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Marcelle Lalou par Andrée Karpèles
Nom Lalou
Prénoms Marcelle, Juliette, Louise
Naissance Bellevue-Meudon (France)  (24 août 1890)
Décès Paris (France) (15 décembre 1967)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Statuts et fonctions
Directrice d'études
Chargée de conférences
Direction d'études
Histoire et philologie tibétaines (novembre 1938 à septembre 1963)
Date charge de conférences
novembre 1931
Distinctions
Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1963)
Prix Kreglinger de l’Université Libre de Bruxelles (1932)
Prix Brunel de l’Institut de France (1935)
Prix Giles de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres (1955)
Origines familiales

Issue d’une famille de la haute bourgeoisie parisienne, Marcelle Lalou est fille unique de Marie Prévost et de Georges Lalou, avocat et président du Conseil municipal de Paris. Son père est passionné d’histoire et membre de la Société historique du VIe arrondissement dès 1912.

 

Études et formations

Dès 1908, Marcelle Lalou suit des cours d’histoire et d’histoire de l’art à la Sorbonne mais ne termine pas ses études, peut-être à cause du déclenchement du premier conflit mondial. Vers 1916, elle commence à suivre les séminaires de langue et culture tibétaines de Jacques Bacot et ceux de littérature et philologie bouddhiques de Jean Przyluski à l’EPHE ; elle suit également les enseignements de Sylvain Lévi et Paul Pelliot au Collège de France.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Chargée de cours dès novembre 1931, Marcelle Lalou devient Directeur d’études pour la chaire Histoire et philologie tibétaines en novembre 1938 ; elle reste en poste jusqu’à sa retraite en septembre 1963.

Parcours professionnel hors EPHE

De 1928 à 1958, avec Jean Przyluski, Marcelle Lalou assure le secrétariat, la direction de la rédaction et la publication des trente-deux fascicules de la Bibliographie Bouddhique. À partir des années 1930 jusqu’en 1961, elle travaille au tri, à l’analyse et au catalogage des manuscrits tibétains de Dunhuang déposés à la Bibliothèque nationale de France. De 1950 à 1967, elle est en charge de la rédaction et la gestion du Journal Asiatique

Domaines de recherches

Succédant à Jacques Bacot à la chaire d’Histoire et philologie tibétaines en 1938, Marcelle Lalou est l’une des premières femmes à occuper un poste de directeur d’études à l’EPHE. Passionnée par la peinture et le dessin, ses premières publications ainsi que son travail de mémoire de 1927 (Iconographie des étoffes peintes (Pata) dans le Mañjuśrīmūlakalpa), relient ses intérêts principaux : la philologie et l’histoire de l’art. Par la suite, Ses recherches et séminaires, reflétant une formation d’orientaliste très complète, touchent à un large éventail de sujets : outre un nombre conséquent d’articles sur l’art tibétain et indien, elle mène des recherches sur la philologie tibétaine, sur les religions (sur le Bouddhisme indien et tibétain ainsi que la religion tibétaine Bon), mais également sur l’histoire ancienne du Tibet ainsi que sur la langue tibétaine ancienne et classique. Appréciée par ses collègues à la fois pour son savoir et sa générosité, Marcelle Lalou tisse des collaborations de longue durée : dès 1928 jusqu’à 1958, avec Jean Przyluski, elle dirige la publication des fascicules de la Bibliographie Bouddhique ; avec Jacques Bacot dès les années 1920 et puis toute seule à partir des années 1930, elle entreprend le catalogage des manuscrits tibétains acquis par Paul Pelliot à Dunhuang en 1908. Son travail en tant que rattachée au Cabinet des Manuscrits à la Bibliothèque nationale, sans qu’elle y perçoive un traitement, l’occupe pendant près de trente ans : elle s’attelle à la tâche de nettoyage, tri, recomposition de fragments de manuscrits, analyse et catalogage de quelque 4000 manuscrits tibétains. Son travail aboutit à la publication de l’Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-houang conservés à la bibliothèque nationale (Fonds Pelliot tibétain), en trois volumes. Ces manuscrits tibétains sont également l’un des thèmes des séminaires de Marcelle Lalou à l’EPHE. Ceci concerne la deuxième heure de ses séminaires lors desquels elle met à l’œuvre ses connaissances en comparant les textes dans leur version tibétaine et sanskrite – quand cette dernière est disponible. Parmi les sujets de ses séminaires, figure également le résultat de ses recherches sur les tantras, en particulier les kriyātantra. Parallèlement à ses séminaires et son travail à la Bibliothèque nationale, elle prend en charge la direction et la gestion du Journal Asiatique dès 1950 et ce jusqu’en 1967. Marcelle Lalou, en dépit de plusieurs problèmes de santé qui l’accablent, ne prend sa retraite de l’EPHE qu’à l’âge de 73 ans, en 1963. Le travail scientifique de Marcelle Lalou est récompensé, en 1932, par le prix Kreglinger décerné par l’Université Libre de Bruxelles ; en 1935, le prix Brunel lui est octroyé par l’Institut de France ; en 1955, le prix Gilles lui est attribué par l’Académie des Inscriptions. Marcelle Lalou est également reçue, en 1963, dans l'Ordre de la Légion d’honneur, au grade de Chevalier.

 

Publications principales

– Iconographie des étoffes peintes (Pata) dans le Mañjuśrīmūlakalpa, Paris : Paul Geuthner, 1930, 116 p.

– Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-houang conservés à la bibliothèque nationale (Fonds Pelliot tibétain), 3 vol., Paris : Adrien Maisonneuve, 1939-1961, 186 p., 97 p., 220 p.

– Manuel élémentaire de tibétain classique (méthode empirique). Paris : Adrien Maisonneuve, 1950, 111p.

– Les religions du Tibet, Paris : PUF, 1957, 101 p.

– « Trois récits du Dulva reconnus à Ajantā », Journal Asiatique 215 (1925), p. 333-337.

– « La version tibétaine des Prajñāpāramitā », Journal Asiatique 221 (1929), p. 87-102.

– « Mañjuśrīmūlakalpa et Tārāmūlakalpa », Harvard Journal of Asiatic Studies 1.3/4 (1936), p. 327-349.

– « L'histoire de Rāma en Tibétain », Journal asiatique 228 (1936), p. 560-562.

– « Document tibétain sur l’expansion du dhyāna chinois », Journal asiatique 231 (1939), p. 505-523.

– « Tun-huang Tibetan documents on a Dharmadāna », The Indian Historical Quartely 16 (1940), p. 292-298.

– « Les chemins du mort dans les croyances de Haute-Asie », Revue de l'histoire des religions, janvier-mars 1949, p. 42-48.

– « Rituel bon-po des funérailles royales », Journal Asiatique 240 (1952), p. 339-361.

– « Les textes bouddhiques au temps du roi Khri-sroṅ lde-bcan : contribution à la bibliographie du Kanjur et du Tanjur », Journal asiatique 241 (1953), p. 313-353.

– « Les manuscrits tibétains des grandes Prajñāpāramitā trouvés à Touen-houang », Silver Jubilee volume of the Zinbun Kagaku-Kenkyuso I (1954), p. 257-261.

– « Revendications des fonctionnaires du grand Tibet au VIIIe siècle », Journal asiatique 243 (1955), p. 1956, 171-212.

– « Four notes on Vajrapāni », The Adyar Library Bulletin, XX, 3-4 (1956), p. 287-293.

– « Fiefs, poisons et guérisseurs », Journal asiatique 246 (1958), p. 157-201.

– « Sūtra du bodhisattva "Roi de la Loi" », Journal Asiatique 249 (1961), p. 321-332.

– « Notes d'onomastique ‘A-ža », dans Acta Orientalia Hungaricae XV, 1-3 (1962), p. 207-209.

– « Manuscrits tibétains de la Śatasāhasrikāprajñāpāramitā cachés à Touen-houang », Journal Asiatique 252 (1964), p. 479-486.

– « Catalogue des principautés du Tibet ancien », Journal asiatique 253 (1965), p. 189-215.

– « Chine et Tibet aux VIIe, VIIIe, IXe siècles », Journal des savants, oct.-déc. 1965, p. 636-644.

– « Jacques Bacot (1877–1965) », École pratique des Hautes Études. IVe section, Annuaire 1967-1968, 1968, p. 47-54.

Engagements

Pendant la guerre de 1914-1918, Marcelle Lalou est infirmière dans un hôpital parisien. Son engagement lui vaut la Médaille de la Reconnaissance Française et la Médaille d'Honneur des Epidémies.

 

Volumes d'hommage

Ariane Macdonald (et alii), Études tibétaines dédiées à la mémoire de Marcelle Lalou, Paris : Adrien Maisonneuve, 1971, 571 p.

Publications au sujet de la personne

Róna-Tas, András, « Marcelle Lalou (1890-1967) », Acta Orientalia Academiae Scientiarum Hungaricae, vol. 21, n° 3 (1968), p. 381-383.

Jean Filliozat, « L’œuvre de Marcelle Lalou (1890-1967) », Journal Asiatique 257, 1-2 (1969), p. 1-10.

Ariane Macdonald, « Marcelle Lalou (1890-1967) », École Pratique des Hautes Etudes. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1968-1969, (1969), p. 51-60.

Rolf A. Stein, « Marcelle Lalou (1890-1967) », T’oung Pao, Second Series, 55, 1/3 (1969), p. 138-140.

Emanuela Garatti, « Marcelle Lalou. Une tibétologue à Paris », Revue de la BnF 55 (2017), p. 174-183.

Auteur de la notice
Emanuela Garatti
Mise à jour
 le 09 décembre 2018 - 08:03