Ludwik Stomma

Ludwik Stomma a profondément renouvelé l’étude des cultures slaves, longtemps restée tributaire de travaux folkloriques sans ambition comparatiste ni souci de saisir et de restituer les logiques sous-tendant les pratiques des peuples ou plutôt du peuple – les masses paysannes – vivant en Europe centrale et orientale. Etudiant puis professeur à l’Université de Varsovie entre 1968 et 1978, avant d’entrer à l’Académie des Sciences de Pologne, Ludwik Stomma a également enseigné à l’Université Jagielonski de Cracovie et à l’Université Nikolaj Copernic de Torun. Dans la même période, il a intégré la Section des Sciences religieuses de l’EPHE, d'abord en tant que Directeur d'études associé (1978-1991), puis en tant que Directeur d'études (1992-2018). En 1981, il a d'ailleurs définitivement quitté son pays natal, au moment où la répression visait les intellectuels proches du mouvement de Solidarnosc.

Ludwik Stomma a dispensé des enseignements sur les thèmes aussi variés que la foi, les stéréotypes nationaux, la guerre et l’imaginaire politique ou encore le folklore urbain. Auteur de 14 ouvrages dont quatre pour des publics académiques – à commencer par son grand classique sur la religiosité paysanne polonaise du XIXe siècle (« Antropologie kultury wsi polskiej ») –, il a mené ses premières enquêtes de terrain dans la région de Chelm, situé près de la frontière ukrainienne, s’intéressant aux savoirs astronomiques des paysans d’avant-guerre et d’après-guerre, avant de se spécialiser dans le domaine de l’anthropologie historique. Il lui revient le mérite d’avoir tourné le regard des générations d’ethnologues qui l’ont suivi non vers les contrées lointaines, mais vers les cultures « traditionnelles » rurales européennes, dont ce Lévi-Strauss polonais a signé les premières analyses véritablement anthropologiques et auxquelles il a appliqué un appareil conceptuel d’inspiration structuraliste.