la localisation des sensations tactiles, à Paris, puis à Liepzig avec Wundt, et enfin à Göttingen, chez Müller, ce qui lui permet de soutenir sa première thèse. Ensuite, il s’intéresse à la psychologie individuelle et, avec Alfred Binet, travaille sur la mémoire, la suggestibilité et la parole, ce qui va conduire à la mise au point des premiers tests psychologiques.
Toujours avec Binet, Victor Henri montre que le travail intellectuel entraîne des modifications de certaines fonctions physiologiques. Ces constatations l'amènent à s’intéresser aux mécanismes enzymatiques, dans le laboratoire de Physiologie de l’EPHE. Il définit ainsi une loi qui régit les équilibres entre le substrat et l’enzyme. Cette loi de Henri est essentielle pour la compréhension de nombreux mécanismes biochimiques. Douze ans plus tard, Michaelis et Menten reformuleront cette loi, qui sera désormais connue sous le nom d’équation de Michaelis-Menten.
Victor Henri aborde ensuite d’autres thèmes, comme par exemple l’étude des radiations ultra-violettes sur les êtres vivants. Ses recherches sur les spectres d’absorption des biomolécules le conduisent à proposer qu’il existe un état de « prédissociation » avant toute réaction chimique, état qui peut être réversible si la molécule n’en rencontre pas d’autres.
Articles
Henri, V. « Recherches sur la localisation des sensations tactiles », Archives de Physiologie Normales et Pathologiques (1893) 5, 619-627.
Binet, A., et Henri, V., « La psychologie individuelle », L’Année Psychologique (1896) 2, 411-465
Henri, V., « Le calcul des probabilités en psychologie », L’Année Psychologique (1896) 2, 466-500
Henri, V., « Influence du travail intellectuel sur les échanges nutritifs », L’Année Psychologique (1897) 5, 178-189
Henri, V. et Henri, C., « Enquête sur les premiers souvenirs de l’enfance », L’Année Psychologique (1897) 3, 184-198
Henri, V., « Loi d’action de la sucrase », Journal de Physiologie et de Pathologie Générale (1901) 3, 875-886
Henri, V. « Théorie générale de l’action de quelques diastases », C. R. Acad. Sci. Paris (1902) 135, 916-919
Henri, V. et Mayer, A., « Action des radiations du radium sur les globules rouges. Modifications des échanges osmotiques », Comptes Rendus Hebdomadaires des Séances et Mémoires de la Société de Biologie (1903) 55, 1414-1416
Henri, V. Lalou, S., Mayer, A. et Stodel, C., « Étude générale des propriétés des solutions colloïdales », Comptes Rendus Hebdomadaires des Séances et Mémoires de la Société de Biologie (1903) 55, 1613-1615
Henri, V. et Ranc., A. Actions des rayons ultra-violets sur la glycérine. C. R. Acad. Sci. Paris (1912) 154, 1261-1262
Henri, V. and Teves, M.C., Absorption Spectrum and Constitution of Sulfur Vapour. Predissociation of Molecules. Nature (1924) 114, 894-895
Errera, J. et Henri, V., « Propriétés optiques des isomères éthyléniques », C. R. Acad. Sci. Paris (1925) 181, 548-550
Henri, V., « Dissociation Energy of Oxygen Determined from the Pre-Dissociation of Sulphur Dioxide », Nature (1930) 125, 275
Henri, V. et Duchesne, J., « Ultra-Violet Spectrum of Thiophosgene », Nature (1939), 143, 28-29
Livres
Henri, V., Matière et énergie : physique moléculaire, Paris : Hermann et Cie, 1933, 436 p.
Henri, V., Spectres moléculaires. Structures des molécules, Paris : Hermann et Cie ed , Paris, 1937, 150+12 p.
Au début de la guerre, en septembre 1939, il quitte l’Université de Liège pour rejoindre la France, le Centre National de la Recherche Scientifique Appliquée, et Paul Langevin, qui y dirige le laboratoire de Physique.
Von Halban, H., « Victor Henri 1872-1940 », Vierteljahrsschrift (1941) 86/3-4, 307-320.
Lefort, M., « La cinétique chimique dans l’œuvre de V. Henri », Journal de Chimie Physique (1953), 50, 604-610.
Wurmser, R., « La théorie des enzymes », Journal de Chimie Physique (1953), 50, 611-612.
Terroine, E., « Souvenir de Victor Henri », Journal de Chimie Physique (1953), 50, 613-616.
Nicolas S., « Qui était Victor Henri (1972-1940) ? », L’Année psychologique 94 (1994), p. 385-402.https://doi.org/10.3406/psy.1994 28772