Marcelle Lalou

Succédant à Jacques Bacot à la chaire d’Histoire et philologie tibétaines en 1938, Marcelle Lalou est l’une des premières femmes à occuper un poste de directeur d’études à l’EPHE. Passionnée par la peinture et le dessin, ses premières publications ainsi que son travail de mémoire de 1927 (Iconographie des étoffes peintes (Pata) dans le Mañjuśrīmūlakalpa), relient ses intérêts principaux : la philologie et l’histoire de l’art. Par la suite, Ses recherches et séminaires, reflétant une formation d’orientaliste très complète, touchent à un large éventail de sujets : outre un nombre conséquent d’articles sur l’art tibétain et indien, elle mène des recherches sur la philologie tibétaine, sur les religions (sur le Bouddhisme indien et tibétain ainsi que la religion tibétaine Bon), mais également sur l’histoire ancienne du Tibet ainsi que sur la langue tibétaine ancienne et classique. Appréciée par ses collègues à la fois pour son savoir et sa générosité, Marcelle Lalou tisse des collaborations de longue durée : dès 1928 jusqu’à 1958, avec Jean Przyluski, elle dirige la publication des fascicules de la Bibliographie Bouddhique ; avec Jacques Bacot dès les années 1920 et puis toute seule à partir des années 1930, elle entreprend le catalogage des manuscrits tibétains acquis par Paul Pelliot à Dunhuang en 1908. Son travail en tant que rattachée au Cabinet des Manuscrits à la Bibliothèque nationale, sans qu’elle y perçoive un traitement, l’occupe pendant près de trente ans : elle s’attelle à la tâche de nettoyage, tri, recomposition de fragments de manuscrits, analyse et catalogage de quelque 4000 manuscrits tibétains. Son travail aboutit à la publication de l’Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-houang conservés à la bibliothèque nationale (Fonds Pelliot tibétain), en trois volumes. Ces manuscrits tibétains sont également l’un des thèmes des séminaires de Marcelle Lalou à l’EPHE. Ceci concerne la deuxième heure de ses séminaires lors desquels elle met à l’œuvre ses connaissances en comparant les textes dans leur version tibétaine et sanskrite – quand cette dernière est disponible. Parmi les sujets de ses séminaires, figure également le résultat de ses recherches sur les tantras, en particulier les kriyātantra. Parallèlement à ses séminaires et son travail à la Bibliothèque nationale, elle prend en charge la direction et la gestion du Journal Asiatique dès 1950 et ce jusqu’en 1967. Marcelle Lalou, en dépit de plusieurs problèmes de santé qui l’accablent, ne prend sa retraite de l’EPHE qu’à l’âge de 73 ans, en 1963. Le travail scientifique de Marcelle Lalou est récompensé, en 1932, par le prix Kreglinger décerné par l’Université Libre de Bruxelles ; en 1935, le prix Brunel lui est octroyé par l’Institut de France ; en 1955, le prix Gilles lui est attribué par l’Académie des Inscriptions. Marcelle Lalou est également reçue, en 1963, dans l'Ordre de la Légion d’honneur, au grade de Chevalier.